L’original du texte ci-dessous a été écrit par l’Higoumène Arsène (Galdavadzé), fils spirituel du récemment défunt Archimandrite et Starets Lazare (Abachidzé), qui était également, comme le montrent les icônes ci-dessous, un iconographe formidable. Le texte original en russe a été publié sur le site Pravoslavie.ru le 04 septembre 2018, sous le titre: «Un intrépide défenseur de l’Orthodoxie et de la morale traditionnelle». Le texte «Les startsy s’en vont les uns après les autres. A la mémoire de l’Archimandrite Lazare» a été traduit du russe en publié en septembre 2018 ici.
Notre guide et Père Spirituel de bienheureuse mémoire, l’Archimandrite Lazare (Dans le monde Mikhaïl Petrovitch Abachidzé-Desimon), naquit le 23 juillet 1959 dans un des plus beau coin de Géorgie, l’Abkhazie, dans la ville de Garga. Il termina les cours de l’école communale russe et entra à la Faculté d’Architecture d’un des instituts moscovites. Selon ses propres paroles, depuis son enfance, il ressentait une sorte d’insatisfaction imprécise. Étudiant dans cette université moscovite, il éprouvait envers le régime politique qui prévalait dans le pays, et envers la fausseté régnant dans le monde, de la défiance qui suscita en lui une protestation. Sa famille ne fréquentait pas l’église et Mikhaïl n’était pas baptisé. Le sentiment d’insatisfaction et de protestation le poussèrent à se tourner vers les mouvement des jeunes hippies.
Quelques années plus tard, il trouva une bible chez un ami, ainsi qu’un livre de catéchisme. Cette lecture produisit une forte impression sur lui, particulièrement le chapitre de la prophétie d’Isaïe à propos de la Passion du Sauveur. Depuis ce moment, il commença très sérieusement à s’intéresser à l’Orthodoxie et essaya d’en saisir l’essence.
Le 11 mars 1984, en résultat de ses démarches réfléchies et après s’y être préparé, le jour du Triomphe de l’Orthodoxie, à l’âge de 24 ans, il reçut le baptême dans l’église du Prophète Élie «construite en un jour», à Moscou. Le prêtre qui le baptisa le questionna sur ses projets pour l’avenir, et le nouveau baptisé Mikhaïl répondit qu’il avait décidé de vivre, le moment venu, dans un monastère. «Le Monastère, c’est une bonne chose!» fut la réponse.
Dès avant son baptême, Mikhaïl s’était intéressé aux ermites qui vivaient à Soukhouma, à côté du Lac Amtkel. Il lui était arrivé de séjourner près du lac et il avait vu plusieurs cellules d’ermites. Peu de temps avant son baptême, Mikhaïl apprit l’existence d’un monastère peu éloigné de Tbilissi: Bétanie (La Maison de la Pauvreté), où trois moines menaient leur combat ascétique. Il décida d’aller voir de plus près et de faire connaissance avec la vie monastique, mais ensuite, il s’isola dans le «désert» de Soukhouma.
Le 20 mars 1984, il partit pour le monastère de Bétanie, où il demeura jusqu’en 1997. Pendant la période de noviciat, il se distingua par sa bonne conduite et sa crainte de Dieu, son zèle dans les obédiences et son amour de la prière. Le premier livre qu’on lui donna à lire fut «Les récit d’un pèlerin à son père spirituel». En 1986, lors de la fête de l’Annonciation à la Très Sainte Mère de Dieu, le supérieur du monastère, l’Archimandrite Ioann (Cheklachvili), accorda la tonsure monastique au novice Mikhaïl ainsi que le nom de Lazare. Cette année-là, le Samedi de Lazare, dans la Cathédrale patriarcale de Sion, Sa Sainteté le Katholikos-Patriarche de Géorgie, Élie II, l’ordonna diacre et le jour du Saint Esprit, prêtre. De 1987 au 14 janvier 1997, le Père Lazare fut le supérieur du Monastère de Béthanie. Au printemps 1991, le Katholikos-Patriarche de toute la Géorgie, Elie II, éleva le Père Lazare au rang d’Archimandrite.
Le Père Lazare fut le premier à faire renaître l’école d’iconographie géorgienne: depuis l’iconostase à Svetikhoveli, en passant par l’icône des trois hiérarques de la Cathédrale de Sion, Saint Georges, l’Apôtre Thomas, la grande croix de la Cathédrale de Sion où est représenté le Crucifié, la Résurrection, jusqu’à la grande croix du trône qui a, entre temps, été déplacée dans la Cathédrale patriarcale de la Sainte Trinité. Le Père Lazare à peint toutes les fresques de l’église de la Sainte Tsaritsa Tamara, de même que de nombreuses icônes du katholikon du Monastère de Béthanie, dédié à l’icône de la Mère de Dieu d’Iviron, ainsi que plusieurs icônes de son iconostase, etc.
On doit à sa plume une quantité d’ouvrages spirituels. Il écrivit sur des thèmes tant spirituels et moraux que théologiques. Quelques uns de ses ouvrages revêtent un certain caractère polémique. Ses livres furent édités tant en Géorgie qu’à l’étranger. Ils furent traduits en serbe, en bulgare et en d’autres langues1 . Il fut un infatigable et inflexible défenseur de l’Orthodoxie et de la morale traditionnelle! Il se distinguait par sa position anti-oecuménique et œuvra pour que l’Église de Géorgie sorte du Conseil Mondial des Églises, mais jamais n’interrompit le lien eucharistique et la commémoration du Patriarche. Il lutta tant contre les hérésies que contre les schismes. Le Père Lazare intervint activement contre l’événement tragique que fut le schisme en Géorgie; cela ressort de ses travaux et articles. Au printemps 1997, avec deux novices, il partit à la Sainte Montagne de l’Athos. Après un mois et demi, il revint et s’installa le 20 mai 1997 dans le village de Tabarouki, dans une maison qui lui fut proposée par un fidèle proche. Il y fonda la Skite de la Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu. A l’automne, ses fils spirituels revinrent, l’un de la Sainte Montagne, l’autre après s’être fait soigner d’un grave traumatisme. A l’automne 1998, le Père Lazare souhaita instaurer un mode de vie plus uni avec ses fils spirituels. Pour ce faire, ils s’installèrent sur une colline près de Tabarouki, où ils fondèrent le Monastère masculin de la Résurrection. En 1999, il accepta un troisième novice. Par son propre exemple et sa direction de la fraternité, il constitua une nouvelle communauté à partir de rien. Le Père Lazare construisit de ses propres mains deux églises et deux kelias (les novices l’aidèrent, ainsi que de temps à autre, pour le dur travail du coulage du béton, des voisins du monastère). Et en même temps que ces lourds travaux physiques de construction, le Père Lazare écrivait des livres et peignait des icônes.
En 2016, on découvrit au Père Lazare un mésothéliome diffus de la plèvre. Il refusa toute opération, et concrètement, il ne se soigna pas. De temps à autre, il recourait à des méthodes de médecine populaire, et il buvait aussi de l’eau curatrice de la source de Sainte Nina, après quoi il ressentait toujours une amélioration. Les médecins étaient stupéfaits: sans opération, sans aucune des procédures indispensables de chimiothérapie, la maladie ne progressait pas aussi rapidement qu’elle ne le fait habituellement. Sans chimiothérapie, les patients qui souffrent de cette maladie vivent entre sept et neuf mois. C’est seulement au bout d’un an et demi que l’on convainquit le Père Lazare d’accepter un traitement de chimiothérapie. Après cinq séances de chimiothérapie on observa une amélioration. Le Père Lazare était faible, il ne se leva quasi pas pendant trois semaines et recevait les Saints Dons dans sa cellule. Les deux dernières semaines, la douleur s’amplifia dans la région du cœur et le manque d’oxygène se fit ressentir. Autour de lui, les gens, tourmentés de le voir dans cet état, aidaient tant qu’ils le pouvaient. Le 14 août 2018, la situation s’aggrava, et il fut transporté à Tbilissi, dans l’aile de soins palliatifs de la clinique «Niu vijens», où on lui fournit l’aide requise. Et il sembla que la situation s’améliorait. Le 16 août il put même manger un peu. Les proches espéraient une amélioration et il décidèrent de demeurer à la clinique jusqu’au lundi. Mais le jeudi 16 août 2018, à 7h10, le Père Lazare se présentait devant le Seigneur. Son départ représente une perte irréparable et une immense douleur et pas seulement pour ses enfants spirituels et ses paroissiens.
Nous sommes convaincus que le Père Lazare, ayant traversé le martyre, a hérité le Royaume des Cieux!
Traduit du russe
Source. (Toutes les photos proviennent du site Pravoslavie .ru)