Le texte ci-dessous fait suite à celui dernièrement publié au sujet de l’icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu «aux trois mains». Il s’agit de la traduction d’un original russe publié le 24 juillet 2019 sur le site Pravoslavie.ru, préparé par Madame Olga Rojniova, avec l’Higoumène Vitalia (Kotchetova) du Monastère de la Dormition-Sainte Thècle de Kozielsk, près d’Optino, et consacré à la copie miraculeuse de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «aux trois mains» qui y est vénérée.
Le plus grand parmi les trésors de la vieille église
Le jour de la fête de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «aux trois mains», le 11/25 juillet, je suis allée au Désert de la Dormition-Sainte Thècle, au village de Sénino, à une vingtaine de kilomètres d’Optino. J’y étais déjà allée l’an dernier, et j’ai pu constater que les sœurs du monastère déployaient de multiples efforts pour restaurer l’ancienne église de la Dormition, érigée au XIXe siècle à la place de celle, en bois, qui datait de 1686. L’imposante église en pierre, à trois autels, assise sur des moellons de pierre et au clocher de 60 mètres, construite avec du mortier à l’œuf, était destinée à durer des siècles, mais en 1928, elle fut fermée, puis défigurée et partiellement détruite.Maintenant, le Seigneur verse abondamment Sa grâce sur la jeune communauté de sœurs, selon les prières de son père spirituel, l’Archimandrite Antoine (Gavrilov), et des sœurs elles-mêmes. Cette année, l’office de la fête a déjà pu se dérouler dans l’église presque restaurée. On y vénère plus de 200 parcelles de reliques de saints de Dieu, et le trésor sacré principal de l’église est l’ancienne icône «aux trois mains», merveilleusement restaurée. Mère Vitalia (Kotchetova), Higoumène du Désert de la Dormition nous parle de cette icône miraculeuse.
Comment nous avons amené notre trésor sacré dans notre monastère.
En 2009, voici dix ans, nous restaurions dans l’église de la Dormition l’autel de la chapelle Saint Nicolas, et nous partions en quête de dons. Les pères d’Optino nous firent don d’une ancienne iconostase, qui au début des travaux de renaissance du Désert d’Optino se trouvait dans l’église de l’Entrée au Temple, précisément, dans la chapelle Saint Nicolas, là aussi.
Un jour, nous sommes allées à Moscou, à la Procure Bulgare dédicacée à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu. Le supérieur bénit notre communauté avec différents équipements, des portes-cierges, une sainte table et une sainte table de proscomédie. Il nous emmena ensuite dans la sacristie. J’y vis dans un coin une icône complètement sombre, dans un kiot tout à fait délabré. Le supérieur, qui avait suivi mon regard, dit alors prudemment :
– C’est une très vieille icône. Si vous la voulez, nous vous l’offrons. Il s’agit vraiment d’une icône. Ce n’est pas une planche noircie. C’est juste qu’avec le temps, elle s’est fortement assombrie. Et je sens que ce n’est pas «une simple icône».
J’étais attristée du fait que cette icône s’assombrissait depuis des années, abandonnée dans un coin, comme si plus personne n’en avait besoin. Je répondis :
– Bien sûr ! Nous emmènerons cette icône.
– Restaurez-la, nettoyez-la, et puis, vous nous direz qui y est représenté…
– D’accord, nous vous remercions chaleureusement !
Et ainsi, nous ramenâmes notre trésor sacré au monastère .
Nous avons pleuré de joie.
L’icône fut déposée dans une autre chapelle sur une table. Plus tard, quand nous eûmes terminé la restauration de la chapelle Saint Nicolas, nous avons décidé d’y apporter notre acquisition. Nous sommes allées chercher l’icône et nous fûmes ébahies: sur la planche noircie apparut clairement la silhouette de la Très Sainte Mère de Dieu avec l’Enfant. Nous avons pleuré de joie.
Lorsque l’icône fut suspendue dans la Chapelle Saint-Nicolas, elle commença à apparaître miraculeusement, et non seulement en terme de luminosité, mais de plus en plus, les coups de pinceau devinrent apparents, comme si elle était peinte par une main invisible. C’étaient des coups de pinceau parfaitement clairs et brillants.
Nous avons allumé devant l’image une veilleuse permanente, et nous avons commencé à lire l’acathiste. Un jour, l’une des sœurs, fatiguée après les travaux de la journée, s’assoupit pendant la lecture de l’Acathiste, son cierge tomba et brûla le kiot de l’icône. Nous comprîmes que la Très Sainte Mère de Dieu attendait que nous la revêtions d’un nouveau kiot. Nous en avons commandé un, sculpté. L’icône apparaissait progressivement. On commença par voir la Très Sainte Mère de Dieu, Son visage, Ses vêtements, ensuite, l’Enfant. Longtemps, nous nous demandâmes quelle était cette icône, parmi toutes celles de la Très Sainte Mère de Dieu. Un matin, nous nous approchâmes. Sur l’icône, une troisième main avait fait son apparition. Nous étions a-quia: l’icône «aux trois mains»! Nous ne parvenions pas à croire en un tel miracle… Une des sœurs commença même à nourrir des soupçons envers une autre, la sœur-iconographe. N’était-ce pas elle qui, en cachette, venait la nuit peindre l’icône? Mais la sœur-iconographe quitta le monastère, et l’icône continua à s’éclaircir. Et ensuite, afin que littéralement tous les doutes de la moniale soient levés, se produisit l’événement suivant : pendant qu’elle lisait l’Acathiste devant l’icône, de nouveaux coups de pinceau, colorés, apparurent vraiment sous ses yeux sur le vêtement de la Très Sainte Mère de Dieu.
Quand l’icône fut devenue bien claire, je suis allée au Monastère des Grottes de Pskov, auprès du Starets-Archimandrite Adrian (Kirsanov). Mon père spirituel m’avait donné auparavant sa bénédiction pour rendre visite à ce remarquable starets. En cadeau, j’emmenai une photo de notre icône «aux trois mains», placée dans un petit cadre. Le Père Adrian prit le cadeau, le pressa sur sa poitrine et dit :
– «Si seulement vous saviez quelle icône exceptionnelle est arrivée chez vous! Vous ne comprenez même pas ce que c’est pour une icône. C’est une icône miraculeuse! La Très Sainte Mère de Dieu manifeste Sa bénédiction toute particulière à ce lieu, à votre monastère, qu’Elle prend sous Sa Protection particulière». Et le Starets accrocha notre photo encadrée au dessus de son lit.
Voilà dix ans que l’icône «aux trois mains» se trouve chez nous. Et elle continue à se transformer. Le visage de la Très Sainte Mère de Dieu change d’expression. Les ornements se modifient sur Ses vêtements. Nous avons pu constater cela par comparaison à ce qui était visible quand nous avons pris la photo. Parfois même, Elle sourit, parfois, Ses yeux se remplissent de larmes. Le jour de la fête de Saint Antoine de la Laure des Grottes de Kiev, protecteur du père spirituel de notre monastère, l’icône produisit du myrrhon pendant le polyelos.
L’aide de la Très Sainte Mère de Dieu.
Cela fait maintenant dix ans que nos moniales et les pèlerins se présentent devant notre icône miraculeuse pour demander de l’aide. Et souvent, ceux qui sont venus demander de l’aide reviennent, plus tard, pour remercier la Très Sainte Mère de Dieu pour Son aide. C’est Elle-même qui m’a guérie. Je souffrais de cardiopathie et devais subir une opération. Mais celle-ci s’avéra soudain superflue. Les médecins me dirent : «Si nous ne disposions pas des résultats dans anciens examens médicaux, nous ne pourrions jamais dire que vous souffriez de cardiopathie». Un jour des pèlerins vinrent prier devant l’icône miraculeuse pour le succès d’une opération. La conséquence fut qu’il n’y eut pas d’opération; le malade se rétablit spontanément.
L’icône aux «trois mains» accorde de l’aide dans tous les problèmes qui peuvent survenir dans la vie. Une jeune fille ne pouvait depuis longtemps trouver du travail. Elle vint prier devant l’icône et demanda à la Très Sainte Mère de Dieu, non pas de lui donner un travail, mais d’avoir la force d’accepter la situation sans murmurer. Elle pria avec ferveur et partit. Quand elle fut rentrée, elle n’attendit pas dix minutes avant de recevoir un appel téléphonique au cour duquel on lui proposa du travail, et un salaire élevé. Et le lendemain, elle reçut une nouvelle offre d’emploi. La jeune fille était indiciblement heureuse et très touchée de ce que la Très Sainte Mère de Dieu avait répondu aussi vite à sa prière. Quand les gens nous demandent de célébrer un acathiste avec une demande, ils ont l’habitude de nous remettre une note sur laquelle ils ont écrit leurs demandes, et les moniales lisent ces demandes à la Très Sainte Mère de Dieu.
L’Esprit souffle où Il veut.
Parfois, nous nous demandons pourquoi il a plu à la Très Sainte Mère de Dieu de manifester Sa miséricorde envers notre monastère de village, à l’époque où l’église de la Dormition était encore à moitié détruite. Notre communauté n’est pas riche. Nous n’acquérons pas d’icônes coûteuses, nous n’avons pas l’argent nécessaire pour payer une nouvelle iconostase. Nous utilisons avec joie l’ancien équipement de l’église. Mais l’Esprit souffle où Il veut, et le plus souvent, là où c’est le désert. Le Seigneur regarde les pauvres, les misérables, les rejetés, les laissés-pur-compte du monde, comme notre vieille icône qui se trouvait quelque part dans un coin, noircie et oubliée. «Ce que le monde tient pour rien, c’est ce que Dieu a choisi pour confondre les forts ; et Dieu a choisi ce qui dans le monde est sans considération et sans puissance, ce qui n’est rien, pour réduire au néant ce qui est.»(1Cor.1;27-28).
Traduit du russe