Le texte ci-dessous est extrait des pages 34 et 35 du livre de Pëtr Multatuli «L'Empereur Nicolas II, l'Homme et le Monarque» («Император Николай II. Человек и монарх», Éditions Veche, Moscou, 2016) premier des deux tomes de l'imposante biographie que cet auteur a consacrée au Saint Tsar Nicolas II. Pëtr Multatuli est historien spécialiste du Saint Tsar Nicolas II et de son époque, et directeur du département d’analyse et d’évaluation de l’Institut des Études Stratégiques de Russie (Российского института стратегических исследований). La similitude des événements rapportés dans le texte ci-dessous devient plus étonnante encore, lorsqu'elle est couplée à la similitude de la fin tragique des Empereurs Alexandre II et Nicolas II, tous deux assassinés par des «révolutionnaires».
La Grande Duchesse Olga Alexandrovna1 se souvenait d’un événement étrange qui survint lorsqu’elle était en compagnie de son frère Nicolas: «A cette époque, j’étais âgée de dix ou onze ans. Je me souviens d’une chaude journée d’été, au cours de laquelle mon frère me proposa de l’accompagner à l’église de la Cour au Grand Palais de Peterhof. Il ne m’expliqua pas la raison pour laquelle il voulait s’y rendre, et je ne l’interrogeai pas à ce sujet. Il me semble que l’office avait déjà commencé, car je me rappelle que des prêtres se déplaçaient dans l’église. Soudain éclata un terrible orage, que l’on n’avait pas vu venir. Une boule de feu apparu brusquement dans l’église, glissant en haut de l’iconostase monumentale, d’une icône à l’autre. C’était comme si elle était suspendue au dessus de la tête de Nikki. Il me prit la main et la serra très fort. Quelque chose me disait que pour lui arrivait le temps des pénibles épreuves, et que moi, malgré que je fus encore une toute petite fille, je pouvais soulager sa souffrance. Je ressentis tout à la fois de la fierté et une sorte d’hésitation».
Il est surprenant de constater qu’un événement très semblable survint lorsque l’Empereur Alexandre II, peu avant sa fin tragique, était en compagnie de son petit-fils Nicolas. «Quand j’étais petit, on m’envoyait chaque jour rendre visite à mon grand-père. Un soir, alors que mes parents étaient absents, je suis allé aux vigiles avec mon grand-père dans la petite église du Palais Alexandre. Un puissant orage éclata pendant l’office. Les éclairs étincelaient l’un après l’autre. Il semblait que les coups de tonnerre ébranlaient l’église et le monde entier jusqu’en ses fondations. Soudain l’obscurité régna. Une rafale de vent pénétra par les portes ouvertes et éteignit les flammes des cierges allumés devant l’iconostase. Un grondement de tonnerre roula, sans fin, plus fort que les précédents. Soudain, je vis une boule de feu glissant depuis une fenêtre, droit vers la tête de l’Empereur. La boule de foudre tournoya vers le sol, remonta, contourna le polyeleos et glissa par les portes ouvertes vers le parc.
Mon cœur était figé, glacé. Je regardai mon grand-père. Son visage était parfaitement calme. Il se signa du signe de la Croix au moment où la boule de foudre fonçait vers nous. Je compris alors qu’il fallait regarder avec simplicité tout ce qui se produit, et croire en la miséricorde du Seigneur, comme mon grand-père le faisait.
Lorsque la boule de foudre eut terminé son voyage de feu à travers l’église, franchi les portes et pris la direction du parc, je tournai à nouveau la tête vers mon grand-père. Un léger sourire ornait son visage et il me regarda en hochant la tête. Mon effroi se dissipa. Depuis lors, je n’ai jamais plus craint l’orage».
Traduit du russe