Le 13/26 février, on célèbre la mémoire de Saint Syméon le Myroblite, un des plus grand saints de l’Église de Serbie. Il vécut au XIIe siècle. Jusqu’à un âge très avancé, il fut Stéphane Nemanja, Tsar des Terres de Serbie. Il abandonna le monde, reçut la tonsure monastique et le nom de Syméon, et il se retira au monastère à Studenitsa d’abord, pour peu de temps, et ensuite au Monastère de Vatopedi, sur le Mont Athos où son fils, le moine Sava menait déjà son podvig. Saint Syméon fut le ktitor du Monastère de Chilandar à la Sainte Montagne. Le texte ci-dessous est la traduction d’un extrait d’un original russe publié le 9 janvier 2015 sur le site de l’auteur russe Alexandre Trofimov, qui a lui même reprit le récit dans le numéro de mars 2003 de la revue Dimitrovski Vestnik.
Je suis maman! Ma fillette n’a que quelques mois, mais son apparition a changé la vie de ma famille, de nos parents et de nos proches. Mais l’essentiel, ce ne sont pas ces changements agréables dans notre existence quotidienne et notre horaire quotidien, naturellement bouleversé par le nouveau membre de la famille. C’est le miracle qui nous a tous changés… Quand j’avais 24 ans, mon mari et moi avons eu l’occasion d’être parents, mais j’étais jeune, stupide et ambitieuse et j’ai supprimé cette possibilité. Je veux dire par un avortement. Oui, un avortement, le meurtre d’un bébé à naître. Ce terrible acte sera ma douleur sans fin pour le reste de ma vie. C’est maintenant que je sais qu’à huit semaines, le fœtus a déjà un cœur qui bat, que les doigts sont formés et que le Seigneur donne à l’homme à naître une âme immortelle, et je ne pourrai échapper à sa rencontre… Maintenant je suis devenue une croyante. Et puis il y avait une vie complètement différente, au premier plan, de laquelle il y avait ma carrière. Et pour celle-ci, j’ai sacrifié notre bébé.
C’est pour elle que notre bébé a été sacrifié. La carrière signifiait pour nous deux l’augmentation régulière de notre bien-être matériel, mais pour qui? Quel est le sens de ces acquisitions matérielles et de ce sacrifice? Le soir, dans notre grand appartement, nous étions nous deux, et un silence complet régnait autour de nous… C’était pour cela que j’avais commis un péché mortel pour mon âme, pour la carrière, le bien–être matériel, le confort, la vie pour moi-même. Mais tout cela perdit toute valeur et tout sens. C’était amer et effrayant à réaliser…
C’est précisément alors que mon mari et moi nous sommes souvenus de Dieu. Nous nous sommes mariés. Cet événement important s’est produit après six ans de vie commune, au tout début de notre chemin dans l’Église. J’avais l’espoir qu’alors que nous nous étions repentis de ce que nous avions fait, le Seigneur nous pardonnerait peut-être et nous enverrait un enfant. Mais les années s’écoulèrent et rien ne changea. Seule la foi en Dieu s’affermit, la compréhension que chacun a reçu sa propre Croix de vie, et qu’il faut la porter sans murmurer. Nous nous souvenions toujours que le Seigneur nous avait donné une chance et que nous l’avions rejetée. Il n’y avait donc personne à blâmer pour l’absence d’un enfant, sinon nous-mêmes.
Mon mari et moi, nous allions constamment nous confesser et recevoir la communion aux Saints Dons, ce qui pour nous était le principal type de «traitement» de la stérilité. En outre, pendant cinq ans on vit défilés les médecins, certains, bardés de diplômes. Tous deux nous avons passé un nombre incalculable d’examens médicaux et tests de toutes sortes, subi maints traitements; nos revenus le permettaient, mais rien n’aidait. Les traitements étaient terriblement épuisants, je ne pouvais penser à autre chose qu’à ce problème. Le résultat fut l’apparition du cercle vicieux de la dépression, ce qui a plus encore empoisonné notre vie. Les médecins diagnostiquèrent un processus inflammatoire des plus graves, à la suite duquel une grossesse éventuelle ne pourrait être qu’extra-utérine. C’était un verdict avec lequel il fallait vivre. Nos parents nous ménageaient, essayaient de ne pas poser de questions. Mais leur anxiété silencieuse nous faisait souffrir doublement. Seule une amie proche, croyante elle aussi, mais malheureusement sans famille, était fermement convaincue que tout allait bien se passer pour nous, que le Seigneur nous éprouvait et nous éduquait. Je pensais que la solution pour notre famille serait l’adoption d’un ou deux orphelins, mais mon mari admit honnêtement qu’il ne pourrait élever les enfants d’autrui, il ne pourrait les aimer sincèrement.
Après un autre traitement, inutile lui-aussi, j’ai décidé que c’était le dernier. Mon mari et moi avions trente-trois ans et nous nous sommes résignés à l’idée que nous n’aurions jamais d’enfants. Après pareil verdict médical, ce qui se passa avec nous fut d’autant plus surprenant, et tant attendu!
Un beau jour, en effet, Batiouchka nous raconta qu’un de ses amis, un moine, était arrivé du Mont Athos et il en avait apporté une étonnante chose sainte: un morceau de sarment de vigne avec trois raisins secs. Cette vigne pousse dans le Monastère de Chilandar. Du mur de l’église principale sort son cep, à une hauteur d’un mètre et demi du sol, de la tombe vide de Saint Siméon le Myroblite. La tradition monastique dit ceci «Lorsque sept années se furent écoulées après la mort de Saint Siméon (†13 février 1200), Saint Sava (fils de Saint Siméon) vint au monastère, afin de récupérer ses reliques et les emmener dans sa patrie la Serbie, pour y réconcilier les Princes en guerre. Inconsolables, les moines de Chilandar sanglotaient. Alors Saint Siméon apparut dans un rêve à l’higoumène Méthode et lui dit que ses reliques devaient être transférées dans leur patrie, mais pour consoler les frères Chilandar de sa tombe vide, une vigne pousserait et, tant qu’elle portera du fruit, sa bénédiction reposera sur Chilandar…». Depuis lors, pendant huit siècles et jusqu’à nos jours, la vigne fructifie abondamment chaque année. Cette vigne est encore plus étonnante et merveilleuse en ce que ses fruits libèrent les conjoints de la stérilité. Depuis les temps anciens jusqu’à ce jour, les frères du monastère préparent, puis distribuent et envoient par la poste des «enveloppes d’espoir» aux conjoints stériles du monde entier. En réponse, les moines ne demandent qu’une chose: signaler les «guérisons» qui se sont produites et envoyer au monastère, si possible, des photos des bébés nés. Les moines prient pour la santé de chaque nouvel enfant de Saint-Siméon…
Batiouchka nous remit le sarment sacré à mon mari et moi. Dans l’enveloppe, en plus des choses saintes, il y avait aussi une lettre avec des recommandations du monastère, expliquant comment, en tant que conjoints, accueillir et faire usage de ces dons sacrés. Comme il était dit dans la lettre, nous avons demandé à l’église un molieben à Saint Siméon pour avoir un enfant, et nous avons plongé le sarment de vigne dans un récipient contenant de l’eau consacrée. Pendant les quarante jours au cours desquels les époux doivent prendre cette eau à jeun, il était nécessaire de jeûner, de faire chambre-à-part, ainsi que de faire cinquante métanies quotidiennes avec la prière au Sauveur et à la Très Sainte Mère de Dieu.
Nous avons fait coïncider cette période avec le Carême de la Nativité et nous avons commencé à prendre l’eau sainte le 28 novembre. Chaque jour, nous nous adressions à Saint Syméon et l’implorions de faire un miracle. Je n’ai pas douté du pouvoir de la prière du Saint, car le Seigneur nous a donné à plusieurs reprises l’occasion de voir le pouvoir de l’intercession et de la propitiation des saints pour nous, pécheurs, mais j’avais peur que Dieu ne veuille pas que notre famille ait des enfants. Mon mari, au contraire, fut surpris par mes peurs et il crut si simplement et fermement que son état d’esprit me fut transmis. Nous avons décidé avec lui que si nous avions un enfant, nous commanderions une grande icône de Saint Syméon pour notre église, et y ferions insérer un morceau du sarment qui a guéri notre stérilité.
Le Carême de la Nativité se termina, ainsi que la période de quarante jours pendant lesquelles nous devions prendre le don sanctifié. Et le 17 février (je me souviendrai toujours de ce jour), le test indiqua que j’étais enceinte. Honnêtement, j’ai même douté, je pensais que le test était faux, et j’en ai fait deux autres. Mais ils montrèrent tous un résultat positif! Ensuite, tout fut comme dans un rêve. Nous avons immédiatement célébré les moliebens de remerciement au Sauveur, à la Très Sainte Mère de Dieu et à Saint Syméon le Myroblite. Comme les médecins avaient annoncé la possibilité d’une grossesse exclusivement extra-utérine, nous avons immédiatement fait une échographie, et elle a montré que tout allait bien, le début de la grossesse datait de deux semaines et demie…
Nous avons immédiatement signalé ce qui s’est passé à Batiouchka. Il est impossible d’exprimer à quel point nous avons été reconnaissants pour ce don merveilleux! Au fond de moi-même, j’avais immédiatement décidé que lui seul serait le parrain de notre bébé. Nous n’avons pas immédiatement informé nos parents de la bonne nouvelle, seulement au bout de trois mois. De plus, nous avons raconté en détail la raison grâce à laquelle nous attendions un enfant. Nous voulions que les gens autour de nous puissent également être touchés par ce miracle incroyable. Comme il est beau que même à notre époque de matérialisme, de rationalisme et de manque de foi, une telle fête de la foi puisse être célébrée!
(…) Nous avons accompli notre vœu jusqu’à la fin, et maintenant dans notre église se trouve l’icône de Saint Siméon le Myroblite avec une parcelle du sarment de vigne qui nous a guéris. Et tous les conjoints stériles qui rêvent d’enfants, mais n’ont pas la possibilité de se rendre à la Sainte Montagne de l’Athos, peuvent venir à la basilique de la Trinité, dans la ville de Iakhroma, et prier devant la sainte icône de Saint Syméon le Myroblite. Et selon votre prière et votre foi, il vous sera donné…
Traduit du russe
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