Le texte ci-dessous est la troisième partie de la traduction de l’original russe intitulé : Новый Завет в апостольское время. La première édition imprimée: de ce texte en russe fut l’article Le Nouveau Testament à l’époque apostolique, dans la revue Le Chrétien, Sergiev Posad, 1916, N ° 1. Il était signé: Archimandrite Hilarion. L’auteur se concentre sur les Saintes Écritures en tant que manifestation de la vie sainte de l’Église. Dans cet article, l’Archimandrite Hilarion affermit sa compréhension théologique de la place des Saintes Écritures dans l’Église du Christ par des témoignages historiques. S’appuyant sur les sources premières du siècle apostolique, l’Archimandrite Hilarion étudia ainsi la place des livres du Nouveau Testament dans l’Église chrétienne, inclus au IVe siècle par l’autorité ecclésiastique dans le Canon des Saintes Écritures.
Chaque disciple surveille toujours ce que son maître préféré écrit, se familiarise avec ses écritures, les recueille et les conserve avec soin. Nous avons le droit de supposer qu’il en fut ainsi pour Timothée. Il n’y a rien d’incongru dans l’hypothèse que Timothée conserva pour lui-même des copies des épîtres écrites en sa présence et dans lesquelles son nom était mentionné. L’Apôtre Paul en compte neuf. À ce nombre, il faut ajouter deux autres épîtres pastorales de Paul, adressées à Timothée lui-même. À Éphèse, on conserva évidemment l’Épître de Saint Paul adressée aux Éphésiens eux-mêmes, et elle était certainement connue de Timothée, en sa qualité de Primat de l’Église d’Éphèse. L’Épître aux Galates pourrait aussi avoir été connue à Éphèse. Après tout, elle fut écrite à l’une des Églises voisines d’Éphèse, et comme existait la pratique de l’échange mutuel des épîtres entre les Églises, elle ne pouvait être inconnue à Éphèse, ce centre de toute la vie d’Asie Mineure. Il reste l’Épître à Tite. Mais dans son contenu, elle est très proche de la première Épître à Timothée et contient des instructions très importantes pour Timothée sur ce qu’il faut faire dans la maison de Dieu. Étant lui-même dans une position semblable à celle de Tite, Timothée ne pouvait ne pas s’intéresser aux instructions que l’Apôtre Paul avait adressées à Tite. Ainsi, il est très probable, sinon certain, que Timothée, à l’époque où il était à la tête de l’Église d’Éphèse, avait une collection complète des épîtres de l’Apôtre Paul, qui servit de source d’édification non seulement à Timothée, mais à toute l’Église d’Éphèse.
Mais Timothée n’était pas le seul compagnon et collaborateur de l’Apôtre Paul. Autour de celui-ci, il y avait un cercle étroitement uni de ses disciples et collaborateurs les plus proches. Sans aucun doute, les membres de ce cercle étaient non seulement proches les uns des autres, mais ils étaient également liés par cette grande amitié qui unit des gens dévoués désintéressés à une grande et sainte cause. Les collaborateurs de l’Apôtre Paul n’étaient pas des gens sans instruction. Lui-même avait étudié auprès du célèbre Gamaliel (Actes22;3). Il est particulièrement important pour nous que dans ce cercle particulier de gens unis autour de l’Apôtre Paul, il y ait deux autres écrivains de livres du Nouveau Testament, car dès lors une grande partie du Nouveau Testament est sortie de ce cercle particulier de prédicateurs. Auprès de l’Apôtre Paul se trouvait Luc, son collaborateur et «médecin bien-aimé»(Col.4;14). Peut-être profita-t-il de l’expertise de celui-ci en matière médicale. Il lui était dévoué au point qu’il fut le seul à demeurer à ses côtés quand d’autres, tels Démas, Crescent et Tite, le quittèrent, certains par «amour du siècle»(2Tim.4;10).
C’est à Luc que l’on doit deux des livres les plus importants par leur taille parmi ceux du Nouveau Testament : son Évangile, et les Actes des Apôtres. Ce sont comme les deux parties d’un unique récit historique, adressé au puissant Théophile. L’antiquité chrétienne a toujours vu dans l’Évangile de Luc une prédication de l’Apôtre Paul, et considéré les livres écrits par Luc, comme s’appuyant sur l’autorité de l’apôtre des gentils. Quand on parlait de l’Évangile de Luc, on mentionnait toujours qu’il était le compagnon inséparable de Paul, qui, dans les Actes des Apôtres, à partir du verset 10 du chapitre 16, mène le récit à la première personne du pluriel (nous). C’est comme si on eût attribué le troisième Évangile et les Actes des Apôtres à l’apôtre Paul lui-même (Tertull. Adv. Marc. IV, 5: «Lucae digestum Paulo adscribere solent»), car ils furent approuvés par Paul et écrits pour ceux qui ont cru parmi les gentils (Orig. ap. Eusebius. Historia ecclesiastica. VI, 25, 6.). Dans les paroles de l’Apôtre Paul: «…d’après l’Évangile que je prêche…» (2Tim.2;8. κατὰ τὸ εὐαγγέλιόν μου) on voit une mention de l’Évangile de Luc (Orig. ap. Eusebius. Historia ecclesiastica. III,4,7). Si tout cela est pris en compte, on ne peut s’empêcher de supposer que les écritures de Luc devaient être entre les mains de Timothée: elles lui étaient chères non seulement en tant qu’œuvres d’un collaborateur uni à lui par les liens de l’amitié spirituelle personnelle, de la dévotion et de l’amour pour leur maître et apôtre commun, mais aussi en tant que monuments de la vie et de l’activité évangélisatrice de son père spirituel, qui changea radicalement toute sa vie et l’orienta en un nouveau chemin. En plus de Luc dans le cercle des collaborateurs de Paul, nous voyons aussi un autre écrivain du Nouveau Testament : Marc (Actes.12;12, Col.4;10, Philm.1;24). Et cet écrivain du Nouveau Testament entretenait une relation personnelle suivie avec Timothée. L’Apôtre Paul écrit à Timothée: «Prends Marc et amène-le avec toi, car il m’est d’un grand secours pour le ministère» (2Tim.4;11). Il s’avère ainsi que Marc séjourna un certain temps avec Timothée à Éphèse, où sans aucun doute il noua un lien spirituel avec toute l’Église d’Éphèse. Dans cette relation de Marc avec l’Église d’Éphèse et son Primat, bien sûr, l’Évangile qu’il avait rédigé devait sans tarder être joint à la collection de livres saints du Nouveau Testament qui y était constituée sous la direction de Timothée. Mais Marc et Sylvain accompagnèrent pendant un certain temps l’Apôtre Pierre. Du temps de la persécution des Chrétiens par Hérode Agrippa I à Jérusalem, l’Apôtre Pierre était un hôte toujours attendu dans la maison de la mère de Marc (Actes 12;12). Pierre appelle Marc «mon fils»(1P.5;13), dans les salutations par lesquelles se termine sa première Épître. Et cette même épître, l’Apôtre Pierre la fit écrire par Sylvain, avec lequel Timothée travailla à Corinthe (2Cor.1;19). Il est clair que, de nouveau, ce livre du Nouveau Testament est étroitement lié à Timothée. Cependant, indépendamment des relations personnelles, cette épître devait se trouver à Éphèse. Pierre écrit celle-ci aux élus, étrangers et dispersés dans le Pont, la Galatie, la Cappadoce, l’Asie et la Bithynie,. Mais la ville principale de la Province d’Asie était Éphèse. La deuxième épître de l’Apôtre Pierre est adressée aux mêmes lecteurs que la première, pour lesquels elle était donc la seconde (voir:2P.3;1). Par conséquent, la deuxième épître de l’Apôtre Pierre est immédiatement entrée dans la collection des livres du Nouveau Testament de l’Église d’Éphèse. (A suivre)
Traduit du russe
Source