Très Sainte Mère de Dieu “de Tendresse”

Le texte ci-dessous est la traduction d’une page du site du Saint Monastère de la Trinité-Saint Seraphim à Divéyevo. Cette page est elle-même un condensé du début du premier chapitre du livre rédigé par le Saint Hiéromartyr Seraphim Tchitchagov: «Chroniques du Monastère de Seraphimo-Divéyevo» (Éditions du Désert,février 2016, pour la version française. Летопись Серафимо-Дивеевского монастыря). Le texte russe du site étant légèrement différent de celui des «Chroniques», la traduction ci-dessous diffère elle aussi quelque peu de la version française précitée. Ce texte énonce une réalité qui relève des trésors sacrés de l’Église glorieuse, et rappelle la présence et l’activité incessantes sur terre de la Très Sainte Mère de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ.
La Très Sainte Mère de Dieu a pris sous Sa particulière protection quatre lieux sur notre terre, qui forment Son lot, Son apanage terrestre : l’Ibérie, l’Athos, Kiev et Divéyevo. Dans la lettre du 07 mars 1854 à l’Empereur Nicolas Ier, du «petit serviteur de Seraphim et de la Mère de Dieu», Nicolas Alexandrovitch Motovilov, celui-ci explique que «Sa bénédiction pour chacun de ces quatre lieux consiste en ce qu’Elle promettait d’être personnellement présente en ces quatre endroits pendant trois heures chaque jour, et qu’Elle ne laissera se perdre aucun de ceux qui vivent en ces lieux».

L’Ibérie1
Après l’Ascension du Seigneur, sur les hauteurs de Sion, les apôtres tirèrent au sort afin de connaître qui irait annoncer l’Évangile dans quel pays. La Très Sainte Mère de Dieu annonça qu’Elle souhaitait participer au tirage au sort, et avoir un pays que Dieu Lui-même voudrait Lui octroyer. Le sort tomba sur l’Ibérie. La Très Sainte Mère de Dieu accueillit Son lot avec joie et voulut partir immédiatement en Terre ibérique, en compagnie de l’Esprit Saint, sous forme de langues de feu, afin d’y annoncer la parole de Dieu. Mais l’Ange de Dieu Lui dit: «Le pays qui T’est échu sera illuminé plus tard, et Tu y affermiras Ta domination. Pendant quelques temps, il Te revient d’annoncer la Bonne Nouvelle en la terre vers laquelle Dieu va Te diriger». Le Seigneur Lui annonça Sa volonté : «O, Ma Mère, je ne Te refuse pas Ton lot, et Je ne laisserai pas Ton peuple sans participer aux biens célestes par Ton intercession. Mais envoie à Ta place André le Premier appelé dans Ton apanage». A la suite de cette apparition, la Très Sainte Mère de Dieu appela auprès d’Elle l’Apôtre André et lui dit : «Je serai la protectrice de la vie du peuple du pays d’Ibérie et J’élèverai Mes mains pour eux vers Mon Fils et Je Lui demanderai Son aide en tout». L’Apôtre André partit prêcher le parole de Dieu, et la foi suscitée par sa prédication commença à s’enraciner en Ibérie. L’affermissement définitif du Christianisme et sa proclamation comme religion dominante en Ibérie fut le fait, au début du IVe siècle, de Sainte Nina, l’Egale-aux-Apôtres, à laquelle la Très Sainte Mère de Dieu avait ordonné : «Vas en pays Ibère, mon apanage, proclames-y l’Évangile du Seigneur Jésus Christ, tu obtiendra Sa grâce et Je serai Ta protectrice».

L’Athos
En l’an 48, la Très Sainte Mère de Dieu, accompagnée de l’Apôtre Jean le Théologien, fuyant la persécution d’Hérode en Palestine, se rendit à Chypre, où Lazare, ressuscité après quatre jours par le Seigneur, était à l’époque évêque. Au cours de leur voyage par mer, ils furent surpris par une tempête et, échappant au gros temps, furent poussés vers le rivage du Mont Athos, à l’endroit où le Monastère d’Iviron fut fondé, par la suite. Enchantée par la magnificence du lieu, la Très Sainte Mère de Dieu fut accueillie avec respect et bonté par les habitants de l’endroit. Elle s’adressa alors à Son Fils, Lui demandant de Lui offrir le Mont Athos tout entier. Une voix venue des cieux se fit entendre : «Que cet endroit devienne Ton apanage, Ton jardin, Ton paradis, et aussi un refuge pour tout ceux qui auront soif d’être sauvés». La prédication de la Très Sainte Mère de Dieu illumina les habitants locaux, et ils reçurent le saint baptême. «Ces lieux sont Miens par la volonté de Dieu, Mon Fils. Que la grâce de Dieu soit sur ces lieux, et sur ceux qui y vivront et avec foi accompliront les commandements de Mon Fils. Ils recevront tout ce qui est nécessaire à la vie terrestre, et jamais jusque la fin des siècles, la miséricorde de Dieu, Mon Fils, ne leur manquera. Je serai Celle Qui intercède pour ces lieux, et devant Dieu, Je prierai pour eux», dit la Toute Sainte.
La Reine des Cieux Elle-même amena de divine manière des héros de l’ascèse sur l’Athos. Le premier d’entre eux fut Saint Pierre l’Athonite, à qui la Très Sainte Mère de Dieu dit : «Il n’est pas de meilleur endroit que le Mont Athos pour servir Dieu. Je l’ai reçu en héritage de Dieu, Mon Fils, afin que ceux qui veulent échapper aux soucis et séductions du monde viennent ici et servent Dieu. Grand est Mon amour pour ce lieu, et il viendra un temps où, d’un bout à l’autre, du Nord au Sud, il sera rempli de moines. Et s’ils servent Dieu de toute leur âme, et conservent Ses commandements, ils recevront Mon aide, ici, sur terre. Je serai là pour alléger leurs maladies et leurs labeurs. Je leur donnerai la possibilité d’avoir tout le nécessaire, j’affaiblirai les attaques de l’ennemi contre eux et Je glorifierai leurs fruits dans toute la création».

Kiev

Pendant la première moitié du XIe siècle, Antoine, le futur grand saint, venu de la Rus’ de Kiev, reçut la tonsure monastique sur l’Athos et y mena son exploit ascétique. La Très Sainte Mère de Dieu dévoila à Théoctiste, l’higoumène du monastère, la nécessité pour Antoine de repartir en sa terre natale. Le bénissant lors de son départ, l’higoumène dit à Antoine : «Repars en Terre de Russie. Grâce à toi, ceux qui y vivent excelleront et s’affermiront dans la foi chrétienne. Que la bénédiction de la Sainte Montagne soit avec toi!» Antoine arriva de l’Athos en 1013. Il creusa une grotte dans une colinne proche du village de Berestovo, mais peu de temps après, il repartit vers l’Athos. En 1019, le Grand Prince Iaroslav le Sage accéda au trône de Kiev. Quelques temps plus tard, au Monastère athonite d’Esphigmenou, l’Higoumène Théoctiste eut une nouvelle révélation divine, selon laquelle il était nécessaire de renvoyer le moine Antoine en Terre russe. L’Higoumène appela Antoine et lui dit : «Va de nouveau en Russie, et que la bénédiction du Mont Athos y soit avec toi! Car de nombreux moines sortiront de toi». En 1028, Antoine repartit vers la Rus’ et s’installa dans les grottes de la rive du Dniepr, proches de la ville de Kiev. Il entama alors une période de jeûne et de prière intensive. Des Chrétiens commencèrent à venir lui demander conseils et bénédiction. Ils en tonsura quelques-uns, et en fit des moines. Ainsi naquit la grandiose Laure des Grottes de Kiev, le troisième apanage de la Très Sainte Mère de Dieu. Cela se produisit environ en 1028, sous le règne du Grand-Prince Iaroslav le Sage.
Au début, la vie de prière du monastère était concentrée dans les grottes, où se trouvait l’église, le réfectoire et les cellules. Mais le nombre des frères crût, et la petite église des grottes devint trop exiguë. Alors, Saint Antoine bénit la construction d’une église en bois sur la colline. Ainsi commença à prendre forme le glorieux monastère, qui fut qualifié «des grottes» car il y fut fondé. Saint Antoine ne disposait pas d’or, mais sont labeur rendit le monastère incomparable, et en fit le premier centre spirituel de la Russie.

Divéyevo
Les débuts de la communauté de Divéyevo furent également marqués par la participation miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu.Agathia Semionovna Belokopytova, née dans une famille aristocrate du Gouvernorat de Nijegorod, épousa le Lieutenant Melgounov, un riche propriétaire de domaines situés dans les gouvernorats de Iaroslav, de Vladimir, et de Riazan. Mais rapidement, elle devint veuve, mère d’une fillette. Souhaitant préserver la pureté de son veuvage, Agathia Semionovna quitta le monde et se consacra à la vie monastique dans le Monastère Florovski à Kiev. Une nuit, à l’issue de l’office de prières du milieu de la nuit, Agathia Semionovna fut gratifiée d’une vision de la Très Sainte Mère de Dieu, dont elle entendit les paroles suivantes : «C’est moi, ta Souveraine et ta Maîtresse, Que tu pries sans cesse. Je suis venue t’annoncer Ma volonté. Ce n’est pas ici que Je veux que tu finisses tes jours. De la même manière que J’ai retiré Mon serviteur Antoine de Mon apanage athonite, Ma Sainte Montagne, afin qu’il vive ici, à Kiev, et y fonde Mon nouvel apanage, la Laure des grottes de Kiev, Je te dis maintenant:sors d’ici et rends-toi en la terre que Je t’indiquerai. Pars vers le Nord de la Russie et visite tous Mes saints monastères de Grande Russie. Je te montrerai un lieu où tu pourras terminer ta vie d’une manière qui plaît à Dieu. Et tu glorifieras là Mon nom, car en ce lieu où tu résideras, Je fonderai Mon grand monastère. Vas donc, Ma servante, et que soient avec toi la grâce de Dieu, Ma force, Ma grâce, et Ma générosité!». Après avoir pris conseil auprès des starets de Kiev, Agathia Semionovna quitta le Monastère Florovski et chemina vers le Nord. Ayant visité maints lieux et monastères, elle se dirigea vers Sarov. C’était environ en 1760. A douze verstes d monastère, au village de Divéyevo, ouïezd d’Ardatov, gouvernorat de Nijegorod, elle fit halte afin de se reposer au pied du mur d’une petite église en bois. Dans la pénombre, elle fut gratifiée par une seconde apparition de la Très Sainte Mère de Dieu qui dit à Matouchka Alexandra : «Voici le lieu même que Je t’ai ordonné de rechercher dans le Nord de la Russie… Voici le terme que la Providence Divine t’a assignée : vis et complais au Seigneur Dieu ici, jusqu’à la fin de tes jours. Je serai toujours avec toi. Je visiterai toujours ce lieu. Et dans en cet endroit, Je fonderai Mon monastère, un monastère tel qu’il n’y en eut aucun, tel qu’il n’y en aura plus jamais aucun en ce monde. Ce sera Mon quatrième apanage sur la terre entière. Et je multiplierai ici, telles les étoiles des cieux et les grains de sable de la mer, les servantes du Seigneur Dieu, qui me magnifieront, Moi la Toujours-Vierge, Mère de la Lumière, ainsi que Mon Fils Jésus Christ. La grâce de Dieu l’Esprit Saint et en ce lieu bien-aimé par Moi, l’abondance de tous les biens terrestres et célestes ne manqueront pas, et nécessiteront peu de labeur humain».
Traduit du russe
Source: Четыре удела Пресвятой Богородицы

  1. Ancienne appellation de la Géorgie.