Le texte ci-dessous est la fin de la traduction en trois parties d’un original russe de Madame Olga Orlova, mis en ligne sur Pravoslavie.ru le 08 octobre 2021 à l’occasion de la fête de Saint-Serge. Le texte est introduit par le paragraphe suivant : Saint Serge de Radonège participe aujourd’hui encore à la vie du monastère qu’il a fondé et à celle de toute la Terre Russe. On l’appelle l’higoumène de la Terre Russe. Des histoires de détective, où les découvertes fantastiques se succèdent, se déroulent parfois à la Laure de la Sainte-Trinité et s’étendent loin autour de ce centre spirituel de la Russie.
À l’automne 2004, deux ans après les événements décrits dans les deux premières parties de cet article, le Père Corneille fut envoyé en mission à Tcheliabinsk pour discuter sur place avec les Ouraliens de toutes les nuances de la fabrication des dalles pour le nouveau sol de la Cathédrale de la Trinité. Il s’arrêta à l’appartement d’une connaissance, et celle-ci, s’inquièta de voir le moine s’ennuyer hors des murs du monastère, comme un poisson jeté hors de la mer. Elle lui apporta dans sa chambre toute une pile de magazines locaux datant des dix dernières années. Le Père Corneille ne savait vraiment pas à quoi s’occuper: il avait tellement l’habitude d’obéir déjà au monastère, d’être toujours occupé. Le dimanche soir, selon la tradition de la Laure, il lut l’Acathiste à Saint Serge, et marcha d’un coin de la pièce à l’autre. Du centre de la ziggourat de quelques centaines de magazines, il en retira un au hasard…
Il lut le titre «Le Mont Saint-Syméon». Le magazine s’appelait ainsi. Un numéro de 2002. «Tout récent donc…». Il ouvrit la table des matières. Qu’est-ce qui aurait bien pu intéresser dans ces notes d’histoire locale ce moine de la Laure, qui avait renoncé au monde? Il lut les titres de la vingtaine d’articles. L’un d’eux attira son attention : «Le Destin des trésors sacrés». Mais après les récentes manifestations de la Providence Divine à la Laure, pouvait-on encore être surpris par quelque chose? En lui même, il ironisa: si vous connaissiez le destin de nos trésors sacrés… Et il commença à lire…
Deux habitantes de la région avaient tellement charmé les employés du musée d’histoire locale de Tcheliabinsk parc leur intérêt pour l’exposition qu’ils les laissèrent accéder à la réserve. Les curieuses y découvrirent parmi toutes sortes de vieilleries un objet extrêmement intéressant. Un masque. Une sorte de masque post-mortem. Pas blanc, mais noir. Pas en plâtre, mais en métal. Et, en plus, avec une encoche sur le front ou, plus précisément, dans la région du sinciput. «Mais à quoi cela sert-il?” Aucun des membres du personnel du musée n’en savait ce rien. Les deux femmes menèrent alors une enquête. Elles alertèrent tout le monde. Et il s’est avéré que…
«Avant la révolution, jusqu’à la fin du siècle dernier, vivait à Tcheliabinsk un incroyable prêtre. Veuf tôt, il serait devenu moine, mais il n’y avait personne à qui confier ses deux filles, dont l’une était malade. Le Père Ioann Dnieprovski était un homme d’une élévation spirituelle incroyable. Il essayait de ne pas conserver d’argent par devers lui, il ne demandait rien pour les offices et molebens privés, et si quelqu’un lui remettait un billet, il le donnait immédiatement à quelqu’un d’autre. Il était donc, par sa vie intérieure, proche des moines. Il en accueillait chez lui. Surtout ceux de l’Athos qui arrivaient avec des trésors sacrés, même dans l’Oural. C’est ainsi que lors d’une de ces visites, Marie, la fille du Père Ioann, guérit, ce qui est même consigné dans les annales de la Skite russe Saint-André sur le Mont Athos: «Sur la guérison bénite qui a eu lieu dans la ville de Tchelyab devant l’icône athonite miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu Consolation dans les afflictions et les chagrins». Le Père Ioann était tellement ami avec les moines Athonites, et lui-même les aidait de façon si désintéressée, qu’ils l’invitèrent à se rendre au Mont Athos, où il partit en 1884, et il se rendit également à Jérusalem. Et sur la Sainte Montagne, les frères de la Skite Saint-André lui donnèrent une parcelle importante des reliques de l’Apôtre André le Premier Appelé, ainsi que du Saint Mégalomartyr et Thamaturge Panteleimon, ainsi qu’une copie de l’icône miraculeuse de la mère de Dieu «d’Iviron». Plus tard, dans l’inventaire des biens de l’église de la Sainte-Trinité de Tcheliabinsk pour l’année 1891, il fut noté que le trésor sacré avait été donné à l’église locale «en possession éternelle»…
Le Père Corneille lut tout cela, ainsi que le fait que les deux femmes parvinrent à découvrir que cette étrange objet qu’elles avaient trouvé était le masque-reliquaire contenant des parcelles du chef du Saint Apôtre André le Premier Appelé, qui avait été conservé dans l’église de la Sainte-Trinité de Tcheliabinsk jusqu’en 1929, puis aurait dû se trouver au Musée d’Histoire Locale… Seulement voilà, les parcelles ne se trouvaient pas dans le reliquaire. C’était l’intrigue principale du récit. D’après la photo du masque-reliquaire, selon sa taille, par l’emplacement de l’ouverture sur le sinciput, le Père Corneille se rendit immédiatement compte que c’était là que se trouvait la parcelle même qu’il avait trouvée dans la cachette à la Laure! Il eut un vif désir de refermer ce magazine qui lui était tombé en mains, de le glisser à nouveau au milieu de cette pile imposante, comme un gratte-ciel de miniature fait de nombreuses publications, et de ne plus jamais se souvenir de ce qu’il venait de lire. Mais il sentit sur lui la main de la Divine Providence. L’article de ce magazine de Tcheliabinsk, presque un samizdat, se terminait également par ces mots: «Seigneur, nous avons trouvé le reliquaire. Aide-nous maintenant à trouver le trésor sacré!».
La parcelle et le masque furent photographiés une fois de plus, les images furent comparées. La taille et la forme des reliques coïncidaient parfaitement avec la niche dans la partie pariétale du reliquaire. Toute cette histoire; les moines de la Laure la contèrent au Patriarche Alexis II, et celui-ci bénit le retour du trésor sacré à Tcheliabinsk.
Ce fut une procession solennelle avec des arrêts dans de nombreuses villes de Russie. Des milliers et des milliers, peut-être, de nos compatriotes, qui avaient autrefois été convaincus par l’État-nation, affluaient pour vénérer les reliques de celui qui avait apporté la foi chrétienne à notre connaissance. Tout comme l’Apôtre André le Premier Appelé et ses sermons atteignirent les monts de Kiev et plus loin, comme le dit la Tradition, Valaam, aux XIXe, XXe et XXIe siècles, son voyage missionnaire se poursuivit: depuis le Mont Athos, aux montagnes de l’Oural, puis à Makovets et retour à la crête de l’Oural. Et c’est toujours la même bonne nouvelle de la découverte du Christ venu dans notre monde pour notre salut.
Gloire à notre Dieu!
Traduit du russe
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