Écrits

Le texte ci-dessous est la traduction en plusieurs parties d’un original publié sous forme de brochure aux Éditions Novaia Kniga (Monastère Sretenski) à Moscou, en 1997, intitulée «Comment se préparer au Grand Carême et le vivre?» (Как подготовиться и провести Великий пост), et dû au Métropolite Ioann (Snytchev). Le texte de la brochure a été rédigé à partir des homélies prononcées par Vladika Ioann dans les années 1970′. A cette époque, il était Évêque de Syzran et Vicaire de Kouïbychev. Les homélies portaient sur les nombreuses questions spirituelles liées directement au Grand Carême. Les parties précédentes du texte se trouvent ici.

Comment œuvrer à notre perfectionnement spirituel? (suite)
J’aimerais donc que nous entamions notre lutte contre l’irritation, la colère et la rancune. Comment mener à bien cette entreprise délicate ? Comment vaincre ces passions ? Ce sont nos père théophores qui donnent la réponse, à ces questions car eux-mêmes ont parcouru ce chemin et ils nous indiquent les moyens qui nous aident à vaincre concrètement en soi l’irritation, la colère et la rancune.Observons comment les choses se passent dans notre vie. Quelqu’un nous dit un mot offensant, et nous ouvrons immédiatement la porte à l’irritation, ou, comme le dit le Saint Abba Dorothée, au trouble, et nous commençons à raisonner : pourquoi m’a-t-il dit cela? Apparemment, il veut me blesser. Attends, je te rendrai avec la monnaie de ta pièce! Voilà comment arrive l’irritation. Et si nous ne la combattons pas tout de suite, elle se transformera en colère. Pour vaincre l’irritation, il est nécessaire, comme l’ont fait les pieux moines, de s’incliner devant le prochain qui t’a affligé, et lui dire: pardonne-moi, frère ou sœur, de t’avoir causé une telle irritation! Par la même occasion nous éteignons le sentiment de trouble en nous-même, l’empêchant de prendre racine. Si nous ne le faisons pas au tout début, alors l’irritation prendra racine et se transformera en colère, qui s’enflamme en nous et brûle tout, laissant derrière elle un tas de charbons ardents prêts à s’enflammer à tout moment à leur tour, même après de nombreuses années. Alors, comment vaincre ces péchés? Seulement par l’amour. Comme le disent les saints pères, dans les moments de confusion, il est nécessaire de prier pour l’homme qui nous offense, de demander de l’aide à Dieu en criant: “Seigneur, aie pitié de mon frère et par l’intercession de ses prières, aie pitié de nous et sauve-nous des machinations de l’ennemi!» C’est ainsi qu’il faut agir, alors ni l’irritation, ni la colère, ni encore moins la rancune ne s’enracineront en nous.
Surveillez-vous, mes enfants bien-aimés! Eh bien, peut-être aujourd’hui avons-nous eu l’impression de prier, mais nous n’avons presque pas demandé l’éradication de la colère et de l’irritation en nous-mêmes. En fait, non. Voyez donc comme nous sommes négligents!
Apparemment, nous ne sommes pas prêts pour ce podvig. Mais alors, comment pourrions-nous réussir dans les vertus spirituelles si vous et moi ne pratiquons pas les vertus en général? Même tout activité de ce monde nécessite qu’on la pratique avec constance. Après tout, ce n’est pas en mots que nous apprenons avec vous, disons, à cuisiner, coudre ou cultiver un jardin! Nous écoutons les conseils, regardons comment les autres le font, puis nous essayons de le faire nous-mêmes. Au début, ça ne marche pas très bien. Et puis? Ensuite, nous acquérons progressivement une compétence particulière et devenons de bons cuisiniers, habiles, des couturières, des jardiniers… Mais si l’exercice est nécessaire dans les affaires de ce monde, comment voulons-nous maîtriser l’art des arts – les vertus spirituelles, sans nous y exercer?
Je voudrais que tous, avec l’aide de Dieu, nous commencions chaque jours à nous préparer à lutter contre le péché et à acquérir des vertus spirituelles. Ce n’est qu’avec un effort de notre part que nous pourrons éradiquer le péché en nous, ou nous protéger d’une chute dans le péché, et acquérir telle ou telle vertu.
Comment procéder à la purification de notre âme ?
Notre principale préoccupation à vous et moi doit être d’examiner si dans nos actes, dans les mouvement de notre cœur nous décelons certaines penchants pécheurs.
Et non seulement les déceler, mais aussi faire des efforts pour éliminer ces penchants pécheurs. C’est là tout notre travail sur le chemin du salut: purifier notre cœur, transformer notre âme, y planter tout ce qui est bon, tout ce qui est saint, tout ce qui est le fondement de la vie du siècle à venir. Rappelez-vous que rien d’impur n’entrera dans le Royaume de Dieu. Comme le dit l’Apôtre Paul: «ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les adultères, ni les ivrognes, ni les blasphémateurs ne peuvent hériter du Royaume de Dieu».
Voilà pourquoi notre principal podvig sur le chemin du salut est de purifier notre âme de toute souillure pécheresse et d’y implanter de bonnes qualités chrétiennes. Et nous devons lutter très fermement et fondamentalement, nous battre constamment et sans relâche. Pour cela, il est utile de nous habituer à toujours vérifier l’état spirituel dans lequel nous nous trouvons. Avons-nous atteint les degrés de la perfection spirituelle, ou nous approchons-nous d’eux, ou, au contraire nous sommes-nous éloignés de ces degrés et sommes retournés sur le chemin du péché, sur le chemin de la perdition? En outre, nous devons acquérir de l’expérience spirituelle et nous tester : ne nous sommes-nous pas trompés dans notre espoir du salut éternel? Peut-être pensons-nous avoir tué tout mouvement de péché en nous-mêmes, mais en fait, ce péché règne-t-il encore dans notre cœur, dans notre âme, et il domine nos forces, spirituelles et corporelles. Nous luttons très, très faiblement pour annihiler nos penchants pécheurs. Et les passions, bien sûr, dominent à l’intérieur de nos cœurs, à l’intérieur de nos âmes. Et comment dominent-elles! C’est effrayant à dire. Comme elles nous commandent, comme elles nous dominent et nous conduisent à toutes sortes d’iniquités, à toutes sortes de chutes. Et nous, comme des brebis muettes, sommes conduits à l’immolation, non pas au Christ, mais au péché. Regardez chacun dans votre cœur et là vous verrez vraiment l’abîme de vos penchants pécheurs. Combien y a-t-il de malice, de haine, d’envie, d’irritation, d’orgueil, de vanité, de vaine gloire, et bien plus encore dans nos cœurs! Mais il ne convient pas de contempler votre chute dans les péchés? Non, ce n’est pas à cela que l’Église nous appelle; elle nous appelle à prendre les armes, à nous armer contre le péché. Armons-nous fermement, avec diligence, afin d’éradiquer tout mouvement pécheur.
Comment commencer à guérir notre âme?

L’oisiveté est la cause de la dévastation de nos dons spirituels. Et si nous regardons dans notre cœur, dans notre âme, nous verrons qu’après un affaiblissement de notre attention et de notre bonne volonté, survient une amertume dans notre cœur, une sorte de désolation.
La question se pose donc: comment est-cela se peut- il? Après tout, nous avons reçu le Saint Baptême, nous avons reçu la Sainte bénédiction de l’onction, nous allons à l’église, nous nous efforçons de prier avec le livre de prières, mais en nous-mêmes nous n’éprouvons ni joie ni force de l’esprit. Pourquoi cela arrive-t-il?
Parce que l’attention de notre esprit s’est affaiblie, de même que nos bonnes actions, et nous nous laissons aller à la tranquillité intérieure et au confort du péché.
Et à mesure que nous persistons dans cette quête du confort dans le péché, nous chassons de nos cœurs l’action bénie du Saint-esprit. Progressivement, nous perdons la joie céleste qui nous affermissait et était dans notre cœur. C’est pourquoi nous éprouvons alors la désolation dans nos cœurs.
Et pour nous libérer de cet état, nous devons travailler dur, encore et encore. Il faut non seulement nous surveiller nous-mêmes, mais aussi veiller aux peines et besoins de nos prochains, essayer, dans la mesure de nos forces, au moins dans une petite mesure, de soulager leurs peines spirituelles et corporelles.
Nous devons nous exercer dans les vertus. Et si nous pratiquons les vertus, sans aucun doute, l’esprit d’oisiveté, l’esprit de découragement, l’esprit de désolation seront chassés de nos cœurs. Et au lieu de tout cela, l’amour divin s’embrasera, l’amour des vertus, l’amour de ce qui est la base de la vie future en Jésus-Christ notre Seigneur. (A suivre)
Traduit du russe
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