Innombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 19 mars 1950. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 1» des Homélies de Saint Luc, où elle porte le titre : Homélie sur la Passion, neuvième.
Vos cœurs ont tremblé pendant que je vous lisait le terrible récit de la mort du Sauveur sur la Croix. Ils doivent avoir tremblé, cela vous est profitable, il le faut, afin qu’ils tremblent chaque fois que vous verrez le Christ sur la Croix, et chaque fois que vous vous souviendrez de Lui. Il le faut, afin que vous vous remémoriez les images abominables, horribles des meurtriers de Dieu : les chefs des prêtres, les scribes et les anciens (dont je vous ai parlé dimanche dernier). Il le faut, afin que de tout votre cœur vous rejetiez comme une chose des plus ignominieuses, insupportables pour le cœur de l’homme, comme la chose la plus terrible au monde, cette trahison exécrable du Seigneur Jésus Christ par l’un de ses propres disciples.Oh Seigneur ! Oh Seigneur quelle chose terrible ! Un disciple, un des apôtres, trahit à mort son Seigneur. Sans doute vous êtes-vos demandé plus d’une fois comment il se fit que le Seigneur Jésus, le Dieu omniscient, ait choisi Judas parmi ses douze apôtres? Car Il savait, évidemment, Il savait quel genre d’homme c’était, Il savait qu’il Le trahirait ! Il le savait, le Dieu Omniscient, car Il sait tout. Et ce que fit Judas, cela avait été prédit par le Prophète David, plus de mille ans avant la Nativité du Christ. «Or, il est écrit dans le livre des Psaumes: Que sa demeure devienne déserte, Et que personne ne l’habite! Et: Qu’un autre prenne sa charge!» (Actes 1,20). Et dans un autre des psaumes, il dit du Seigneur Jésus Christ : «Celui qui mange avec moi le pain a levé son talon contre moi» (J. 13,18).
Il en fut donc de cela comme de tout ce qui se produisit dans la vie terrestre du Seigneur Jésus, et même de la création du monde, décrite dans l’Ancien Testament. Elle était prévue, la chute d’Adam et Eve, elle était prévue, la profonde dépravation du genre humain. La décision était prise, décision stupéfiante par l’amour dont elle est issue, l’amour envers le genre humain allant à sa perte. Dès le départ, il était prévu que la deuxième Personne de la Saint Trinité, le Verbe de Dieu, allait s’incarner, viendrait sur terre, sauverait par Ses prophéties et Sa mort sur la Croix le genre humain marchant vers sa perte. Ainsi donc, tout était prévu, annoncé dans les prophéties. Les souffrances du Christ furent décrites par le Prophète Isaïe avec une précision et une puissance telles que l’on dirait qu’il assista à ces souffrances. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on le nomme l’évangéliste de l’Ancien Testament.
Pourquoi, à quelle fin, Judas fut-il choisi parmi les disciples ? Parce qu’il devait accomplir ce qui était écrit dans l’éternelle Loi de Dieu, et annoncé par les prophètes. Cela vous étonne ? Peut-être vous demandez-vous s’il ne pouvait en être autrement ? Il ne nous appartient pas de réfléchir à cela ! Ainsi en a-t-il plu à Dieu. Dieu en a disposé ainsi. Cela signifie que cela devait se dérouler de la sorte ! Lors de la Saint Cène, le Seigneur prononça Ces terribles paroles au sujet du traître Judas : «…l’un de vous me livrera… Mieux vaudrait pour cet homme qu’il ne fût pas né»(Mat.26, 21&24), tellement son péché fut grand. Pour vous aider à comprendre pourquoi Judas était nécessaire en tant qu’outil de trahison à mort du Seigneur, je vous dirai qu’à plusieurs reprises depuis l’Antiquité la plus profonde, Dieu a choisi en tant que récipients de Sa colère des hommes qui se vautraient dans les péchés, hermétiques à la vérité ; Il les choisit comme outils de Son activité divine. Tel fut par exemple, le pharaon qui se refusait à rendre la liberté au peuple israélite et à lui permettre de sortir d’Égypte. Tel fut le redoutable Roi Nabuchodonosor. Tel fut Judas.
Mais alors, vous demanderez-vous, pourquoi Dieu permet-Il que naissent de telles mauvaises gens. Et s’ils naissent, pourquoi ne pas les faire mourir au plus tôt? Il s’agit à nouveau d’une critique des voies de Dieu, d’une réflexion à propos de ce que vous ne pouvez comprendre. Ce que vous devez comprendre, c’est que jamais Dieu ne créée des hommes mauvais. Ils ne naissent pas mauvais, ils le deviennent par le mal propre au chemin du mal, qu’ils choisissent eux-mêmes. Ils auraient pu, s’ils l’avaient voulu, être bons et éviter de participer à des œuvres semblables à celles de Nabuchodonosor, du pharaon et de Judas. Souvenez-vous, souvenez-vous de cette vérité importante, fondamentale : Dieu n’attire jamais personne à Lui par la force, Il ne recourt pas à la crainte ou l’effroi pour qu’on Lui obéisse. Seul Lui est agréable l’amour pur et libre qu’on Lui porte. La soumission née de la crainte n’a aucune valeur morale.
Si Judas l’avait voulu il aurait pu ne pas être l’abominable traître qu’il fut. Combien de grande choses ne vit-il pas, n’entendit-il pas, de la part de son Maître ! Et avec quelle douceur se comporta envers lui le Sauveur, même à l’heure terrible de la Sainte Cène, alors qu’il était déjà prêt à sortir pour livrer le Seigneur aux scribes, aux pharisiens et aux chefs des prêtres. Écoutez les mots qu’Il emploie à propos de celui qui le trahit. Il aurait pu stigmatiser Judas avec sévérité, avec colère, devant tous les autres. Mais c’est avec une profonde tristesse qu’Il dit : ««…l’un de vous me livrera». Il ne donna pas le nom du prédateur, attendant qu’éventuellement cette terrible pensée s’éteigne dans le cœur de Judas. Peut-être, au dernier moment, le malfaiteur allait-il renoncer à son entreprise, renoncer à son intention de livrer le Seigneur. Mais dans le cœur de Judas, le mal avait pris une puissance telle qu’il n’eut pas honte de demander, alors qu’il se tenait parmi les disciples : «Serait-ce moi, Seigneur?». Bien sûr il savait, le maudit, que c’était lui qui allait trahir, mais il osa poser la question. Mais le Seigneur ne dénonça pas le traître devant les autres disciples. Il répondit seulement : «Tu l’as dit ». Cela signifie : tu admets toi-même que tu vas me livrer. Et Il lui donna le pain sacré. «Dès que le morceau fut donné, Satan entra dans Judas» (J. 13,27), comme le rapporte le Saint Apôtre Jean. Quelle propos terribles : dans le cœur d’un homme, fut-il Judas, satan lui-même entra… Comment une chose pareille est-elle possible, demanderez-vous. Qu’est-ce que cela signifie? Comment est-il possible qu’immédiatement après que Judas ait reçu de la main du Seigneur le pain sacré, c’est-à-dire Son Corps, satan entre dans son cœur ? Si l’Évangéliste le rapporte ainsi, c’est qu’il en fut réellement ainsi. Satan fit du cœur de Judas sa demeure, tout comme l’Esprit Saint fait des cœurs purs et justes sa demeure. Judas devint la demeure de satan.
Comment pouvons-nous concevoir que le diable se soit emparer d’un cœur humain tout entier au point que satan y fit sa demeure ? Voici de quoi il s’agit. satan ne peut s’installer spontanément dans le cœur de l’homme. Il n’a pas le pouvoir d’y entrer, tout particulièrement si ce cœur est sanctifié par les Mystères de la Confession et de la Communion, il ne peut entrer en toute simplicité et impudence, par la force, dans le cœur où vit l’Esprit Saint, car il ne peut vivre à côté de Celui-ci : là où est Dieu, il n’est pas de place pour belial. satan n’est donc pas entré immédiatement dans le cœur de Judas ; il séduisit Judas, l’attira vers le mal et la trahison. Il prolongea longuement cette entreprise de tentation, probablement pendant toute la période de l’apostolat de Judas, et peut-être dès avant. Nous lisons en effet dans l’Évangile de Saint Jean que Judas était un voleur : il tenait la bourse dans laquelle étaient versées les offrandes, et il y volait. Cela signifie que dès avant qu’il ne devint apôtre, il aimait l’argent et volait.
A quel moment satan maîtrisa-t-il pleinement le cœur de Judas ? Dès que la décision de livrer le Sauveur y fut définitivement mûre, et lorsque dès lors le quitta l’Esprit Saint. C’est alors qu’il devint le demeure de satan. Souvenez-vous de cela. Mais n’allez pas imaginer que seul Judas fut le logis de ce dernier : nombreux ceux qui se vautrent dans le mal, le mensonge, le meurtre et le vol au point où ils sont devenus la demeure d’esprits mauvais. Ce sont ceux dont nous parle le Seigneur Jésus : «Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point. Alors il dit: Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée. Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante.» (Mat.12,43-45). Cette espèce mauvaise est devenue le terrain de jeu et la demeure des esprits mauvais.
Que pouvons-nous conclure de cela, nous, Chrétiens ? Sachons que ce fléau de l’esprit universel du mal menace chacun d’entre nous, malgré nos prières, malgré que nous recevions les Saints Dons, car le Corps et le Sang du Christ ne sont pas un talisman , un mécanisme automatique de protection contre tout mal et toutes les entreprises funestes du diable et de ses anges. Pour cela, seule existe l’aide infinie de Dieu dans notre lutte contre les tentations produites par les esprits du mal, pour autant que notre cœur soit pur, que nous ne péchions pas jour après jour. Gardons en nos cœurs ces paroles précieuses du Sauveur : «le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en emparent» (Mat.11,12). Luttons sans relâche contre nos vices et nos passions, ne jugeons personne. Souvenons-nous que beaucoup de traîtres sont parmi nous, pas aussi abominables que Judas, mais des traîtres tout de même. Puissions-nous, dans nos efforts pour conquérir le Règne de Dieu recevoir l’aide toute puissante de notre Dieu et Seigneur Jésus Christ à qui revienne gloire et puissance, ainsi qu’à Son Père sans commencement et à l’Esprit Saint pour les siècle des siècles. Amen.
Traduit du russe