Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction en trois parties d’un original russe de Madame Olga Orlova, mis en ligne sur Pravoslavie.ru le 08 octobre 2021 à l’occasion de la fête de Saint-Serge. Le texte est introduit par le paragraphe suivant : Saint Serge de Radonège participe aujourd’hui encore à la vie du monastère qu’il a fondé et à celle de toute la Terre Russe. On l’appelle l’higoumène de la Terre Russe. Des histoires de détective, où les découvertes fantastiques se succèdent, se déroulent parfois à la Laure de la Sainte-Trinité et s’étendent loin autour de ce centre spirituel de la Russie.
(…) Volumineuse, de la forme d’une plaque concave, la parcelle des reliques du Saint Apôtre André le Premier appelé ressemblait nettement à une partie de son chef. Il fallait inviter à la Laure un bijoutier, afin de discuter de la meilleure façon de fabriquer son écrin. Réfléchissant longuement à qui choisir, on opta pour Vladimir Andreevich Ageichenko, Royaume des Cieux à lui! Il dirigeait alors son propre atelier de joaillerie. La réunion fut routinière, toutes les mesures ont furent prises. Une semaine et demie plus tard, le conservateur composa à nouveau son numéro pour lui signaler quelques détails supplémentaires. Mais la conversation, qui devait être terre-à-terre, fut précédée d’une exclamation joyeuse: «Père Corneiiiiiille ! J’ai trouvé celui qui a aménagé votre cachette!».
Le Père Corneille, moine posé, élu par la suite Confesseur de la communauté de la Laure pour sa sobriété et sa sagesse, n’attacha sur le moment aucune importance particulière à cet emportement enthousiaste. Cela lui était à peine passé d’une oreille à l’autre, qu’il revint à son affaire. Après ce qu’il avait lui-même dû vivre, cela ressemblait plutôt à un jeu terne, où tout le monde voulait aussi participer au miracle. Qui parmi nous ne souhaiterait pas se retrouver dans ce flot scintillant de bénédiction divine? Mais voilà, le bijoutier n’était même pas un homme très pratiquant, même s’il avait beaucoup travaillé pour l’Église. Peu de temps plus tard, ils se rencontrèrent. Vladimir Andreevitch était si impatient de partager sa merveilleuse histoire, qu’il fut vexé par l’indifférence avec laquelle le père de Laure avait accueilli toutes ses tentatives d’annoncer avec fracas un nouveau miracle, et il ne put résister : «Père Corneille! Eh bien, j’ai trouvé l’homme qui vous a aménagé cette cachette!!!»
Le conservateur ne put résister et se mit à rire : «Et où l’avez-vous trouvé, à Moscou?».
Il s’avérait que non. Quelques jours après leur première rencontre à la Laure, lors de la réunion préparatoire à la fabrication des écrins pour ces reliques miraculeusement retrouvées, Vladimir Andreevitch s’était rendu au Monastère Saint-Joseph de Volokolamsk. Là, ses spécialistes venaient de terminer la restauration de la châsse de Saint-Joseph de Volokolamsk. Le Métropolite Pitirim (Netchaev) de Volokolamsk et de Youriev, également Supérieur du Monastère, avait réceptionné le travail. Au moment de prendre congé, Vladika, exprimant sa gratitude pour les travaux, le bénit et dit : «Je vous souhaite, Vladimir Andreevitch, de continuer à travailler pour l’Église!». L’homme accepta le compliment et ne put s’empêcher de se vanter : «Nous y travaillons, Vladika, nous y travaillons! Des écrins pour les reliques de la Laure doivent être fabriqués. Ils ont nommé un nouveau conservateur à la Cathédrale de la Trinité. Il a fouiné partout, et il a trouvé une cachette!». Vladika soudain devint très sérieux, et il commença par demander: «Qu’est-ce qui a été trouvé? Où?» Vladimir Andreevitch conta l’histoire; le grand reliquaire, la plaque centrale, et il avait à peine mentionné les premières découvertes, que le Métropolite Pitirim continua lui-même, énumérant les reliques retrouvées là-bas, rappelant qu’elles étaient emballées et identifiées par des mentions à l’encre. Il se fait qu’il avait été hypodiacre du Patriarche Alexis Ier (Simanski), et un jour sa Sainteté l’avait invité au Patriarcat et lui avait montré une armoire. Elle contenait des reliques provenant d’un grand nombre d’églises et de monastères ravagés dans tout le pays pendant les années du pouvoir soviétique. Tout cela devait, avec la bénédiction de sa Sainteté, être emballé et conservé dans un endroit qui devait être identifié. Ce jour-là, Kostia Nechaev, sans même être moine, enveloppa de ses propres mains, coula dans la cire, et rédigea les mentions d’identification de ces parcelles de reliques. Et puis d’une manière ou d’une autre, ce reliquaire se retrouva dans la salle Saint Sérapion, ce que tout le monde ignorait à la Laure elle-même. Lorsque ces reliques furent découvertes à notre époque, il faillait évidemment que quelqu’un d’autorisé témoigne de leur authenticité. Et le Seigneur révéla immédiatement de façon miraculeuse celui qui avait constitué ce reliquaire, le Métropolite Pitirim! Et tout cela se déroula exactement un an avant la mort de Vladika.
Le dernier épisode de cette série de découvertes conjuguées est associé au miracle de l’identification de l’église d’où provenait la partie du chef du Saint Apôtre André le Premier appelé, ceci constituant le fondement de l’authenticité des autres reliques.
A la Laure, on commença soudainement à dire qu’il serait bon, dans la Cathédrale de la Trinité, de renouveler le dallage allemand datant de 1905. À cette époque, il était à la mode, bien que pas très en harmonie avec l’ornementation de la cathédrale de la Trinité, ce que répétaient déjà avec insistance à l’époque précédant la révolution, les membres de la Société Impériale de Restauration, mais on n’écouta pas leurs objections. Avant cela, la cathédrale avait un sol en fonte, installé au XVIIIe siècle, et plus tôt encore, il y avait un dallage de pierres. Au début du XXe siècle, on décida d’essayer un matériau plus «progressiste». Mais au début du XXIe siècle, ce carrelage était déjà fortement endommagée et son état nécessitait qu’il fût remplacé. Au cours de diverses discussions, il fut convenu que le sol de la cathédrale devrait être recouvert de pierre naturelle. Mais de quelle sorte? Les foules de pèlerins qui affluent maintenant vers les reliques du saint, le marbre ne les supportera évidemment pas; il est trop tendre et s’use rapidement sous de telles charges. Tout comme la pierre blanche. Le granit, bien sûr, est solide, mais pour des raisons esthétiques, il est inacceptable pour l’ornementation d’une cathédrale. Alors, les iconographes de la Laure conseillèrent d’envisager la variante du jaspe. Il tapisse le sol de la Cathédrale de l’Annonciation du Kremlin.
Justement à ce moment, la Providence Divine fit organiser une rencontre impromptue avec des représentants d’une entreprise de l’Oural, qui venait juste d’extraire une pierre de jaspe de vingt tonnes, ce dont ils se vantèrent. Des échantillons furent estimés idéaux par le Conseil Artistique et de Restauration de la Laure, à la fois pour leur résistance à l’usure (le jaspe est plus dur que le granit) et pour leur qualité esthétique.(A suivre)
Traduit du russe
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