Le texte ci-dessous est la traduction en deux parties d’un original russe publié le 30 avril 2018 sur le site Pravoslavie.ru, sous le tire «Le Starets Adrien, un homme extraordinairement heureux. En mémoire de l’Archimandrite Adrien (Kirsanov)» («Поразительно счастливый человек» Памяти архимандрита Адриана (Кирсанова)) et introduit par ces phrases : Des paroles simples, une prière efficace, des révélations extrêmement importantes et des rencontres inoubliables. Ceux qui ont eu la chance de communiquer avec cet «homme étonnamment heureux» se souviennent de l’Archimandrite Adrien (Kirsanov) de Pskov-Petchory.

Le Métropolite Tikhon (Chevkhounov) de Pskov et Porkhov :
La dernière fois que j’ai vu le Père d’Adrian, c’était il y a environ un mois. Il était très faible, mais il m’a reçu. Nous avons pu parler un peu avec lui, nous nous sommes souvenus du passé. Je le connais depuis plus de 35 ans, et c’est un grand bonheur pour moi.
Le jour de notre rencontre, je me souviens qu’il était étonnamment lumineux et joyeux. Comme toujours, d’ailleurs. Je ne me souviens pas de lui maussade. Certains trouvaient qu’il paraissait extérieurement en colère, mais le Père Adrien n’était pas comme ça. Il était tout simplement concentré en Dieu, recueilli dans sa prière. Le Père Adrien était étonnamment heureux, si on peut dire cela à propos d’un héros de l’ascèse! Cette fois, lors de cette rencontre, ce concentré de bonheur en lui m’a tout simplement ébahi.Bien sûr, il portait les infirmités dues à l’âge : 97 ans, on ne peut que les admettre. Mais on ne pouvait dire à son propos ce qu’on disait des autres: «Eh bien, il est vidé». Il rayonnait de joie. Il se réjouissait en Dieu d’une joie terrestre et est passé à la joie éternelle.

Le Hiéromoine du Grand Schème Valentin (Gourevitch), confesseur du Monastère Donskoï :
Un de mes amis, après avoir été baptisé, est allé sans tarder au Monastère de Pskov-Petchory et y a été témoin d’un office de purification [exorcisme. N.d.T.], célébré par le défunt Starets Adrien, et il a vu comment les possédés réagissaient à sa prière. Cela a tellement frappé le nouveau-baptisé qu’il est rentré chez lui et a commencé la lutte avec zèle, lisant le Psautier en permanence…
Dans ses conversations peu de temps avant sa mort, le Père Adrien a exprimé une chose surprenante. Regardant sa vie, il s’est rendu compte que toute son activité de purification des possédés avait été vaine. En fait, peut-être pas tout à fait vaine du point de vue de «la conviction de nos saints Thomas modernes», comme on l’a vu dans le cas de mon ami nouveau-baptisé. Vaine, cependant, en termes d’aide réelle aux possédés eux-mêmes. Il n’y a pas eu, a dit le Starets, un seul cas de ce genre où j’ai pu réellement aider quelqu’un. Parce qu’à la place de celui qui avait été chassé, sept mauvais esprits pires encore arrivaient (Mat.12;45). Et ces gens revenaient par la suite aux offices de purification…
Et il continua à se désoler: «le Seigneur permet la possession, en guise de croix, et moi, même par amour, j’enlèverais ces croix?». Quand vous devez communier les possédés, vous dites: «C’est votre Croix. Peu importe comment le démon va agir: de l’extérieur ou de l’intérieur. Rappelez-vous que ceux qui auront porté cette croix jusqu’au bout, seront sauvés par ce martyre».

Le Père Valerian Kretchetov

Un jour, à Otradnoe, le Père Valérian Kretchetov m’a béni pour aider une possédée. Le démon, littéralement comme dans les Écritures «la jetait dans le feu et dans l’eau». C’est-à-dire qu’elle s’était soudainement retrouvée appuyée avec ses mains sur le brûleur allumé de la cuisinière à gaz et en reçut de graves brûlures. Et soudainement elle tombait dans l’eau. Et encore, elle frappait avec force sa tête sur le sol dallé de l’église. Je suis allé chez elle à plusieurs reprises et je l’ai vue répéter la même prière toutes les heures, commençant par les mots: «Béni soit le jour et l’heure…». Un jour, avec un autre paroissien, chantre de l’église d’Akoulovo (devenu prêtre entre-temps), je l’ai emmenée pour la faire guérir dans un certain centre de soins, dont nous avions appris l’existence par une annonce dans le journal. Mais elle-même, acceptant humblement ce qui lui était permis par Dieu, refusa de soulager son sort. Quand nous sommes arrivés à l’adresse indiquée dans le journal, elle a vite compris que les médiums allaient l’aider, et elle a catégoriquement refusé une telle «aide», appelant ces guérisseurs des sorciers. Par ses souffrances, elle sauvait sa famille. Elle était issue d’une famille nombreuse dont les enfants devinrent orphelins pendant la Grande Guerre Patriotique. Avec ses frères et sœurs, elle fut élevée dans des orphelinats. Personne à part elle n’était devenu croyant, et elle avait pris sur elle le podvig de tous les sauver…
Elle allait sans cesse à l’église. Sa fin fut lumineuse. Elle était épuisée, mais sauvée. Notre peuple a fortement péché devant le Seigneur: ces événements ont été semés depuis un siècle et avec les décennies de l’athéisme; les gens récoltent encore les fruits amers du rejet de Dieu.
Le Père d’Adrien eut une vision: le démon de la fornication tournait autour de la Russie et criait: «je vais noyer toute la jeunesse dans la fornication, personne ne m’échappera». Les mauvais esprits tourmentent, sinon de l’intérieur, puis de l’extérieur, la débauche c’est la diablerie même.
La purification s’obtient à travers de grandes tribulations et des labeurs; alors seulement il y a l’espoir d’entrer dans le Royaume des Cieux. Comme l’a dit un autre Starets Archimandrite du Monastère des Grottes de Pskov, le Père Ioann (Krestiankine) : «le péché entre par wagons, et il faut l’extraire avec une cuillère à thé».
Le Père Adrien nous a laissé cette révélation très importante en ses derniers jours: malgré tout ce qu’il a lui-même enduré en guise de vengeance de ces démons qu’il a chassés, ces gens ne sont pas venus à l’Église, ils ne se sont pas vraiment repentis, n’ont pas communié, et cette réalité démoniaque les a de nouveau engloutis. …Et ce témoignage de la Vraie Lumière (J.1;9) est d’autant plus distinct, qu’il s’est manifesté dans la vie du Père Adrien lui-même.

Moniale Cornelia (Rees), rédactrice de la version anglaise du site Pravoslavie.ru
Je devins une fille spirituelle du Père Adrien au début des années 1990, quand je vivais à Petchory. Pendant un an et demi, j’ai été spirituellement nourrie par lui et j’ai communiqué avec lui très étroitement, je ne faisait rien sans sa bénédiction. Et c’est lui qui m’a béni pour devenir moniale. Notre contact terrestre a malheureusement cessé depuis, mais j’espère qu’il a toujours continué à prier pour moi.

Les bienheureux startsy Ioann et Adrien

Sans aucun doute, le Père Adrien était un authentique Starets. C’est ce que disait de lui, par exemple, et le Père Ioann (Krestiankine). Bien que beaucoup de ceux qui se trouvaient à ses côtés ne l’aient pas reconnu comme tel, car il était très humble et souvent invisible pour les autres. Je ne me souviens tout simplement pas de gens aussi humbles, sauf quelques autres startsy.
En termes de paternité spirituelle, il était très strict. A cause de cela, certains frères du monastère évitaient de s’adresser à lui pour des conseils. Mais lui-même vivait une vie spirituelle très intense. Je pense qu’il avait un vaste monde intérieur spirituel que peu de gens connaissaient.
Il a également travaillé pendant de nombreuses années à la purification des possédés. Et ce n’était pas sa volonté; on lui avait donné ce mandat, si on peut dire. Cela avait commencé à la Laure de la Trinité-Saint-Serge, et puis à Petchory, où il a vécu comme en exil. Il a été retiré du Monastère des Grottes car ses purifications des possédés provoquaient un grand mécontentement de la part des autorités soviétiques. Et dans la mesure où il purifiait les possédés, il y avait toujours beaucoup de ces gens autour de lui. Ils déménageaient même pour vivre à côté du Starets, car ils se sentaient mieux quand ils allaient aux offices de purification. Et comme le père Adrien s’occupait d’eux et prenait en charge leur traitement et leur rétablissement spirituel, il leur imposait aussi une très stricte obéissance. Il s’agissait principalement de femmes, dont beaucoup menaient une vie semi-monastique, comme si elles vivaient déjà dans un monastère. Elles travaillaient quelque part dans la ville, par exemple, dans un hôpital ou un jardin d’enfants, mais elles jeûnaient comme des religieuses et menaient généralement une vie très stricte. Et comme il y avait beaucoup de femmes malades et possédées autour de lui, même certains moines avaient peur de lui.
La vie du Père Adrien fut très difficile. Il naquit après la révolution dans une famille très pieuse, et il a eu du mal en voyant ce qui se passait autour, quand les prêtres et les croyants étaient persécutés, les églises détruites, etc.
Puis la guerre a commencé. Le Starets disait que le Seigneur le gardait parce qu’il n’avait tué personne et que sa conscience, en tant que prêtre, était pure.
Quand j’étais à Petchory, j’ai vu qu’il était très malade, et son état était aggravé par le fait qu’il s’occupait des purifications, ce n’est pas une mince affaire. Bien qu’il ait accomplissait ces purifications suite à une bénédiction qui lui avait été donnée, il a dû beaucoup souffrir des stratagèmes diaboliques.
Mais en ce qui me concerne personnellement, je peux dire qu’il a changé ma vie. C’est grâce à lui que j’ai formé le désir ferme de devenir moniale.
Il était très fort d’esprit et très strict dans la vie. Par exemple, sa routine quotidienne était la suivante: il se couchait très tard, à minuit ou plus tard, parce qu’il lisait la règle ou recevait des gens, mais à trois heures du matin, il se levait de nouveau pour réciter sa règle monastique. Après une nuit de lecture de la règle, il pouvait se reposer un peu, mais ensuite il recommençait à recevoir des gens ou à célébrer, et je suppose d’ailleurs qu’il ne dormait pas avant cela. (A suivre)

Traduit du russe

Photo : site du monastère

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