Le texte ci-dessous est la suite de la traduction ( proposée en plusieurs parties) d’un résumé détaillé de la vie de Saint Seraphim de Vyritsa écrite par Alexandre Archakovitch Trofimov à partir de son livre qui compte 240 pages. L’original russe du résumé traduit ici, agrémenté de nombreuses photographies, a été publié en six parties sur le site de l’auteur, le 14 mars 2014.
…Un jeune homme se saoulait sans cesse, traînant tout le temps hors de la maison. Sa femme ne pouvait plus supporter une telle vie et elle fuit avec leur enfant. Un ami lui apprit qu’un vieux moine qui vivait à Vyritsa pouvait traiter les alcooliques, et le persuada d’y aller: peut-être le starets l’aiderait-il à guérir. Il refusa longtemps, mais finalement il céda à la persuasion. Ils achetèrent des billets de train et se rendirent à Leningrad. Quand ils arrivèrent à la gare de Vitebsk, l’ami de cet ivrogne alla à la caisse pour acheter les billets pour Vyritsa, mais alors qu’il faisait la file, son protégé fila aux toilettes et offrit ses vêtements à quelqu’un pour un quart de litre : il a donna sa chemise, ses sous-vêtements, et resta en chandail et en pantalon. Il but le quart immédiatement. Son ami le retrouva, mais ne put comprendre quand et où il avait eu le temps de boire. Ils prirent le train. Arrivés à la maison du Starets, ils avancèrent dans le porche d’entrée. A ce moment-là, Batiouchka expliquait la parabole de la brebis perdue et du berger qui va la chercher. L’ivrogne dit alors:
–«Où m’as-tu amené? Ce ne sont pas des gens mais des sortes de moutons». Les ivrognes deviennent souvent effrontés, bavards, et l’ennemi leur donne la capacité de parler et de parler de manière sarcastique et moqueuse des choses saintes. Il s’appuya contre la porte:– Je n’entrerai jamais, je n’ai rien à faire ici.
Et soudain, on entendit la voix du Starets:
Serguei, viens ici.
Instantanément, son ivresse se dissipa :
– Comment me connaît-il ?
Mais le Starets appela d’une voix plus forte :
– Serguei qui est venu me voir avec un ami, entre.
Serguei entra et vit beaucoup de gens rassemblés là. Le starets lui dit :
– Vous voyez, frères et sœurs, cet homme a abandonné sa mère et sa femme. Son état est devenu effrayant. Juste maintenant, à la gare, il a vendu ses sous-vêtements et sa chemise pour une bouteille, et le voilà ici vêtu de son seul chandail. Les gens l’ont abandonné, mais Dieu ne l’a pas abandonné ; Il lui a envoyé un ami qui l’a amené ici, comptant sur notre aide. Dieu l’aidera car on prie pour lui. Aujourd’hui, une lutte terrible se déroule en cet homme. L’esprit mauvais qui est entré en lui veut qu’il me frappe, qu’il frappe son ami, qu’il file hors d’ici, et il a beaucoup de mal à résister. L’esprit du mal ne se sent pas bien ici du tout ici, il déteste ce lieu où on prie, où il y a des choses saintes. Voilà mes mais, c’est de vous que dépend où ira et ce que va devenir ce malheureux homme. Allons, prions tous ensemble le Seigneur et la Très Sainte Mère de Dieu afin qu’Ils aident cet homme. Alors, tous ceux qui étaient dans la cellule s’agenouillèrent et prièrent avec le Starets. Certains même pleuraient. Et soudain, l’alcoolique tomba sur le sol et fut pris de convulsions et de sanglots. Il demeura longtemps sur le sol, pleurait et les gens priaient.
Finalement, le Starets dit :
– Il ne boira plus. Il voulait mettre fin à ses jours mais il ne l’a pas fait parce qu’on priait pour lui. La prière protège et éloigne les suggestions infernales des esprits des ténèbres.. Et la prière des proches est particulièrement forte, la prière d’une mère, d’un ami, elle possède une grande puissance.
Jusqu’à la fin de sa vie, Serguei ne toucha plus à un verre d’alcool. Il devint profondément croyant, et fils spirituel du Starets.
Par ses prières, le Starets guérit beaucoup de gens de maladies graves. Quand quelqu’un était très malade, le Starets conseillé de prendre une cuillère à soupe d’eau sainte toutes les heures. Il a dit qu’il n’y avait pas de remède plus fort que l’eau et l’huile consacrées.
Après avoir célébré le Mystère de l’huile sainte, un molieben ou d’autres offices, le Père Seraphim invitait tout le monde à sa table. Avant le repas, il rompait le pain et le distribuait à tous, tout en bénissant, et donnait à chacun trois morceaux de sucre. Souvent, Batiouchka donnait une prosphore aux malades, et les gens guérissaient de leurs maladies.
Batiouchka disait: «Combien de fois sommes-nous malades parce que nous ne prions pas avant les repas et n’appelons pas la bénédiction de Dieu sur notre nourriture?! Auparavant, tout était fait avec la prière sur les lèvres: on labourait, on priait, on semait, on priait, on récoltait, on priait. Maintenant, nous ne savons pas qui a préparé ce que nous mangeons. Après tout, souvent la nourriture est préparée avec des paroles blasphématoires, des jurons, des malédictions. Par conséquent, il est nécessaire d’asperger le repas avec de l’eau consacrée; elle sanctifie tout et vous ne devez pas hésiter à manger ce qui est préparé. Tout ce que nous mangeons est don de l’amour de Dieu pour nous les hommes. Par la nourriture, toute la nature et le monde angélique servent l’homme. Par conséquent, avant le repas, nous devons prier particulièrement fort. Tout d’abord, nous demandons la bénédiction du Père Céleste en récitant le «notre Père». Et là où est le Seigneur, est aussi la Très Sainte Mère de Dieu, sont aussi les Anges; alors chantons: «Mère de Dieu et Vierge, réjouis–toi…» et le tropaire aux Puissances Angéliques: «Archistratèges des Armées Célestes…». Ce n’est pas pour rien que nous disons: «Anges à notre table». Et les Anges sont vraiment avec nous pour le repas quand nous mangeons de la nourriture avec prière et action de grâce. Et là où sont les Anges, il y a tous les saints. C’est pourquoi nous chantons le tropaire à Saint Nicolas, appelant avec lui la bénédiction de tous les saints sur notre repas».
C’est ainsi qu’on priait toujours avant de manger chez Batiouchka, et il bénissait ses enfants spirituels pour qu’ils observent scrupuleusement cette règle de prière.
… Une femme aveugle vint chez le Starets et demanda :
– Pourrai-je guérir?
– Attache un morceau d’artos sur tes yeux pour la nuit et lis trois fois «Je crois en un seul Dieu…» avant d’aller au lit.
Elle le fit et quand elle se réveilla le matin, elle voyait.
… Vivait à Vyritsa une femme dont la fille était muette de naissance et dont la mère ne pouvait marcher sans béquilles. Elle vint avec sa fille chez le Starets, qui lui dit:
– Le Seigneur vous aidera, priez! Ta prière maternelle doit aider ta fille.
Elle s’agenouilla et pria longtemps devant les icônes dans la cellule du Starets. Enfin Batiouchka dit:
– Lève-toi, le Seigneur a entendu ta prière. Que la fillette vienne près de moi.
Le Starets couvrit la tête de l’enfant, pria, et à partir de ce moment-là, la fille parla. Et bientôt, la mère de cette femme, qui avait eu bien du mal à arriver à la cellule de Batiouchka en s’aidant de ses béquilles, rentra chez elle sur ses jambes, ayant tout oublié de sa maladie.
On amena au Starets une fillette qui se mourait de dysenterie. Batiouchka pria, lui donna les Saints Dons, et le jour même, la petite fut guérie.
Une femme tomba malade. Les médecins posèrent un diagnostic terrible : sarcome. Le Starets donna la bénédiction pour l’opération. Après l’opération effectuée à l’Académie de Médecine Militaire, la femme, allongée sur le lit, vit soudain la porte s’ouvrir, et le Père Seraphim entrer et demander avec un sourire:
– Tout va bien, vivante?
Les autres patients ne virent rien. Bientôt, elle commença à récupérer. Le professeur de l’Académie montra la patiente à plusieurs reprises à différentes commissions. Tout le monde regardait et s’étonnait, car la maladie était considérée comme incurable.
… Un couple de médecins vivait à Leningrad . Il était professeur, elle était chargée de cours, chef de la clinique ophtalmologique, un excellent médecin, qui rendit la vue à beaucoup de gens. Le couple passa toutes les années de la Grande Guerre Patriotique ensemble, au front. Le mari voulait vraiment avoir des enfants, et elle,pas,et avorta dix-huit fois. Finalement, son mari la quitta, et trouva une autre femme.
De retour du front à Leningrad, elle ne put obtenir un emploi ni un logement: l’appartement était enregistré au nom de son mari, et sans permis de séjour elle n’était prise nulle part pour travailler. Elle était littéralement à la rue, sans moyens de subsistance. En tant que membre du parti, elle s’adressa au Comité de la Ville. En vain. Alors elle décida de mettre fin à ses jours. Marchant dans la rue, l’humeur lugubre elle rencontra soudainement une amie du front. Avec sympathie, elle l’interrogea sur sa vie et, après avoir appris les malheurs qui l’ont frappée, elle lui dit qu’un Starets qui vivait à Vyritsa, aidait beaucoup et dévoilait l’avenir.
Pensant que c’était une sorte de diseur de bonne aventure, la doctoresse décida d’y aller; elle n’avait rien à perdre. À Vyritsa, elle trouvé la maison du Starets, et là, on lui demanda:
– Vous venez voir Batiouchka?
Elle s’est indignée:
– Quel Batiouchka?! Je n’ai pas envie de me retrouver, en plus, chez un pope, et je file.
Dans la rue, pour une raison inconnue, ses jambes faiblirent et elle tomba sur le bord de la route et pleura. Grommelant, elle blâmait mentalement son mari, le parti, l’amie qui l’envoyait chez un pope, mais elle ne parvenait pas se relever; ses jambes ne tenaient pas.
Une femme sortit de la maison et dit:
– Batiouchka vous appelle.
Elle refusa catégoriquement d’y aller. La femme sortit une seconde fois et dit :
– Vous vous appelez N., vous êtes médecin ophtalmologue, vous venez de revenir d’Allemagne et Batiouchka vous appelle.
Soudain, elle se leva et, comme si c’était contre sa volonté,elle entra dans la maison.
Dans la cellule, elle vit un vieux moine portant le schème, allongé sur son lit. Il lui dit de but en blanc que dans tous ses problèmes elle-même était à blâmer, car elle avait tué ses enfants. Se rendant compte que le Starets lisait toute sa vie, elle tomba à genoux devant lui en pleurant. Il la réconforta immédiatement:
– Va à Smolny, tu seras nommés chef de clinique à Peterhof. On te donnera une chambre. Ensuite, tu deviendra le tuteur d’une patiente et tu t’installeras chez elle à Leningrad. Tu viendras me voir, et ensuite tu iras sur la tombe.
– Qu’est-ce qu’il me raconte comme conte de fées?!, pensa N.
– Je ne raconte pas de contes de fées. Tout ce que j’ai dit se réalisera, répondit le Starets aux pensées de la femme.
En effet, à Smolny, on lui donna les instruction lui permettant de travailler à la clinique de Peterhof, et une chambre au même endroit, et plus tard, elle déménagea à Leningrad, où elle vécut jusqu’à un âge avancé, et devint très croyante et jusqu’à la fin de ses jours alla sur la tombe du Starets à Vyritsa. (A suivre)
Traduit du russe
Sources 1 2