Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe rédigé par les moines frères-jumeaux Cyrille et Méthode Zinkovski, intitulé «Miracles grecs de Saint Seraphim de Sarov» (Греческие чудеса Серафима Саровского ), publié d’abord sur le site «Tatianin’ Dien’» et repris le 20 janvier 2009 sur le site Pravoslavie.ru
Cette histoire nous a été contée par une famille de fidèles grecs de l’Église Orthodoxe, vivant en Angleterre, et qui se rendent souvent dans leur patrie. Lors d’un de leurs périples dans les lieux saints grecs, il se rendirent sur l’Île de Cassandra, et il cheminèrent vers une église qu’ils ne connaissaient pas. Ils y entrèrent. C’était une église grecque traditionnelle, mais ce qui étonna les visiteurs, c’était la vénération particulière de Saint Seraphim de Sarov, visible dans l’ornementation de l’église. Outre l’habituelle grande icône du saint, on pouvait voir le long d’un mur une châsse avec une icône-épitaphios représentant Seraphim le Saint de Dieu après son décès. Comme nos connaissances nous l’expliquèrent, aujourd’hui, en Grèce, beaucoup de gens connaissent Batiouchka Seraphim. Plus encore, Seraphim le Russe, est devenu si proche au cœur des simples fidèles qu’ils le considèrent comme un de leurs saints, et les moins éduqués vont jusqu’à affirmer que Sarov est un lieu quelque part en Grèce. Quoiqu’il en soit la raison de la vénération particulière du saint dans cette église n’était pas claire. D’autant plus qu’il s’agissait d’un vrai «coin perdu». Le prêtre fit bientôt son apparition, et répondit, à la question des visiteurs, que l’église était dédicacée à Saint Seraphim. Pourquoi et comment, c’est toute une histoire qu’il proposa de leur conter autour d’une tasse de café.
Cette histoire s’avère extraordinaire, et même, tout simplement, miraculeuse. Jadis, alors qu’il était encore simple moine, le Père Nektarios, ainsi s’appelait le recteur de l’église, accomplissait son obédience auprès de la Tombe du Seigneur à Jérusalem. Il lui revenait de répartir les temps de présence aux offices et prières entre les orthodoxes de différentes juridictions, et les hétérodoxes. Un laps de temps était alloué aux religieuses russes du Monastère de Jérusalem, qui venaient chanter et lire l’Acathiste. Un jour, le Père Nektarios se rendit compte que le temps qui leur était alloué était trop long. Et il décida de le réduire de moitié. Les demandes des sœurs moniales en larmes n’eurent pas d’effet sur le représentant de l’administration, sûr de lui. «La décision est prise, soyez gentilles et respectez-la, sinon vous perdrez complètement le droit de prier ici».
La cellule du Père Nektarios, où il se reposait la nuit, se trouvait au deuxième étage du bâtiment même de l’église. Et peu de temps après les événements décrits, le Père Nektarios, après avoir terminé le tour de surveillance du soir, s’installa dans sa cellule. Cette nuit-là, personne ne restait dans l’église pour prier; toutes les portes étaient verrouillées. Soudain, il y eut un léger coup à la porte de la pièce où le moine-gardien se reposait. Le Père Nektarios fut extrêmement surpris. Qui cela pouvait-il être? Il ouvrit la porte. Il n’avait pas peur, mais il était perplexe. Peut-être que quelqu’un est resté dans l’église par erreur.
Devant lui se tenait un vieil homme aux cheveux gris, un inconnu, qui, après avoir menacé du doigt le Père Nektarios, lui dit «Ne te risque plus à offenser mes filles!». Cela fut dit en grec pur, mais le moine-gardien ne pouvait comprendre à quoi ces mots se rapportaient. Après les avoir répétés, le vieillard disparut dans l’obscurité de l’église.
Le Père Nektarios fit une fois de plus le tour de l’église, mais il ne trouva personne et rentra se reposer à nouveau. Le matin, il était presque sûr qu’il avait tout rêvé. Mais quand les moniales russes soient arrivées à l’église, aient disposé leurs icônes, et commencé à prier, le cœur du moine fut écrasé d’une crainte révérencieuse. Sur l’une des icônes était représenté le vieillard-même qui lui était apparu la nuit. Dans les oreilles du gardien, comme dans la réalité, une voix retentit à nouveau: “Ne te risque plus d’offenser mes filles!».
Après s’être prosterné devant l’icône et l’avoir vénérée, le Père Nektarios apprit des moniales le nom du Saint, qu’il n’avait jamais entendu auparavant. Et leur rendit leur temps de prière initial au Saint-Sépulcre.
Et bientôt, un autre événement inhabituel se produisit dans la vie du Père Nektarios. Bien avant les événements décrits, un vieil évêque russe était venu au Saint-Sépulcre et y pria si longtemps et si tard que le Père Nektarios lui offrit de se reposer dans sa cellule. Il céda son lit au hiérarque, et lui-même avait l’intention de se reposer sur un châlit dans un coin. Mais le vieil évêque ne ferma pas l’œil de toute la nuit, «tirant le chapelet», assis sur une chaise. Le Père Nektarios se sentait mal à l’aise et n’osait se reposer. Il pria toute la nuit sur le chapelet. Et voici, que quelques jours après l’apparition du Saint et le remords subséquent du moine-gardien, le Père Nektarios reçut inopinément de la part de certains pèlerins une sorte de sac de l’évêque précité. Il s’est avéré que l’ancien évêque reposait maintenant en Dieu et léguait au moine-gardien rien d’autre qu’une partie des saintes reliques de Saint Seraphim de Sarov.
La tendresse et la gratitude du Père Nektarios furent indicibles. Combien le Saint avait été miséricordieux, comme il l’avait pardonné rapidement et comme il l’avait merveilleusement béni! Alors, il fit vœu qu’à la fin de son service au Saint-Sépulcre, de retour en Grèce, il construirait une église en l’honneur du Saint. Et il fit placer une châsse contre un des murs pour qu’à sa mort, il soit enterré à cet endroit, de l’autre côté du mur, à l’extérieur de l’église, mais à côté du Saint!
C’est ainsi que Saint Seraphim réchauffa de son amour flamboyant le cœur d’un moine-gardien méticuleux et protégea simultanément «ses filles».
Dieu est vraiment merveilleux dans Ses saints!
Traduit du russe
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