Le texte russe original de la traduction ci-dessous fut publié le 17 novembre 2017 sur la page VK de l’écrivain russe Olga Rojniova, auteur régulier du site Pravoslavie.ru, et intitulé:«Le miracle principal». Madame Rojniova s’entretient avec le Prêtre Dionysy Kouvaev, recteur de l’église de la Théophanie, à Kozelsk. Cet entretien décrit comment le Seigneur, à travers des événements extraordinaires et providentiels, a appelé toute la famille Kouvaev au service de l’Église, soit dans le sacerdoce, soit dans le monachisme. Il précise également les connaissances que le Starets Elie (Nozdrine) considère les plus importantes dans la vie, il montre en quoi consiste la force du starets, pourquoi la clairvoyance n’est pas un tour de magie permettant de voir, mais aussi, comment par l’intervention de la Providence divine une immense église fut érigée dans un village niché à côté du Monastère d’Optino Poustine, et enfin, pourquoi le starets donna à matouchka sa bénédiction afin qu’elle subisse une opération qui n’était pas planifiée.
– Père Dionysy, la vie de quasiment tous les membres de votre famille est liée au service de l’Église Orthodoxe, dans le monachisme ou dans le sacerdoce pastoral…
– Effectivement, ma grand-mère a reçu la tonsure monastique à Chamordino, en l’an 2000. Par la bénédiction de notre starets, Maman Maria, la fille de celle-ci, est moniale et son fils est le Père Dimitri, prêtre au village de Podborki, et deux fois par semaine, à Chamordino, où notre grand-mère a mené son exploit ascétique pendant quinze ans avant de retourner vers le Seigneur. Mon jeune frère est hypodiacre auprès de l’Évêque d’Ostrogojski et Rossochanski. Et on peut encore ajouté que le Starets Élie appelle mon frère ‘moine’ depuis qu’il a sept ans. Quant à moi, le starets m’a parlé de ma voie à l’époque de mon entrée au séminaire. Déjà alors, il savait quel chemin m’attendait, moine ou famille.
– Et vous voici maintenant à la tête d’une famille nombreuse…
– C’est vrai, pendant que nous parlons, ma matouchka est à la maternité. Nous attendons notre cinquième enfant.
– Père Dionysy, vous êtes un fils spirituel du starets Élie. Pouvez-vous nous parler un peu de lui ?
– Vous savez, je pense que l’essentiel, ce n’est pas qu’il soit clairvoyant, ni que des guérisons s’opèrent par sa prière, ni d’autres miracles. L’essentiel, le miracle principal, c’est que dans notre vie existent des personnes qui aiment tellement Dieu, qui vouent une telle confiance en Dieu, qu’à travers eux, le Seigneur Se découvre aux autres et agit et guérit et montre le chemin. Car il n’est pas donné à chacun, à cause des péchés que nous portons, de pouvoir comprendre la Providence Divine et surtout, de Lui accorder une attention permanente… Batiouchka ne dit rien de particulier aux gens. Si vous aimez l’art oratoire, vous êtes à la mauvaise adresse. La force de notre starets n’est pas dans ses paroles. Sa force est dans sa prière. Au premier abord, il ne dit rien de particulier, il ne parle guère. Il dit par exemple : «Ce n’est rien, ce n’est rien, prie seulement…». C’est en effet le Seigneur qui fait tout. Le Seigneur peut tout. Il est le Tout-puissant.
En quoi le starets se distingue d’un simple vieillard ?
Quand on me demande de parler du starets, j’essaie d’expliquer en quoi il se distingue d’un simple vieillard. Parfois on dit : «Les vieux sont des petits». Effectivement, si l’homme vit une vie dépourvue de spiritualité, s’il ne lutte pas contre ses passions, dans son vieil âge, celles-ci deviennent plus voyantes, et le vieillard se fait capricieux ; il a besoin d’amour.
Mais le starets jouit d’un amour débordant. Il en est saturé au point qu’il lui est nécessaire de le manifester à autrui, à chaque homme ou femme qui en éprouve le besoin. Dieu est amour. Et ceux qui sont en permanence avec Dieu, qui entretiennent une relation continuelle avec Lui, ils sont pareils à Dieu pour ce qui est de l’Amour. Et une des caractéristiques de l’amour, c’est qu’il se répand. Nous, les gens ordinaires, ne pouvons nous empêcher de manifester notre amour à ceux que nous aimons. Mais le cercle de ceux que nous aimons est d’habitude plutôt très étroit. Il se limite aux parents et aux amis. Et notre amour, tout naturellement, est réciproque : nous aimons ceux qui nous aiment, amour contre amour. Mais Dieu nous aime indépendamment de notre relation à Lui. Et de plus, indépendamment aussi de l’intensité du caractère réciproque de cet amour. C’est pourquoi les hommes et femmes qui vivent en Dieu, avec Dieu, éprouvent de l’amour envers tous les gens, sans relation aucune avec les liens de parenté ou d’amitié qui les uniraient à eux. Voilà pourquoi il est donné aux starets et aux personnes spirituelles de nous voir et de nous comprendre et de nous connaître mieux que des amis. Et c’est l’Amour qui leur révèle cela, c’est-à-dire Dieu. Voilà en quoi consiste le principe de la clairvoyance des startsy.
– Quelles sont les instructions de votre père spirituel que vous pouvez partager avec nos lecteurs?
– Batiouchka répète souvent : «La connaissance de Dieu, c’est la connaissance la plus importante dans la vie d’un homme». On peut connaître parfaitement la physique, les mathématiques, la chimie, l’économie, le droit, mais quand nous passerons Là-haut, toutes ces connaissances n’auront plus aucun sens. Bien sûr, elles sont utiles dans la vie sur terre, mais si on veut parler du savoir le plus important, c’est celui de Dieu et de la vie spirituelle. Le Starets dit : «Bien, tu as terminé le Séminaire de Théologie et l’Académie de Théologie, mais que peux-tu faire pour en savoir plus encore à propos de Dieu et de la vie spirituelle, car il s’agit de la connaissance la plus importante?».
– Pourriez-vous nous conter une histoire édifiante au sujet du Starets Élie?
– Tout au début de mon sacerdoce de prêtre, pendant la Semaine Lumineuse, j’avais célébré cinq fois de suite, et voilà que le jour où aucun office n’était programmé, et où j’allais pouvoir me détendre un peu et me reposer, je reçois un appel téléphonique : le Père Élie viendra chez nous, à Mekhzavod. En pleine nuit, je me suis hâté vers l’église pour y allumer le poêle, nettoyer et tout préparer pour un office solennel. Je m’efforce toujours de maintenir tout en ordre, mais vous savez, lorsque vous attendez des invités que vous appréciez, les préparatifs sont particuliers. Le lendemain matin, nous avions commencé à célébrer. Mais je n’avais pas lu la règle de prières avant la communion. Après qu’il eût terminé son homélie, Batiouchka rentra dans le sanctuaire, me regarda et dit ensuite : «Quoiqu’il arrive, la préparation la plus importante pour l’office, c’est la prière. Jamais, il ne faut négliger la règle!» La clairvoyance, ce n’est pas une sorte de magie qui permet de voir. C’est quelque chose qui aide à atteindre le salut. Et ces paroles clairvoyantes qu’il m’adressa produisirent en moi la plus forte des impressions, tellement puissante que, par la suite, jamais je n’ai osé célébrer sans avoir respecté la règle préparatoire de prières. Les préparatifs matériels inachevés ne sont qu’un demi-mal ; l’important, c’est la prière.
Parfois, j’ai entendu des gens dire au Starets Élie : «Batiouchka, parlez-moi de moi-même!». Mais jamais le starets ne dira quelque chose à quelqu’un seulement pour lui montrer qu’il le sait. Ce que dit Batiouchka est toujours utile pour l’âme et doit servir d’instruction.
– Père Dionysy, comment se fait-il que vous célébriez dans l’église de la Théophanie, si près du Monastère d’Optino ?
– Quand j’eus terminé le cycle d’études du Séminaire de Théologie, alors que j’étais déjà ordonné diacre, l’inspecteur du Séminaire, l’Archimandrite Nikita, me téléphona et me dit : «Je viens juste de parler avec le Métropolite de Kalouga et Borovski, Vladika Kliment. Nous trouvons que tu es prêt à devenir prêtre, et servir à Mekhzavod». «D’accord, mais je dois d’abord demander la bénédiction du mon père spirituel!». Pour moi, c’était extraordinaire ; je ne connaissais même pas l’existence de cette église de la Théophanie du Seigneur, avec au sous-sol, l’église des Quarante Martyrs de Sébaste. Je passais toujours à Mekhzavod pour rejoindre Optino, mais je n’étais jamais entré dans le village. Ce soir-là, j’ai commencé à me renseigner, à apprendre que l’église était encore en construction. Je suis allé auprès du Starets Élie, et lui ai expliqué qu’on me proposait l’ordination. Batiouchka répondit : «Bien, bien!». Et il se fait que cette église où j’allais servir, était érigée avec sa bénédiction. Quand j’ai vu mon église pour la première fois, elle était construite jusqu’au second toit, à une dizaine de mètres de hauteur. C’était fin 2007. Aujourd’hui, le clocher de l’église monte à 37 mètres. Il est visible pratiquement de tous les coins de Kozelsk. J’y célèbre depuis dix ans.
– C’est une très grande église…
– Oui, notre église est immense. Quand j’ai commencé à célébrer, des gens trouvaient cela incroyable et me disaient : «La population de Mekhzavod est si petite… et voilà que le Starets fait construire une église tellement grande. De quoi vas-tu t’occuper, du chauffage, des réparations?». Je fus téméraire au point de répercuter la question à Batiouchka. Il regarda l’église. Son visage resplendissait, ses yeux étincelaient de joie, et il souriait : «Ahhh! Quel endroit! Je n’arrive pas à y croire! Le Seigneur arrangera tout!». Et il en fut ainsi. Ce lieu nous est donné par la Divine Providence. D’emblée, il m’a plu et est devenu si cher à mon cœur…
«Cette fois, je recommande qu’ils te fassent une césarienne»
Pendant qu’on se préparait à imprimer le présent article, le 31 octobre, naquit le cinquième enfant du Père Dionysy, un fils. Et à ce propos, il m’a conté l’histoire suivante.
Quelques jours avant la naissance de notre fils, le Starets Élie est venu célébrer dans notre église. Après la célébration, ma matouchka est allée vers lui afin de recevoir sa bénédiction pour la naissance. Le Père Élie lui saisit les coudes, les écarta et lui dit : «Bien sûr, je ne suis pas médecin, je ne connais pas ces choses du point de vue médical, mais je recommande que cette fois, ils te fassent une césarienne. Tu ne souffriras pas. C’est déjà ton cinquième enfant. Ils useront d’un anesthésiant et tout se passera bien». Voilà comment il calma et réconforta matouchka, mais elle ne comprenait pas pourquoi une césarienne… Jusqu’alors, elle avait mis nos enfants au monde assez facilement, et chaque fois de plus en plus rapidement. Il avait fallu trois heures au premier depuis le début des contractions, au second, environ deux heures et au dernier, le quatrième, moins de deux heures. Il est vrai que le quatrième accouchement fut suivi par quelques complications. Sa jambe droite s’était raidie et elle ne pouvait la mouvoir. Mais ils avaient branché une perfusion et elle s’était sentie mieux. Les médecins du centre néonatal de l’oblast n’avaient pas laissé entendre qu’une césarienne serait recommandée. Le 30 octobre, elle ressentit les premières contractions, mais elles se prolongèrent pendant un temps particulièrement long : treize heures. Matouchka sentit que le processus de la naissance ne se présentait pas très bien. Elle raconta aux médecins que son mari était prêtre et avait pour père spirituel un starets clairvoyant, et que celui-ci avait annoncé la nécessité d’une naissance par césarienne. Ils écoutèrent très aimablement mais répondirent qu’aucun signe n’indiquait qu’une pareille intervention était nécessaire.
Au milieu de la nuit, matouchka sentit que l’activité natale ralentissait et elle craignit pour la vie du bébé. Elle réclama, en pensée, l’aide des prières du Starets Élie. Quand les médecins vinrent vérifier la situation, ils remarquèrent que le cœur du bébé battait à deux cents pulsations par minutes. Cela indiquait le début d’une complication dangereuse, le décollement du placenta pendant la naissance et l’hypoxie du bébé. Les médecins pratiquèrent une césarienne d’urgence et le bébé vit le jour sain et sauf, grâce à Dieu. Si les médecins étaient arrivés dans la chambre quelques minutes plus tard, le dénouement eut été tragique.
– Merci Père Dionysy et bonne santé à vous et à toute votre famille.
Traduit du russe