Innombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 25 mars 1951. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 1» des Homélies de Saint Luc, où elle porte le titre : Homélie sur la Passion, dixième.
Notre Seigneur Jésus Christ, le Sauveur du Monde fut victime de coups déjà au Jardin de Gethsémani ; Il y fut frappé sur les joues, bousculé, et on L’emmena sous les coups jusqu’à Jérusalem. Voilà comment ils commencèrent à s’acharner sur Celui qui sauva le monde.
La suite eut lieu chez Caïphe, le grand-prêtre. Là, au milieu de l’assemblée des malicieux ennemis du Christ, on se moqua de Lui, on Le roua de coups, on cracha sur Lui, et, Lui ayant couvert le visage, on Lui demandait avec impudence : «Fais le prophète et dis-nous qui t’a frappé». Les railleries se prolongèrent toute la nuit, ils battirent le Seigneur toute la nuit. Le matin venu, ils Le menèrent au prétoire, devant Pilate, afin qu’Il fût jugé. Le récit du jugement par cet homme injuste, vous l’avez entendu lors de la lecture de l’Évangile. Vous avez entendu que Pilate, effrayé par les cris de la foule déchaînée, et bien qu’il fût convaincu de l’innocence du Seigneur, plus encore, de ce qu’Il fût un juste, Le livra pour qu’Il soit flagellé.
Commença alors une scène horrible. Vous devez savoir, vous devez vous représenter ce qu’était la flagellation chez les Romains. Le fouet au moyen duquel les malheureux étaient flagellés était composé d’une poignée, courte, à laquelle était fixé un faisceau de lanières tressées au moyen d’un fil de cuivre. Par endroits, les coups de pareils fouets emportaient des morceaux d’os. C’est avec un pareil fouet monstrueux que notre Seigneur Jésus fut battu sans mesure ni ménagement. La flagellation était terrible, au point où parfois, ceux qui la subissaient en mouraient. Le sang de ces malheureux coulait à flots et des morceaux de chair et d’os étaient emportés. Et notre Rédempteur endura cela, du fait du diable ; Il endura cela pour nous tous, maudits et pécheurs. Quand la flagellation eut pris fin, on Lui ôta la pourpre, Lui laissant vraisemblablement la couronne d’épines sur laquelle ils L’avaient frappé à l’aide de bâtons pour que les épines pénètrent dans la tête du Seigneur. De grosses gouttes de sang s’écoulaient sur Son visage. Et ils L’emmenèrent.
Ils L’emmenèrent vers le lieu du supplice. Ils L’emmenèrent par une ruelle étroite. Dans les villes orientales, toutes les rues sont étroites. Cette ruelle porte encore aujourd’hui le nom que lui donnèrent les catholiques romains : Via Dolorosa, rue de la douleur. Ils poussèrent le Seigneur Jésus le long de ce chemin de douleur après Lui avoir chargé la pesante croix sur le dos. Car celui qui était condamné à la crucifixion était obligé de porter lui-même sa terrible croix jusqu’au lieu de son exécution. Notre Seigneur Jésus ne porta pas la croix très longtemps, avant de s’effondrer sous le poids de celle-ci… On Le frappa pour l’obliger à Se relever, reprendre la croix et avancer. Et Il tomba, et on l’obligea à Se relever, encore et encore. Voyant alors qu’Il n’était plus capable de porter la croix, on interpella un certain Simon de Cyrène, qui revenait de son champ, et on lui ordonna de porter la croix du Christ. Oh, Bienheureux Simon, savais-tu quelle était cette croix que tu portais? Mais il ne le savait évidemment pas. Maintenant, il le sait, car je ne doute pas un seul instant que le fait qu’il ait porté la Croix du Christ l’ait rendu digne du Règne de Dieu. Une foule énorme accompagnait notre Seigneur Jésus Christ car c’était le temps de la Pâque et en ces jours, une multitude de gens accourait à Jérusalem pour célébrer la fête. Environ cent milles hommes et femmes s’étaient rassemblés. Et ils étaient très nombreux, hommes et femmes, à suivre le Seigneur Jésus. Les uns et les autres réagissaient de façons variées en voyant comment on martyrisait le Seigneur Jésus. Des femmes pleuraient, elles pleuraient des larmes amères, elles sanglotaient. Elles sanglotaient car elles avaient le cœur doux et sensible. Elles ne pouvaient supporter de voir de telles souffrances, voir cet outrage à Celui qui est sans péché. Le Seigneur, voyant et entendant leurs pleurs, ouvrit la bouche, qui s’était tue longtemps, et leur dit :
«Filles de Jérusalem, ne pleurez pas sur moi; mais pleurez sur vous et sur vos enfants. Car voici, des jours viendront où l’on dira: Heureuses les stériles, heureuses les entrailles qui n’ont point enfanté, et les mamelles qui n’ont point allaité!… Alors ils se mettront à dire aux montagnes: Tombez sur nous! Et aux collines: Couvrez-nous! Car, si l’on fait ces choses au bois vert, qu’arrivera-t-il au bois sec?…» (Lc.23,28-31).
Ayant agit de la sorte avec le Bois vert, rempli de vie, avec le Porteur de Vie, avec leur Bienfaiteur, qu’allait-il advenir du bois sec, le peuple juif qui rejetait le Messie, qui Le livrait à un supplice tellement effroyable, d’une cruauté inimaginable ? Nous savons ce qu’il en est advenu, nous savons que s’accomplirent les prophéties terribles du Christ à propos de Jérusalem. Nous savons que vinrent les généraux romains Vespasien d’abord, et Tite ensuite et comment ils détruisirent jusqu’à leurs fondements Jérusalem et le Temple de Jérusalem. Nous lisons chez l’historien juif contemporain du Christ, Flavius Josèphe les horreurs indescriptibles qui caractérisèrent la punition du peuple qui avait crucifié son Messie.
Ces paroles s’accomplirent, comme doit s’accomplir toute parole divine.
Laissons donc ces femmes et les larmes pures qu’elles versèrent. Observons les hommes de la foule qui accompagnaient Jésus, ceux qui l’entouraient de près quand la Via Dolorosa prend fin et débouche sur la colline du Golgotha. Quelle sorte de gens était-ce ? Que se passait-il dans leur âme? Comment, mais comment donc pouvaient-ils se réjouir de ce qu’ils voyaient? Comment ces mêmes gens, qui six jours plus tôt avaient accueilli le Seigneur Jésus aux cris de «Hosanna au plus Haut des Cieux !», dans la gloire et avec grande joie, lors de Son entrée à Jérusalem, comment purent-ils crier sauvagement à Pilate : «Crucifie-Le !» ? Comment est-ce possible, comment comprendre ce revirement de leurs cœurs qui d’abord louèrent, et maintenant hurlaient brutalement et sauvagement à la crucifixion ?
Je vais essayer de vous expliquer, à l’aide de mon faible raisonnement.
Tous ceux qui ont lu attentivement l’Évangile, et plus particulièrement, le quatrième Évangile, celui de Jean, savent que par des propos tels que le monde n’avait jamais entendus auparavant, le Seigneur a stupéfié et décontenancé les gens. Ces lecteurs savent que le Seigneur s’était désigné comme le Pain de Vie descendu du ciel, disait-Il, car il fallait que pour leur salut, les gens mangent Son Corps et boivent Son Sang. Ces paroles avaient profondément décontenancé le peuple, l’avaient plongé dans la perplexité, et elles avaient même déclenché la colère d’aucuns. Quand ils entendirent qu’Il affirmait être descendu du ciel, il ramassèrent des pierres pour le lapider, considérant qu’Il blasphémait. Ces paroles de Jésus étaient tellement incompatibles avec la conscience des gens, elles leur étaient si insupportables et incompréhensibles, que beaucoup de ceux qui Le suivaient, maints disciples qui allaient toujours à Sa suite, s’éloignèrent de Lui et cessèrent de Le suivre. Et le Seigneur posa alors aux douze plus proches, aux Apôtres, la question : «Ne voulez-vous pas aussi vous en aller?», à laquelle le Bienheureux Pierre répondit : «Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle.…» (J.6,67-68). Ainsi, tout au long de la vie terrestre de notre Seigneur Jésus Christ, des pensées contradictoire torturèrent l’esprit des Juifs : d’abord, ils constataient qu’Il était un grand thaumaturge mais ensuite, quand ils entendaient des propos soulignant Sa divinité, incompatibles avec leur conscience, ils ramassaient des pierres afin de Le lapider pour cause de blasphème. Grand et profond était le trouble dans les esprits. A cette époque, le peuple était dirigé par ses chefs religieux : les grands-prêtres, les scribes et les pharisiens, qui se considéraient comme les porteurs de la vérité irréfragable. C’est vers eux qu’avait coutume d’aller le peuple et il prenait pour article de foi incontestable tout ce qui sortait de leurs bouches. Les esprits et les cœurs des Juifs étaient déchirés, divisés, ne sachant qui croire. D’une part, ils voyaient un grand thaumaturge Qui commandait aux vagues de la mer, Qui ressuscitait les morts, Qui rassasiait cinq milles personnes avec cinq pains , Qui guérissait les malades. D’autre part, ils entendaient les accusations mauvaises et haineuses lancées par les chefs des prêtres à Jésus, selon lesquelles Il blasphémait et enfreignait la loi mosaïque.
Pendant que notre Seigneur Jésus Christ allait avec force et gloire, le peuple dans sa grande majorité Le suivait, mais dès qu’Il fut arrêté, battu, condamné à mort, quand on Le vit dépouillé de Sa force, un instinct de meute surgit dans leurs cœurs, un peu semblable à celui qui incite le troupeau à se jeter sur le faible et le vaincu, et à déchirer celui-ci jusqu’à ce que mort s’en suive. Il en va de même chez les gens, qui perde tout respect, tout amour, même envers l’homme le plus digne et vénéré, dès que celui-ci subit le ridicule et l’humiliation. Voilà ce qui se passait dans les cœurs de ceux qui accompagnèrent Jésus au Golgotha. Ils cédèrent à l’instinct sauvage du troupeau : Tu es battu, Tu es vaincu! On Te frappe, et bien nous Te pousserons, nous T’insulterons et nous Te crierons avec les grands-prêtres : «Sauve-Toi Toi-même, Si Tu es le Fils de Dieu…». Voilà ce qui se passa. Quel grand pouvoir les chefs du peuple n’exercèrent-ils pas sur ce peuple qui se donnait tout entièrement à la volonté et aux exigence de ses chefs, allant jusqu’à supplicier, allant jusqu’à crier ces paroles terrifiantes : «Que Son Sang retombe sur nous et sur nos enfants».
Voilà la seule explication que je sois capable de vous donner.
Et cet horreur indescriptible se produisit : ils mirent le Seigneur en croix. Le Seigneur endura le supplice le plus cruel, le plus terrible qu’avaient pu concevoir ces hommes mauvais. Le Seigneur endura cette affreuse torture pendant six heures. Au bout de six heures, Il rendit l’Esprit dans un cri que le monde ne devra jamais oublier : «Tout est accompli !».
Pourquoi le Seigneur est-Il mort aussi rapidement ? Nous savons que les crucifiés souffrent le martyr pendant trois à six jours avant de mourir. Pourquoi ? Parce qu’Il était malade. Non seulement à cause du martyre de la flagellation, non seulement parce qu’Il peina à porter Sa croix, mais aussi parce qu’ayant passé la nuit glacée au Jardin de Gethsémani, et puis chez le grand-prêtre et enfin dans la cour du prétoire, Il avait été assailli par le froid et en était malade. Je sais précisément de quoi Il souffrait, mais il ne m’appartient pas d’en parler. Sachez seulement qu’Il était malade.
Finalement arriva la neuvième heure. La ténèbre s’abattit sur toute la terre. Le soleil s’assombrit et dissimula ses rayons. Le rideau du temple se déchira en deux, de haut en bas. Le peuple, qui venait de réclamer qu’Il soit supplicié à mort, s’encourut, fuyant le Golgotha, la tête basse et se frappant la poitrine.
Baissons la tête, nous aussi, souvenons-nous que ces pour nos péchés et les péchés de toute l’humanité que le Sauveur endura ce monstrueux supplice et ces souffrances. Partons, baissons la tête et frappons-nous la poitrine !
Traduit du russe.