Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe de Madame Galina Nikolaevna Nikolaev, publié le 25 octobre 2018 sur le site Proza.ru. L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem est fêtée le 12/25 octobre.
Parmi les icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, l’icône de Jérusalem est l’une des plus connues et vénérées, devant laquelle des chrétiens du monde entier prient et demandent de l’aide. De nombreux miracles furent accomplis par la grâce que porte cette icône, au cours de toute l’histoire du Christianisme. Elle protégea et préserva des gens, guérit des villes entières, et chassa diverses épidémies.
L’icône de Jérusalem est la première des saintes icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, peinte de son vivant par le Saint Apôtre Luc. Cet événement est lieu en Terre Sainte, à Gethsémani, la quinzième année après l’Ascension de notre Sauveur au Ciel (48 après J.C.). L’icône était destinée à la communauté de Jérusalem. Selon certains témoignages, c’est cette image, qui se trouvait autrefois dans l’église de la Résurrection du Christ à Jérusalem, qui est devenue cette icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu, à partir de laquelle une voix s’adressa à Sainte Marie d’Égypte, et la détourna du chemin du péché.En 463, sous l’Empereur Léon le Grand (457-474), l’icône de Jérusalem fut transférée à Constantinople et placée dans l’église de la Très Sainte Mère de Dieu, appelé «Pigi», c’est-à-dire la «Source». Sous l’Empereur Héraklios (575-641), la ville fut assiégée par les Scythes, elle ne fut pas prise uniquement grâce à la prière populaire devant cette icône. En souvenir de ce miracle, l’icône fut transférée dans l’une des principales églises de Constantinople, l’église des Blachernes, où elle demeura pendant près de trois siècles.
En 988, l’icône de Jérusalem a été transférée à Chersonèse et offerte en cadeau par l’Empereur Léon VI le Philosophe au Grand-Prince Vladimir, baptisé dans cette ville. À son tour, le Saint-Prince Vladimir ne conserva pas longtemps l’icône miraculeuse dans sa Principauté de Kiev. Lorsque, à la suite de Kiev, le Saint Baptême et la conversion au christianisme furent adoptés par les habitants de Novgorod, le Prince leur envoya cette icône comme guide. En effet, «Odigitria» signifie «guide». Pendant plus de quatre cents ans, cette icône de la Très Sainte Mère de Dieu resta dans la cathédrale Sainte-Sophie de Veliki-Novgorod. La vénération dont elle fut alors l’objet fonda l’amour particulier pour cette icône de Jérusalem dans de nombreuses villes et villages du Nord russe.
En 1571, le Tsar Ivan IV transféra l’icône à la Cathédrale de la Dormiton de Moscou. L’icône y fut déposée auprès des autres trésors sacrés qui avaient protégés les anciennes principautés. Entourée d’une vénération universelle, l’icône demeura au Kremlin jusqu’en 1812. Selon certaines informations, ce saint trésor aurait été volé par les français qui prirent Moscou en 1812 et qui pillèrent et profanèrent les cathédrales et les églises du Kremlin. Selon d’autres informations, elle serait conservée au Vatican. Mais il n’existe pas de preuves solides ni de la première, ni de la deuxième version. Maintenant, au Kremlin de Moscou, dans la cathédrale de la Dormition, derrière la trône patriarcal se trouve une antique copie de l’icône de Jérusalem, qui y a été amenée d’une autre église du Kremlin, celle de la Nativité de la Très Saint Mère de Dieu, «na seniakh».
Les copies miraculeuses de l’icône.
Après 1812, il restait, pour la consolation des Moscovites, deux copies fidèles de l’icône de la Très sainte Mère de Dieu de Jérusalem.
La première, comme indiqué ci-dessus, fut apportée de l’église de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu «na seniakh», située à l’intérieur de la résidence des tsars de Moscou, et placée derrière la trône patriarcal dans l’autel de la cathédrale de la Dormition. Aux marges de cette copie, ont été représentés les saints Apôtres Paul, Pierre, Luc, Simon, Philippe, Matthieu, Marc, Jacques, Thomas et Barthélemy, ainsi que des saints martyrs Procope, Dimitri, Georges et Mercure.
La deuxième copie miraculeuse de l’icône de Jérusalem se trouve dans l’église de la Nativité du Christ à Izmaïlovo, qui n’a jamais été fermée. L’icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem, peinte en 1649 dans la salle d’armes du Kremlin sous le Tsar Alexeï Mikhaïlovitch Romanov pour l’église du domaine impérial, dédicacée au Saint Tsarévitch Joasaph l’Indien.Elle y fut apportée de la Cathédrale de la Dormition, voisine du domaine Royal sur l’île Serebryano-Vinogradski. Comme s’ils pressentaient que la capitale perdrait l’original de l’icône miraculeuse, les souverains de Moscou ordonnèrent d’en peindre de copies afin de les placer dans leurs églises domestiques.
L’icône de Jérusalem est de grande taille et donc lourde. Pendant les processions, elle est portée avec difficulté par huit hommes. Sur les côtés de son kiot sont également représentés les apôtres et les trois martyrs. Contrairement à d’autres copies, sur celle d’Izmailovo, les doigts de la main bénissante du Sauveur forment le monogramme ICXC. En plus des guérisons lors de la peste de 1771, cette icône aida à arrêter, un siècle plus tard, l’épidémie de choléra qui s’approchait de Moscou par le Sud. Les habitants des villages situés sur le territoire de l’actuelle région Sud demandèrent de leur envoyer l’icône miraculeuse pour effectuer des prières publiques devant elle. Ce fut fait le 15 septembre 1866. Après ces prières devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem et les processions avec elle à Kolomenskoye, Diakov, Saburov et d’autres villages, personne ne mourut du choléra.
L’importance de la vénération de cette icône miraculeuse était telle que, pendant les processions avec elle et les prières publiques devant elle, les tavernes et les établissements de boisson étaient fermés et il était strictement interdit de travailler dans les villages. L’icône demeura dans l’église du Pokrov jusqu’en 1932, fermée depuis cinq ans, elle fut détruite. Seules quelques icônes furent conservées. Parmi elles, il y avait celle de Jérusalem. Elle fut transféré à l’église de la Nativité du Christ à Izmailovo. Après la restauration de la cathédrale de la Dormition, l’icône fut ramenée à son lieu d’origine, où, toute noircie, elle se renouvela rapidement et miraculeusement. Dans les années précédentes, depuis Pâques jusqu’au douze octobre, cette icône avait été portée en procession dans tout le District de Moscou. Le 12/25 octobre a lieu la fête de l’icône de Jérusalem. Aujourd’hui, dans l’église d’Izmailovo, l’acathiste à l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem est prié chaque dimanche.
Dans la ville de Bronnitsy (diocèse de Moscou) se trouve une église construite en 1840 et dédiée à l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu Jérusalem. On y conserve encore une copie fidèle de l’icône miraculeuse de la Cathédrale de la Dormition de Moscou. On croit que la copie de Bronnitsy a été réalisée au XVIe siècle et jusqu’à 1771, elle ne se trouvait pas dans l’église, mais dans la chapelle du cimetière. En 1771, l’icône est devenue célèbre pour la guérison de patients atteints de la peste et fut alors transférée dans l’église. En mémoire des miracles, les habitants de Bronnitsy ont décidé chaque année de faire le dixième dimanche après Pâques, une procession avec l’icône, autour de la ville. De nombreuses guérisons miraculeuses eurent lieu dans les années du choléra, 1848 et 1864. En 1866, le choléra apparut aussi à Podolsk. Pris par la peur, les habitants de Podolsk s’adressèrent au Métropolite Philarète de Moscou et lui demandèrent de leur envoyer la célèbre icône miraculeuse de Moscou, celle de la Très Sainte Mère de Dieu d’Iviron. Cependant, à cette époque, le choléra sévissait à Moscou également, et des molebens étaient presque continuellement célébrés devant cette icône, qui était aussi transportée en procession dans la ville.
Le Seigneur de Moscou bénit d’envoyer non pas l’icône d’Iviron, mais celle de Jérusalem, connue pour ses miracles de Bronnitsy. Le douze août, une énorme icône revêtue d’un oklad d’argent de deux pouds fut apportée à Podolsk. Des milliers de personnes vinrent à sa rencontre. Et le miracle survint. Ce jour-là, non seulement il n’y eut pas de morts dans la ville, mais personne même ne tomba malade. Le choléra déclina fortement et rapidement, il s’arrêta. En mémoire de cela, les Podolskiens reconnaissants commencèrent à faire chaque année le douze août, une procession de Bronnitsy à Podolsk avec l’icône miraculeuse. Ils en peignirent une copie fidèle, et la nouvelle icône fut placée dans l’église de la Trinité de Podolsk. La procession annuelle du quarante kilomètres avec l’icône de Jérusalem est devenue l’un des événements majeurs de la vie de l’Église de Podolsk.
Une autre copie locale de l’icône de Jérusalem se trouvait dans la chapelle de Jérusalem de l’église de la Trinité «de Vichniakhov», à Moscou, mais ses traces ont été perdues. Tel est aussi le sort de la copie miraculeuse de l’icône de Jérusalem du Désert de la Trinité du Lac de Kryve, situé juste en face de la ville de Iourievets, près de l’embouchure de la rivière Ounja (aujourd’hui la région d’Ivanovo). Ce monastère est depuis longtemps recouvert par les eaux du réservoir Gorki. La copie du Lac de Kryve fut peinte en 1709 par un moine nommé Corneille, connu avant sa tonsure sous le nom de Kirill Oulanov, iconographe du Tsar. Cette copie fut glorifiée par de nombreux miracles.
Sur le Mont Athos, dans le Monastère Saint Panteleimon (le «Russikon»), au-dessus des portes royales de l’église du Pokrov, il y a aussi une icône vénérée de la Mère de Dieu de Jérusalem. Cette icône est une copie exacte de l’icône de Jérusalem. Elle fut peinte en 1825 par Nikon, hiéromoine du Désert Saint Nil de la Sora. (A suivre)
«Réjouis-Toi, notre Joie! Délivre-nous de tout besoin et de toute tristesse!»
Traduit du russe