Voici la traduction de l’homélie que l’Archevêque Ioann (Snytchev) de Samara (à partir de 1990, Métropolite de Saint-Pétersbourg et Ladoga), prononça le jeudi 14 octobre 1976 en la Cathédrale de l’Éparchie, à l’occasion de la fête du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu. Le texte original est repris aux pages 285 à 287 du recueil d’homélies du saint Vladika Ioann, publié en 2012 à Saint-Pétersbourg (4e édition), par les éditions Tsarskoe Delo, sous le titre «La voix de l’Éternité» (голос вечности). Le journal qu’a laissé Vladika Ioann fournit une vision stupéfiante de la vie quotidienne des Orthodoxes en Union soviétique, au cours des cinquante dernières années de cette dernière. Ce journal permet aussi de comprendre pourquoi de nombreux Russes considèrent Vladika Ioann comme un saint.
Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit !
Aujourd’hui, nous célébrons triomphalement dans la prière, la fête de notre église, «La Protection de la Très Sainte Mère de Dieu». Cette divine protection de la Très Sainte Mère de Dieu s’étend non seulement sur ceux qui prient, mais sur le monde entier.
Voici d’où provient cette fête. Voilà bien longtemps, Constantinople, confluent symbolique de la foi chrétienne, courrait le grand danger d’être attaquée par les Sarrasins. Ses habitants pétris d’effroi, rassemblés dans l’église des Blachernes, prièrent Dieu et demandèrent l’aide de la Reine des Cieux. Et voici que pendant l’office, le Fol-en-Christ André, qui se trouvait parmi l’assemblée, éleva son regard, et il vit, en l’air, la Mère de Dieu, entourée par le chœur des anges, des prophètes et des apôtres, étendait Son omophore sur l’assemblée en prière. Ce fut un signe de victoire, et le peuple en larmes rendit grâce à la Reine des Cieux. C’est donc en l’honneur de cet événement que fut instauré dès l’époque où il survint, le fête de la protection (Pokrov) de la Très Sainte Mère de Dieu.
C’est à travers par l’intercession de la Mère de Dieu que nous avons obtenu notre salut, notre réconciliation avec Dieu, le pardon du péché ancestral, lorsqu’avec humilité, Elle répondit à l’Archange Gabriel : «Voici la Servante de Dieu. Qu’il me soit fait selon ta parole» (Lc1,38). La Mère de Dieu bénit le premier mariage, à Cana en Galilée, priant Son Fils de faire preuve de miséricorde, et Il changea alors l’eau en vin. Elle manifesta de cette manière Son amour pour le peuple. Lors de Sa dormition, la Très Sainte Mère de Dieu souhaita que les apôtres et disciples l’accompagnent dans les derniers instants de Son chemin, et par la miséricorde de Dieu, ils furent tous, sauf l’Apôtre Thomas, transportés de miraculeuse façon au chevet de Son lit de mort. Lorsqu’au bout de trois jours, ils vinrent à Sa tombe, afin de permettre à l’Apôtre Thomas de prendre congé de la Mère de Dieu, ils ne purent trouver Son corps et virent seulement Son linceul. Plus tard, au moment où ils prenaient leur repas, les apôtres, élevant leur regard, La virent. La Très Sainte Vierge se tenait en l’air et leur dit : «Réjouissez-vous, je suis toujours avec vous».
Le Seigneur avait bénit Sa Très Sainte Mère en Lui évitant la corruption du corps.
Tout ces faits tirés de la vie de la Très Sainte Mère de Dieu confirme l’activité de la Mère de Dieu en faveur de nous tous et de toute l’humanité, devant Dieu. Elle réalise des guérisons miraculeuses, et accorde de l’aide à tous ceux qui accourent vers Elle avec foi, et avec un amour sincère. Elle sauva à plus d’une reprise notre Patrie des ennemis, et par reconnaissance, le peuple peignit des icônes nommées d’après ces événements miraculeux et en donnèrent les noms à leurs églises.
Pour que le divin Pokrov ne nous quitte jamais, il est nécessaire que nous aimions Son Fils, notre Seigneur, comme le disent les paroles du Sauveur : «Celui qui m’aime observe mes commandements».
Observons-nous Ses commandements? Que chacun de vous vérifie. Vérifiez votre conscience, vérifiez votre situation intérieure. Mais en plus de la foi, il faut de bonnes actions. Et pour accomplir celles-ci, il faut des efforts, il faut travailler sur soi-même. Mais nous, nous voulons atteindre la bienheureuse vie éternelle, sans aucun travail particulier sur nous-mêmes! Prenez serait-ce un exemple, celui du langage. Nous n’essayons absolument pas de le brider, de faire le moindre effort pour contrôler les accès de colère. Nous laissons éclater notre colère à la moindre occasion, alors qu’il faudrait justement en ces moments-là, faire preuve de douceur, d’humilité, d’obéissance.
Tout cela peut s’apprendre auprès des Saints Pères. Saint Antoine le Grand, par exemple, atteignit un tel degré d’humilité, que les frères de sa communauté pouvaient essayer tant qu’ils le voulaient de le faire entrer en tentation, ils n’y parvenaient pas.
Aujourd’hui, en ce jour de vénération particulière de la Protection de la Mère de Dieu, j’aimerais à nouveau aiguiser votre attention:souvenez-vous que sans effort, sans travail sur soi, il est impossible d’atteindre la bienheureuse vie éternelle. Nous demanderons donc à la Reine des Cieux de ne pas écarter de nous Sa miraculeuse Protection, afin qu’avec Son aide, nous puissions atteindre le but souhaité de notre chemin salvateur:la bienheureuse vie éternelle en notre Seigneur Jésus Christ, à Qui reviennent tout honneur et toute gloire dans les siècles des siècles. Amen.
Traduit du Russe.