Le texte ci-dessous est la traduction en plusieurs parties de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo.

Père Valerian, qu’est-ce qui détermine l’irruption des cataclysmes révolutionnaires ?

La révolution du début du XXe siècle a été précédée par un certain processus de fermentation des esprits. Saint Nicolas Velimirovitch a écrit une œuvre qui s’intitule «Guerre et Bible». L’histoire de l’humanité a un sens spirituel, elle est déterminée de l’intérieur, et ce processus secret, sur lequel les âmes des hommes se penchent, n’est dirigé que par Dieu. Ce qui se passe extérieurement ne fait que refléter ce contenu profond de la vie, le choix des gens. L’un est intérieurement déterminé à souffrir pour le Christ, l’autre juge autrui. Les apôtres se préparaient au martyre, Judas à la trahison.
On m’a récemment posé une question: pourquoi maintenant même certains prêtres commencent à nouveau à s’indigner contre le Tsar. Ils demandent pourquoi il n’a pas utilisé la police? Il sentait qu’un coup d’État se préparait, etc. Et non seulement il le sentait, mais il le savait!
On dit que le Tsar Nicolas connaissait environ quarante prophéties, sur ce qui allait se passer.
Tout à fait. C’est pourquoi, quand on commence à accuser le Tsar de faiblesse, je dis: vous savez quoi? Si c’est le cas, alors l’Évangile doit être réécrit. Dieu l’a fait aussi. Et Lui, en tant que Dieu, savait tout.Le Père Lui aurait envoyé douze légions d’anges?…
Le fait que de nouveau on parle de cette façon du Tsar indique qu’un processus interne est en cours.
La Providence de Dieu contrôle tout: le Seigneur reprend l’un, maintient un autre. Et même dans les situations les plus désespérées, il laisse en vie ou ramène à Lui, quelles que soient les circonstances extérieures. Mon fils, le prêtre Théodore, a donné la Communion à un serviteur de Dieu, et quelques heures plus tard, l’homme est mort. De toute sa vie, il n’était pas allé à l’Église! Mais il s’avère que, quand il était jeune, il refusa de participer à la destruction de la Cathédrale du Christ-Sauveur. Le Seigneur l’a honoré de Ses Saints Dons avant sa mort. Très instructif! Les gens en tant qu’être humains les gens, s’épuisent. Ma belle-mère, Helena Vladimirovna Apouchkine, m’a dit: il y avait ce Père Élie Tchetveroukhine († 18.12.1932), emprisonné. La période de sa libération approchait déjà, et comme il aimait beaucoup les enfants, il décida que quand il serait libéré, il ne servirait plus comme prêtre, juste pour rester avec des petits enfants… Il alla voir un film au sujet des enfants. Un incendie se déclara et ce prêtre est mort. La Providence de Dieu a arrangé cela pour qu’il ne descende pas de la Croix. Dieu l’a repris. Il y a tant d’exemples, le Seigneur veut que tous soient sauvés.
Le Père Élie Tchetveroukhine a été glorifié. Maintenant, c’est un hiéromartyr.
L’un voulait se détourner, mais les choses se déroulèrent différemment, un autre rêvait de souffrir, et le Seigneur ne l’a pas permis. Tout est à la merci de Dieu. C’est un processus spirituel interne très difficile: qu’est-ce qui sera accordé à qui?
Le Tsar se rendait compte qu’il avançait lui-même sur un chemin de croix, et que tout le peuple fidèle le suivait au Golgotha. Pour l’amour du Christ, le Tsar Nicolas n’a épargné ni sa famille, ni son règne, ni son peuple.
Bien sûr. Le Seigneur Lui-même est allé jusqu’à la Croix et a dit à tous les disciples: «Si quelqu’un veut marcher à Ma suite, qu’il renonce lui-même, qu’il prenne sa croix et me suive» (Mc.8;34). «Vous serez haïs par tous à cause de Mon nom» (Mat.10;22). «Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait en propre ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, et que je vous ai choisis du milieu du monde, à cause de cela le monde vous hait» (Je.15;19). «Vous serez menés à cause de moi devant les gouverneurs et les rois, pour me rendre témoignage devant eux et devant les Gentils» (Mat.10;18). Le Seigneur a vraiment averti les disciples: gardez à l’esprit que les choses seront comme ça et que cela ne vous surprenne pas.
Oui, bien sûr, il y avait ceux qui étaient glorifiés, mais c’est plutôt une exception à la règle. Et les startsy vénérés, tels que Saint Seraphim de Sarov, ont été roués de coups. La communauté à expulsé Saint Serge frères du monastère qu’il avait fondé, il y avait des frictions. Tout n’est pas rose. L’ennemi de l’homme attaque chaque chrétien à des degrés divers.

On dit qu’au plus on se rapproche de l’autel, où est offert le Sacrifice non-sanglant, au plus la bataille est ardue. Cela signifie-t-il qu’au plus on s’élève dans la hiérarchie de l’église, au le rang de la hiérarchie démoniaque déchue contre laquelle il faut lutter est élevé?

Oui, mais il est dit à tous les chrétiens «dans le monde, vous connaîtrez la tribulation, mais prenez courage : J’ai vaincu le monde» (Jn.16;33). «N’aie crainte, petit troupeau»(Lc.12;32). Si le Seigneur parle constamment de cela, alors pourquoi être surpris? «Je vous envoie comme des brebis parmi les loups» (Mat.10;16). Le Seigneur, par son amour, nous protège encore de beaucoup d’autres choses. Nous n’entrons qu’un peu en contact avec ce qui pourrait nous arriver. Pourquoi s’indigner? Il n’y a rien d’imprévisible dans nos tribulations. Le prophète Isaïe a déclaré aux Hébreux de l’ancien Testament: «Malheur à ceux qui appellent le mal bien, et le bien mal, qui font des ténèbres la lumière, et de la lumière les ténèbres, qui font ce qui est doux amer, et ce qui est amer doux !» (Is.5;20). C’est exactement ce qui se passe ces jours-ci. Une séquence intéressante: le mal commence à être appelé le bien, puis inévitablement: le bien est appelé mal, l’obscurité, lumière, et enfin: la lumière, l’obscurité.
J’ai lu un livre intitulé «Allumez votre cœur». L’auteur, Nicolas Roërich, a clairement suggéré d’utiliser le feu de l’enfer.
Eh bien, les communistes aussi: ils souhaitaient ouvertement le feu éternel à leurs camarades …

Oui. Dans ce livre, Roërich a justement cité l’adresse aux autorités soviétiques d’un mahatma, chef d’une religion orientale opposée à Dieu : «Nous vous saluons. Vous avez aboli l’Église, un foyer de mensonges et de superstitions.» Mais c’est de la calomnie et du blasphème! L’Église est «le pilier et l’affirmation de la vérité» (1Tim.3;15). Tout ce qui est sacré est déshonoré. Ensuite, on y lit encore: «Vous avez détruit la prison de l’éducation. Vous avez détruit la famille et son hypocrisie». Les penchants pécheurs bouillonnent en vous, et vous les combattez, vous vous humiliez, vous empêchez les passions de s’exprimer, et pour eux, c’est de l’«hypocrisie»! Le fait que la famille aide l’homme à combattre ses passions, à faire barrière à son égoïsme, c’est ce qu’ils appellent la «prison de l’éducation». Qu’est-ce donc pour un délire? Par conséquent, toute cette saleté retombe maintenant sur les pauvres enfants dans les pays mécréants et les familles impies. «Vous avez révélé aux enfants toute la puissance du cosmos», écrivait-il dans ce message. Mais «la puissance du Cosmos» , ce sont «les esprits mauvais répandus dans l’air» (Eph.6;12) ! Ils appellent donc la famille «prison de l’éducation», qui doit être détruite, et les enfants glissent dans la permissivité, de sorte que pour peu, les parents peuvent être poursuivis en justice.

Ça ressemble beaucoup à ce qui est imposé maintenant. De façon générale, dans le processus de mondialisation, tout ce qui est unique, proche, cher dans le sens familial, est effacé au profit d’on ne sait quoi.

Et selon leurs plans, on n’a tout simplement plus le droit d’éduquer! Car alors, on avait encore quelque chose à offrir. Mais pour les démons, les premiers ennemis et cibles de leurs actions, ce sont toujours l’Église, la famille et les enfants. (A suivre)
Traduit du russe
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