Le texte ci-dessous est la traduction de la troisième partie d’un original russe écrit par l’Archiprêtre Alexandre Chargounov et publié le 4 février 2022 sur le site Pravoslavie.ru. Se référant à l’histoire récente de la Russie, Père Alexandre pose un regard sur les éléments caractéristiques de nos temps derniers et rappelle les jalons qui permettent aux Orthodoxes qui le souhaitent de vivre cette époque dans la fidélité authentique à la voie tracée par notre Seigneur Jésus Christ. Le titre de l’article original russe a été conservé.
Parmi les autres questions très importantes concernant les nouveaux martyrs et confesseurs de la foi, je voudrais attirer l’attention sur deux d’entre eux, constamment discutés par les Orthodoxes.
Premièrement, il s’agit de la glorification des martyrs qui se sont manifestés à notre époque. Tout le monde connaît la parole des saints pères selon laquelle quiconque n’honore pas les martyrs contemporains, n’honore pas non plus tous les autres martyrs et ni tous les saints, ni le Christ Lui-même, Dieu merveilleux dans Ses saints. Nous comprenons que, dans certains cas, des recherches approfondies soient nécessaires. Mais quelles recherches supplémentaires sont nécessaires lorsque, peut-on dire, toute l’Église est témoin des souffrances des nombreux martyrs et confesseurs de la foi de notre époque?
Qu’est-ce qui empêche de glorifier le soldat martyr Evgueni qui, selon le témoignage de ses meurtriers, en présence de représentants de l’OSCE, a été soumis pendant trois mois en Tchétchénie à la torture la plus cruelle, l’obligeant à enlever la croix qui pendait à son cou avant de lui couper la tête? Sa persévérante résistance pour la foi du Christ est–elle différente de celle des anciens grands martyrs chrétiens, ceux qui constituent la gloire de l’Église en tous les siècles? Ou est-ce que ce podvig ne signifie rien pour les Orthodoxes à notre époque, quand presque simultanément avec lui, un hiéromoine érudit se convertit au catholicisme, un autre homme d’église célèbre, archiprêtre, passe à l’islam, et un autre archiprêtre, auteur d’un manuel pour les enfants des écoles du dimanche, renonce au sacerdoce et se déclare ouvertement homosexuel? L’Église ne devait-elle pas montrer un véritable héros de notre époque à notre jeunesse en pleine décadence, et qui vénère n’importe quelle idole?
Et le meurtre rituel dans l’Altaï du Hiéromoine Grégoire, lorsque le tueur sataniste a fait le tour de l’autel avec la tête du prêtre qu’il avait coupée et l’a ensuite placée sur le trône! N’entendrions-nous pas l’Église chanter, quand celui qui est consacré au ministère sacerdotal est emmené autour de l’autel: «Saints martyrs, qui avez bien souffert et été couronnés, priez le Seigneur, de faire miséricorde à nos âmes»! Peut-être quelqu’un verra-t-il dans cette démarche le triomphe du mal. Mais il en va ici comme sur la Croix, quand le diable voulut humilier le Seigneur, et que Dieu révéla Sa gloire suprême à travers cela. Le Saint Synode a consacré une intervention particulière à ce sujet. Mais manifestement, cela ne suffit pas.
Et comment ne pas se souvenir des trois martyrs d’Optino, le Hiéromoine Vassili, et les Moines Trophime et Théraponte, victimes de meurtres rituels la nuit de Pâques 1993, au moment même où l’Église, par leurs mains, annonçait au monde avec la sonnerie de Pâques la victoire de Dieu sur le diable. Le meurtre a été commis avec un couteau en forme d’épée romaine, qui a tué les anciens martyrs, gravée du chiffre 666.
Toute l’Église est au courant du meurtre à Moscou en 1997 du petit Alexis après l’office nocturne de Pâques, alors que les assassins l’ont également forcé à enlever sa croix. Nous connaissons également le meurtre brutal de José Munoz, le protecteur de l’icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu d’Iviron, celui du Hiéromoine Nestor et de nombreux autres chrétiens orthodoxes, parmi lesquels de nombreux prêtres, jeunes filles et enfants.
Ils auraient dû être glorifiés immédiatement après leur mort, en plein accord avec ce que l’Église sait de la sainteté depuis les premiers jours de son existence. Si nous aspirons à la sainteté, alors évidemment, nous devons la comprendre. Ou succombons-nous vraiment à la tendance générale à la diminution de la perception vivante des véritables profondeurs de la vie? Si ces martyrs étaient glorifiés, il ne fait aucun doute que les vils mécréants des médias qui répandent sur l’Église les calomnies les plus infâmes auraient involontairement, ne serait-ce que pour un bref moment, été poussés au silence. Satan lui-même tremblerait devant celui qui apparaît dans la Sainteté de la Croix du Seigneur.
Dans la conscience populaire, ce qui se passe dans le monde aujourd’hui serait marqué d’une profondeur différente. Nous avons tous besoin que le chemin que nous empruntons soit clairement indiqué. Plus tôt ils seront glorifiés par l’Église, plus cela aura d’impact sur tous les chrétiens orthodoxes, en particulier sur les jeunes: leur combat a été le même que le nôtre. Quelle fête, quelle célébration de l’Orthodoxie serait la glorification de tels saints, où leurs parents (par exemple, la mère d’Evgeni Rodionov), leurs amis et camarades seraient présents et où nous serions tous présents. C’est réel, cela s’est produit au milieu de nous. Toute notre vie prendrait immédiatement une dimension authentique; nous sommes tous appelés à la même Sainteté.
Et ensuite, aujourd’hui parmi les sarabandes du satanisme et les fausses doctrines je voudrais rappeler la décision du Saint-Synode de 1903, adoptée à la veille des grands bouleversements de notre Église, concernant la nécessité d’accomplir le rituel du Triomphe de l’Orthodoxie avec l’anathème des principales hérésies, non seulement lors de l’office pontifical, mais aussi dans toutes les églises orthodoxes. Lisez de vos yeux cette liste d’anathèmes; n’aurions-nous pas besoin de nous remémorer encore et encore les dangers qui nous menacent?
La confession de la vérité de l’Orthodoxie et l’opposition au mal qui l’attaque doivent être inextricablement liées à toute notre vie. Combien de fois nous nous retrouvons sourds et muets face à ce qui se passe autour de nous!
Fermer les yeux sur la présence évidente du «père du mensonge» dans la vie d’aujourd’hui, c’est participer à la stratégie de ce dernier. Cela signifie diminuer la victoire de Celui Qui a vaincu l’enfer et le diable. C’est une trahison qui désarme l’Église. Les saints n’ont jamais cessé de porter cette arme. D’une main, ils construisaient, comme le dit la parole de Dieu, et de l’autre, ils tenaient la lance . Pourquoi construire une ville, si l’ennemi ne cesse de créer des brèches dans les murs? (A suivre)
Traduit du russe
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