Le texte ci-dessous est le début de la traduction en deux parties de l’original russe, rédigé par Stanislav Minakov et publié le 27 août 2021 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Неодержанная победа» История Порт-Артурской иконы Божией Матери.
On peut affirmer que l’icône «Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu» (de Port-Arthur) est moins connue que les autres icônes canoniques de la Très Sainte Mère de Dieu. Mais les faits montrent que la vénération de l’icône de Port-Arthur s’étend largement, dépasse le littoral pacifique, la région de l’Amour et s’étend à l’Europe et à une grande partie du monde Orthodoxe.
Voici, brièvement, l’histoire de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur. En 1903, un homme eut une vision de la Très Sainte Mère de Dieu. à un certain homme. «La Force du Très-Haut et la grâce de la Toue Sainte Souveraine affermirent un homme qui en eut la vision et l’incitèrent à collecter des fonds pour que soit écrite Son icône Toute Sainte», lit-on dans l’acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu en l’honneur de Son icône de Port-Arthur. Certaines sources mentionnent le nom d’un marin à la retraite, Fiodor, d’autres indiquent celui d’un homme nommé Lev Efimovich Katanski, vétéran de la guerre de Crimée, qui vivait dans la localité de Brichany en Bessarabie, un assesseur de collège, écrivain, publiciste, rédacteur en chef de l’«Étendard russe», auteur de l’hymne de l’Union du peuple russe (décédé en 1917). Dans un rêve, la Très Sainte Mère de Dieu commanda à l’ancien militaire de faire peindre une icône et de l’envoyer à la forteresse de Port Arthur, promettant Sa protection et la victoire à l’armée russe lors de l’arrivée de l’icône à destination. L’homme choisi par la Toute Sainte se rendit le 11 décembre 1903 auprès des startsy de la Laure des Grottes de Kiev pour obtenir des éclaircissement quant aux démarches à effectuer. Mais les choses ne devinrent claires que deux mois plus tard,en janvier-février 1904, quand les Japonais attaquèrent Port-Arthur.
Des milliers de pèlerins de Kiev et d’ailleurs firent des dons pour l’icône. Notons qu’on n’acceptait pas plus de cinq kopecks n’ont été pris par donateur. Et dès mars 1904, c’est-à-dire en fait un mois et demi plus tard, un iconographe de Kiev, Pavel Fiodorovitch Chtronda, dont l’atelier était situé près de la célèbre Descente Saint-André, à proximité de laquelle vivait M. Boulgakov alors âgé de 12 ans, créa l’icône selon la description de celui qui l’avait vue en songe: la Très Sainte Mère de Dieu, debout sur des épées brisées, devant un fond de rivage marin et tenant en Ses mains un voile sur lequel est représentée la Sainte Face du Sauveur, non-faite de main d’homme. Une couronne, tenue par des anges, est posée sur la tête de la Très Sainte Mère de Dieu. Plus haut, sur une nuage, le Seigneur Sabaoth et à Sa droite et à Sa gauche, les Archanges Mikaël et Gabriel. Tout en haut on ajouta l’inscription : «Il y aura un seul troupeau et un seul pasteur» (J.10;16). Sur le périmètre de l’icône, dans un liseré émaillé fut gravée la mention: «En bénédiction et en signe de triomphe, à notre Armée qui aime le Christ, en l’Orient de la Russie, de la part des saints monastères de Kiev et 10 000 pèlerins et amis». La première et unique reproduction en noir et blanc de l’icône originale de Port-Arthur publiée par la revue «Le Pèlerin Russe» (n° 21 de 1904) fut acquise avec beaucoup de difficultés par N. Pavlov auprès de la Bibliothèque nationale et publique d’histoire, à Moscou en 2011.
L’Impératrice Douairière Maria Fiodorovna a ordonné d’envoyer l’icône «le Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu» en Extrême-Orient Russe. Les gens ont immédiatement commencé à qualifier l’icône de «Port-Arthur». Il y avait d’autres noms remarquables: «La Très Sainte Mère de Dieu sur les épées», «la Gardienne de l’Extrême-Orient» et «la Victoire Inébranlable». L’Ataman Serguei Kondratenko du détachement des Cosaques de Soumy se souvient de son célèbre ancêtre le Lieutenant-Général Roman Isidorovitch Kondratenko, héros de la défense de Port-Arthur : «Il est un fait intéressant : le destin du Général Kondratenko est lié à celui de l’icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur. Le Général Kondratenko savait l’existence de l’icône de Port-Arthur. Il l’attendait avec impatience. Il tenta d’accélérer son arrivée à la forteresse de toutes les manières possibles. Mais des retards bureaucratiques artificiels retardèrent son arrivée. De nombreux fonctionnaires conservèrent l’icône dans leurs maisons pendant des mois, rêvant de miracles pour eux-mêmes. Lorsque la sainte icône arriva à Vladivostok, le général mourut. Et ils oublièrent l’icône. Elle n’arriva jamais à la forteresse de Port Arthur. Les gens désobéirent aux paroles de la Très Sainte Mère de Dieu…»
L’icône n’atteignit pas sa destination, malgré l’aide du «Batiouchka de toute la Russie», Ioann Sergueev (le Saint et Juste Jean de Kronstadt), qui bénit le capitaine à la retraite du régiment de la garde des Lanciers, le Chancelier Nikolaï Nikolaevitch Fiodorov, alors âgé de cinquante ans, pour amener l’icône de Port Arthur à la forteresse. Mais Port Arthur tomba.
Certains témoignages indiquent que N. N. Fiodorov aurait remis l’icône au Général Kouropatkine (l’armée n’organisa pas de réception digne de la grandeur spirituelle de l’icône), puis elle fut transférée à Vladivostok. On peut en tirer certaines conclusions: cette capitale du “”Littoral Pacifique et de l’Amour, pratiquement dépourvue de défense et non fortifiée, n’eut pas à souffrir. Après la guerre russo-japonaise, l’icône de Port-Arthur se trouvait dans la Cathédrale de la Dormition à Vladivostok. La cathédrale fut fermée en 1930 et détruite en 1938. On ignore tout de la suite du destin de l’icône originale. En 1998, une icône de Port Arthur fut apportée à Vladivostok, et il y eut un débat sur la question de savoir si c’était l’originale. Le spécialiste de cette icône, N. Pavlov, était convaincu qu’il s’agissait d’une copie datant de l’année 1904, peinte au Monastère de Saint-Pétersbourg de la Résurrection-Novodievitchi.
Aujourd’hui se manifeste une nouvelle vague d’intérêt spirituel des orthodoxes russes pour l’icône de Port Arthur.
Le mémorial de Port Arthur a été restauré par des particuliers (pour 13,5 millions de dollars). On rencontre maintenant de beaucoup de copies de l’icône dans de nombreuses églises, y compris dans la Cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou. De plus, de nouvelles églises ont été construites en l’honneur de cette icône, notamment au village de Khassan dans le Primorié, à Ekaterinbourg, au village de Babino dans l’Oblast de Leningrad. Près de Khabarovsk, dans l’Oblast de l’Amour, une icône de port-Arthur en mosaïque, œuvre de G.Pavlichine est installée à la frontière avec la Chine. Devant cette icône, nos navires de guerre font cap vers les mers du Nord.
Parmi les événements les plus récents, on retiendra qu’à Kourgane, la famille de Piankov a fait don à l’église dédiée à l’icône «Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu» d’une copie de l’icône de Port Arthur, peinte avant la révolution. Cette icône fut apportée à Kourgane par Nina Guennadievna Piankov, dans la famille de laquelle elle avait été conservée pendant plusieurs générations. Arrivée à trois heures du matin, la sainte icône fut amenée en procession de la gare à l’église et sous la pluie. Nicolas Pavlov, qui a activement participé à ces événements, les commente ainsi: «Cela peut être qualifié de petite sensation. Huit copies de l’icône de Port Arthur peintes avant la révolution sont maintenant connues en Russie. Sur ces huit copies que nous avons détectées, celle-ci est la troisième, à mon avis, réalisée à partir de l’original. Seule une expertise artistique et scientifique pourrait confirmer cela. Mais pour les fidèles, ce qui importe, c’est la présence même de l’icône.» L’une des conditions de cette donation était la restauration indispensable de l’icône, qui parcourut au cours du siècle le chemin de Saint-Pétersbourg à Veliky Novgorod, à Rej ville de l’Oblast de Sverdlovsk, à Krasnodar et enfin à Kourgane. Très bientôt, iconographes et historiens de l’art de l’Oural pourront commencer à travailler.
Une fois de plus, cela nous donne à penser : l’icône du «Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu» crée un cercle par sa présence spirituelle, un lien spécial de toutes les terres de l’Empire de Russie. Nous avons mentionné la Bessarabie, Kiev, Saint-Pétersbourg, Moscou, Port-Arthur, Vladivostok, Khabarovsk, Ekaterinbourg, Kourgane, Kharkov.
La leçon d’histoire de cette icône est également qu’il fut vraiment très élevé, le prix payé pour la négligence, pour l’inattention du peuple russe aux instructions célestes. Aussi bien voici 110 ans, qu’au cours de tout le siècle qui suivit. Et la situation actuelle dans notre pays est très alarmante. (A suivre)
Traduit du russe
Source