Saint Aristocle naquit dans l’Oural en 1846, et fut baptisé sous le nom d’Alexis. Il rejoignit le Mont Athos, y mena son podvig, et puis il rentra en Russie et y entama un second podvig. La majeure partie du texte français est la traduction des pages du livre «Paterikon Russe Athonite des XIXe et XXe siècles» (Русский Афонский Отечник XIX — XX веков) édité à la Sainte Montagne en 2012 par le Monastère Saint Panteleimon. Il y est question de la vie du Starets, de ses prophéties, des miracles qu’il accomplit. L’intérêt du texte provenant du site du monastère est double, car outre sa dimension spirituelle, il relève également de la chronique et de l’histoire. Les premières parties du texte se trouvent ici.
La moniale Evtimia se souvient :
Une des mains de ma petite maman la faisait beaucoup souffrir, depuis des années. Quels que soient les traitements, quels que soient les médecins, rien n’enlevait la douleur. Un jour, je lui dis :
Allons chez le Starets, il aidera.
Nous y allâmes le matin. Le Starets n’était pas en très bonne santé et se trouvait dans sa cellule. Il nous accueillit avec un tel amour! Il était même tout souriant. Comme s’il nous attendait, il n’était pas assis sur son siège, à sa place habituelle . Il nous bénit et commença à parler. Il prit la main de maman et se mit à la frotter. Je débarrassai maman de son caftan et il continua à frotter sa main, en souriant. Plus précisément, il y avait en lui quelque chose qui nous consolait et il en était tellement satisfait qu’il ne pouvait s’empêcher de sourire. Ensuite, ayant lâché la main de ma petite maman, il lui donna une petite prosphore, oignit maman et, tout joyeux, nous renvoya. Dès ce moment, les douleurs disparurent. Je pense que mon starets se réjouit, car il savait que par ses prières, le Seigneur allait guérir ma petite maman.
Et comme le Starets me consolait lors de nos entretiens! Il arriva qu’il dise : «Oh, mon enfant bien-aimée, si tu savais comme je veux vous sauver! J’endurerais tout pour vous. Que le Seigneur vous sauve! Si seulement je pouvais vous amener à Lui! Si vous étiez sauvée…! Je n’ai pas de plus grand souci que vous amener au Seigneur, et je n’ai pas de travail plus sérieux sur terre que le salut des âmes...» Batiouchka se réjouissait toujours, lorsqu’il voyait nos efforts à nous, ses enfants spirituels, les uns envers les autres, ou envers autrui. Il manifestait une reconnaissance peu courante devant la moindre sympathie de la part d’autrui. Il aimait extraordinairement les enfants. Il était toujours, toujours, entouré d’enfants. Ils lui étaient tellement attachés qu’aucun d’entre eux ne voulait quitter son batiouchka…
Il arrivait que le Starets quitte sa cellule et sorte dans la cour. Le peuple l’y attendait, évidemment. Il bénissait tout le monde. On lui remettait une boîte contenant de la nourriture pour les colombes, et Batiouchka rassasiait celles-ci, en priant et en les bénissant. Il en était ainsi chaque matin, et les colombes, perchées dans tous les coins, l’attendaient. Ensuite, le Starets, par une porte dérobée, arrivait là où l’attendaient les enfants, accompagnés d’aînés. Seuls les adultes étaient admis par la grande porte d’entrée. Il commençait par recevoir tous ceux qui étaient accompagnés d’enfants, ensuite, il passait dans une grande pièce dont les murs étaient couverts d’icônes, comme une chapelle, pour donner la bénédiction commune. Batiouchka finit par être épuisé par la foule; certains jours, il recevait plus de mille visiteurs.
Le Starets Isaïe fut témoin de la résurrection d’une fillette par les prières du Starets Aristocle. Il l’expliqua lui-même au Starets Daniel du Monastère Donskoï, après la mort du Starets Aristocle. Un jour, une femme arriva auprès du Starets Aristocle. Elle portait dans ses bras une fillette morte. Elle raconta qu’elle venait de Riazan car elle avait entendu parler des miracles du Starets. Elle lui apportait sa fillette malade dans l’espoir que Batiouchka la guérisse. Mais la fillette mourut en chemin. Maintenant, la mère demandait au Starets de lui rendre la vie. Elle ne doutait aucunement de la puissance d’intercession des prières du Starets devant le Seigneur et elle attendait avec foi un miracle de la part de Batiouchka. Et le miracle se produisit : par les prières du Starets Aristocle, la fillette ressuscita et guérit de sa maladie. La mère serrait contre elle la fillette ressuscitée, incapable de trouver des paroles de remerciement, elle répétait seulement : «Que Dieu vous donne la santé, Batiouchka, que Dieu vous donne la santé!».
Après le décès du Saint Starets Aristocle, les miracles ne cessèrent pas. Pendant toutes ces années, les fidèles Orthodoxes ont vénéré saintement la mémoire du Saint Starets et sa tombe est devenue un lieu de pèlerinage. C’est pourquoi en 2001, la Commission Synodale pour la glorification des saints de l’Église Orthodoxe russe, ayant étudié les matériaux qui lui avaient été présentés, conclut que rien n’empêchait la glorification du Starets Hiéromoine du Grand Schème Aristocle, parmi le chœur des saints moines, en qualité de saint honoré localement dans la région de Moscou. Par la miséricorde divine, l’invention de ses reliques se déroula au Cimetière des Danilov à l’été 2004 et (…) le six septembre 2004, le Starets Aristocle fut glorifié en qualité de saint local de l’Éparchie de Moscou, et en qualité de saint moine, lors de la Divine Liturgie présidée par Sa Sainteté le Patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie, dans la Cathédrale de la Dormition, au Kremlin, et concélébrée par le Métropolite Clément de Kalouga et Borovsk, les Archevêques Arsène d’Istrinski, Euloge de Vladimir et Alexis d’Orexov-Zouievsk, et de l’Évêque Alexandre de Dimitrovsk. (…) Le 13 novembre 2004, les saintes reliques du Saint Hiéromoine Aristocle furent transférées en procession, du Cimetière des Danilov au Podvorié athonite de Moscou. Aujourd’hui, les reliques du Saint reposent dans l’église du Saint Mégalomartyr Nikita au Podvorié athonite de Moscou. (A suivre)
Traduit du russe.