Sainte Matrone de Moscou est largement connue. Mais qui sait qu’à une dizaines de minutes au Sud de la Laure de la Sainte Trinité-Saint Alexandre Nevski, à Saint-Pétersbourg, sur la berge de la Neva se trouve la tombe de la Bienheureuse Matrone de Saint-Pétersbourg, affectueusement appelée Matronouchka aux-pieds-nus? Le texte ci-dessous a été composé à partir de la traduction d’extraits du chapitre consacré à Matronouchka dans le livre “Les Bienheureux de Saint-Pétersbourg” (Блаженные Санкт-Петербурга. От святой блаженной Ксении Петербургской до Любушки Сусанинской), publié par les Éditions Voskresenie, à Saint-Pétersbourg) et de deux minces brochures en vente au comptoir de la Chapelle de l’icône de la Mère de Dieu “Joie de tous les Affligés”, située Perspective Oboukhovskoï Oborony, au bord de la Neva, à côté de la tombe de la Bienheureuse.
Matrona Petrovna Mylnikova naquit en 1814 dans le village de Vanina, dans le Gouvernorat de Kostroma. Ses parents étaient agriculteurs. Son père, Pëtr Evstigneevitch Cherbinine avait épousé Agafia Nesterova, et ils avaient quatre enfants, Matrone et trois fils. Tous se consacraient à l’agriculture et étaient illettrés. On sait très peu de choses de ses années d’enfance. Matrone épousa un commerçant de la ville de Kostroma, Igor Mylnikov. Mais le mariage fut pour elle une lourde épreuve qui lui réserva de nombreuses amertumes. A Kostroma, le couple possédait une petite maison et une épicerie. Quand éclata la guerre russo-turque de 1877-1878, son mari fut appelé dans les rangs de l’armée. Matronouchka décida de l’accompagner au front, où elle servit en qualité de ‘soeur de la charité’, [c’est-à-dire infirmière volontaire. N.d.T.], ce qui lui valut une solde mensuelle de 25 rouble, qu’elle distribuait aux soldats pauvres. Igor mourut au combat et lorsque la guerre prit fin, Matronouchka décida de consacrer le reste de sa vie à servir Dieu et son prochain. Elle vendit ses biens et en distribua les revenus aux indigents et aux pauvres.
C’est alors qu’elle prit sur elle pour trente trois ans la terrible ascèse de folle-en-Christ, et entama son errance. Son premier voyage la mena aux îles Solovki. Elle parcourut ensuite les lieux saints de Russie et de Palestine, se rendant à quatre reprises à Jérusalem, toujours pieds nus. Été comme hiver elle était vêtue d’une blouse légère, toujours de couleur blanche, symbole de la pureté angélique. Pendant trente ans, elle vécut à Saint-Pétersbourg. Dès le début de la construction de la chapelle de l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu “Joie de tous les affligés” (dite icône du miracle de la menue monnaie)1, Matronouchka vint s’y installer et y demeura les seize dernières années de sa vie. C’est là qu’on venait rencontrer la Staritsa clairvoyante et aimée de tous. C’est dans cette chapelle que sa prière devant l’icône opéra des miracles. Elle aidait les gens par sa prière, les protégeant des malheurs et infortunes, dévoilant les desseins du Christ à maints d’entre eux. On venait lui demander la guérison des malades, la libération d’afflictions les plus diverses, l’obtention de consolations et de succès dans des démarches fort variées. C’est par milliers qu’ils vinrent “chez Matronouchka”, comme ils disaient avec tendresse. Elle les accueillait tous, les conseillait et les faisait prier avec elle. Elle guérit miraculeusement par sa prière les maladies les plus lourdes et débarrassa d’innombrables victimes du fléau de l’alcoolisme. Ceux qui avaient perdu leur travail, ceux qui se retrouvaient sans salaire, qui éprouvaient de grands besoins, recevaient ce à quoi ils aspiraient en priant avec elle le Seigneur Dieu. Il arrivait qu’elle reçoive des dons importants. Alors, elle distribuait tout aux indigents, envoyait des offrandes aux paroisses pauvres et aux monastères. Elle s’en servit également pour acheter un Évangéliaire et de petites icônes, bénédictions et consolations pour ses visiteurs qui venaient par milliers.
Le Seigneur lui donna de connaître le moment de son décès. Dès le début de 1909, la Bienheureuse commença à évoquer sa mort. Et pendant les deux dernières années de sa vie, elle communia aux Saints Dons chaque dimanche, et reçu l’onction à plusieurs reprises. Et elle s’en alla vers le Seigneur le 30 mars 1911.
La Bienheureuse était vénérée et tenue en haute estime par la Famille Impériale elle-même. La Tsaritsa Alexandra Feodorovna pleura longuement quand elle appris le décès de Matronouchka, et elle fit envoyer une couronne de fleurs sur sa tombe. Ses funérailles, célébrées en la chapelle où elle avait tant prié, furent suivies par une foule immense de vingt cinq mille personnes qui voulurent ainsi lui rendre hommage et prendre congé d’elle. Ce fut un témoignage d’amour envers la défunte, et un témoignage de sa sainteté. Le prêtre qui présida la célébration de la Liturgie (ce jour correspondait au dimanche des rameaux) le jour des funérailles de Matronouchka fut Pëtr Skiperov, recteur de la chapelle et premier néomartyr de l’Éparchie de Petrograd, fusillé par l’armée rouge en 1918 à la Laure Saint Alexandre Nevski. Dans son cercueil, elle reposait vêtue du Grand Schème et munie de la croix. Il s’avéra que Matronouchka avec reçu secrètement tonsure monastique et Grand Schème, ainsi que le nom de Maria, lors d’un de ses séjours à Jérusalem. Elle fit toutefois le serment de n’en rien révéler avant sa mort. Elle fut inhumée dans le cimetière de la chapelle. En 1995 et en 1999 furent prises les mesures qui permirent de déplacer la tombe et de l’aménager telle qu’elle est encore aujourd’hui.
Témoignage d’un moine du Monastère de Zelenetski
Mon demi-frère vint me rendre visite au monastère. Il était arrivé de Sibérie à Saint-Pétersbourg pour se faire examiner à l’Institut Médical. Les médecins avaient décelé la présence d’une tumeur maligne. Que conseiller à mon frère athée? “Tu comprends toi-même ta situation. Je ne peux t’y obliger, mais j’aimerais que tu quittes cette vie en Chrétien”. Le lendemain, profitant d’une navette du monastère, mon frère se rendit à Saint-Pétersbourg, à notre Podvorié, c’est-à-dire la Chapelle de l’icône de la Mère de Dieu “Joie de tous les Affligés”, du miracle de la menue monnaie. Et il s’y fit baptiser… Sans doute alla-t-il vénérer la Bienheureuse Staritsa… Ce qui est intéressant, c’est que les analyses médicales suivantes infirmèrent le diagnostique du cancer. Même l’hiver on apporte des fleurs sur la tombe. Sans cesse les gens demandent au sacristain de l’huile de la lampe de Matronouchka. Ce lieu est béni et miraculeux.
Témoignage d’Alexandre (District de Gatchina)
Par les prières de la Staritsa Matrona, nous avons reçu de l’aide dans nos difficultés familiales. Notre fille vivait avec son homme sans mariage enregistré, et sans notre bénédiction. Le matin du 23 mai 2000, je suis allé prier sur la tombe de la Staritsa pour notre fille. Le soir même, son homme vint demander notre bénédiction pour leur mariage et ils promirent qu’il aurait lieu.
Témoignage de Paul K. (Rue Zamchine, Saint-Pétersbourg)
De terribles douleurs aux lombes me faisaient souffrir depuis vingt ans. Aucun traitement n’aidait. Lorsque je marchais, il arrivait que mes jambes flanchent. Un jour, je me trouvais à proximité de la chapelle. Mon dos me faisait tellement souffrir que je cherchai un endroit où m’asseoir. Je lus sur la porte de la chapelle le panonceau indiquant la présence sur la berge de la tombe de Matronouchka aux-pieds-nus. Je m’y rendis. Je vis la photo de la Bienheureuse Staritsa. Je la regardai dans les yeux et demandai “Babouchka Matrona, aide-moi, c’est tellement pénible!”. Le lendemain matin, quand je m’éveillai, la douleur aux lombes avait disparu et je pouvais marcher normalement”.
Traduit du russe
- Le 23 juillet / 5 août 1888, un miracle se produisit dans la chapelle. Vers quatorze heures, un terrible orage se déchaîna sur Saint-Pétersbourg. La foudre s’abattit sur la coupole de la chapelle qui en fut détruite, et un incendie commença à brûler le bâtiment. Voyant cela, les habitants du voisinage, nombreux car il s’y trouvait une usine, accoururent et parvinrent à circonscrire le sinistre par leurs propres moyens avant l’arrivée des pompiers. Le vieux gardien remarqua alors que la vitre du coffret à icône qui protégeait l’icône de la Mère de Dieu “Joie de tous les affligés” était brisée et que la boîte à offrandes qui se trouvait devant le coffret à icône avait disparu. Les pièces de monnaie de la boîte avaient été projetées sur l’icône elle-même et une force mystérieuse les y maintenait collées. Malgré les tentatives de décoller les pièces, celles-ci étaient scellées dans la peinture. Un tel phénomène était absolument incompréhensible. Tous les gens présents, à l’esprit simple et au cœur pur, attribuèrent le phénomène à la puissance de la dextre divine. (Traduit de la page 4 de la brochure ‘Acathiste à la Mère de Dieu “Joie de tous les affligés” (de la menue monnaie), de Saint-Pétersbourg, publiée par le Podvorié du Monastère de la Trinité-Zelenetski)