Ce texte est extrait des ‘Cours Supérieurs de Théologie‘ de l’Académie Spirituelle Orthodoxe de Moscou. Il a été prononcé par le Métropolite Philarète (Voznessensky), de l’Église Orthodoxe Russe Hors-Frontières, dont il fut le premier hiérarque, à une date qui nous est inconnue (Vladika Philarète est né en 1903 et décédé en 1985). L’original de son texte ci-dessous a été mis en ligne sur le site Pravoslavie.ru le 29 décembre 2011.
Lorsque nous prenons connaissance avec la vie du saint et juste Jean de Kronstadt, nous constatons d’emblée que son chemin de vie débuta de la même manière que celui de nombreux pasteurs de l’Église. Il naquit dans la famille pauvre d’un humble chantre, endura la misère et les privations et finalement reçu l’ordination sacerdotale. Et devenu prêtre, il se mit à cultiver le champ du Seigneur. Où donc est l’énigme? Comment, ayant commencé sa vie d’une façon très habituelle pour un prêtre de l’Église, devint-il un géant spirituel, un colosse de la vie spirituelle comme il en exista peu, non seulement chez nous, dans la Rus’, mais dans l’Église Œcuménique toute entière?
Nous devons nous souvenir de la difficulté de son exploit ascétique! Nos grands saints, Saint Serge, Saint Seraphim, et les autres s’éloignèrent du bruit et de l’agitation de ce monde, mais toute la vie, tout l’apostolat du Père Jean se déroula dans le monde, au milieu des masses populaires.
Et il nous indiqua lui-même la clé, le secret de son chemin. Ayant commencé celui-ci par son humble service de prêtre ordinaire à la Cathédrale Saint André de Kronstadt, il dirigea toutes ses forces et toute son attention vers ce que l’on appelle «l’homme intérieur». Il a raconté par la suite qu’il avait fermement décidé, dès le premier jour de son sacerdoce, de s’observer lui-même, de se plonger sans cesse en lui-même, de se contrôler sans relâche. Se livrant à cette inspection permanente, il s’efforçait de couper net tout mouvement pécheur, toute impulsion vers le péché, dès qu’il les décelait en son cœur.
En cela nous voyons directement combien il était différent de nous, pécheurs. Notre âme pécheresse vit sous l’emprise des séductions et des péchés… Comme nous sommes impotents et faibles quand il s’agit de vaincre le péché ! Au moment de la lutte, nous nous défilons, et quand il a pris possession de notre âme, il devient extrêmement ardu de le briser et de l’expulser… Mais le Saint Père Jean, dès qu’il remarquait en lui les mouvements du péché, car il y en avait en lui aussi, il était un homme, comme nous, il les arrêtait et engageait une lutte très dure avec l’ennemi, le tentateur. Mais l’ennemi voyait immédiatement qu’il avait à faire face à un serviteur très exceptionnel du Trône, et il l’attaquait de façon à ce que d’autres le voient. Un de ces serviteurs de l’Église, qui eut l’occasion de servir très souvent avec le Père Jean au début de son sacerdoce, disait : «Combien de fois ai-je vu que le Père Jean était victime d’une attaque de l’ennemi pendant qu’il célébrait. Pendant l’office, son visage s’assombrissait, il s’arrêtait et se tenait droit et immobile. On voyait qu’une lutte terrible se déroulait en lui. Il prononçait alors le Nom du Seigneur, et il s’éclaircissait complètement, se débarrassait du sombre brouillard de l’ennemi, et il allait vivement et joyeusement, rempli de la grâce de Dieu, et reprenait la célébration». Et c’est donc en menant pareille lutte contre ses impulsions pécheresses et contre l’ennemi de notre salut que le Père Jean commença à très vite grandir spirituellement. Et arriva le moment où il devint un thaumaturge, tout d’abord pour ceux de Kronstadt, ensuite, pour toute la Russie. Nous savons que sa renommée dépassa aussi les limites de la Russie, car c’est littéralement de tous les coins de la terre qu’on lui envoyait des demande de pouvoir bénéficier de sa prière puissante et audacieuse au pied du terrible Trône du Seigneur de Gloire.
Nombreux sont les saints de la Terre Russe, qui accomplirent maints miracles. Mais un océan de miracles indénombrables, tel que celui qui entoura le Père Jean, dura la seconde moitié de sa vie sacerdotale; c’était unique! Ce n’est pas en vain que ses enfants spirituels et ceux qui le vénèrent disent qu’il leur rappelle les temps évangéliques. Les miracles abondaient autour du Sauveur et de même, autour de Son serviteur fidèle, le flot de miracles coulait sans interruption! Voilà l’intercesseur et le thaumaturge que le Seigneur envoya au peuple russe avant les temps terriblement difficiles. Le Père Jean lançait l’avertissement, il sonnait l’alarme. Il parlait sans cesse de cela dans les homélies de ses dernières années. Il disait: «Peuple russe, prends soin de ton Tsar bon et pieux. Si tu le protèges, la Russie demeurera forte et glorieuse, pour la joie de ses amis et la terreur de ses ennemis. Mais si tu ne le protèges pas, on tuera ton Tsar, et la Russie, et toi-même, vous serez diffamés, et on t’enlèvera jusqu’à ton nom!»
Sa prédiction s’est réalisée, de façon si épouvantable… Le peuple russe n’a pas écouté son grand prophète qui voyait l’avenir et que le Seigneur avait envoyé à notre Patrie et à notre peuple et une catastrophe effroyable s’est abattue sur la Russie et elle perdure encore… Mais nous croyons en les prières d’intercession de notre grand héros de la prière! Le Père Jean n’a jamais refusé son intercession à qui que ce soit pendant sa vie sur terre. Maintenant, alors qu’il se trouve devant le terrible Trône du Seigneur de Gloire, qu’il se tient dans la gloire parmi tous les saints, il est évident qu’il ne nous oublie pas et qu’il n’oublie pas notre malheureuse Patrie et qu’il élève là ses prières ardentes. Par l’intercession de ses prières, puisse le Seigneur envoyer finalement à notre peuple, exténué par les souffrances, la libération tant souhaitée de toute cette misère, de cette tourmente, du joug des impies. Amen.
Traduit du russe.
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