Le texte ci-dessous est la traduction (en deux parties) de la version russe, mise en ligne le 25 juillet 2017 sur le site Pravoslavie.ru, d’un extrait du livre d’Athanasios Rakovalis: «Le Désert de Kapsala» («Пустыня Капсала», traduction du livre grec: Η έρημος της Καψάλας). L’auteur y brosse le portrait d’un grand Geronda athonite de notre temps, Geronda Irodionos (1904-1990). Voici la deuxième partie du texte; la première se trouve ici.
Geronda Irodionos s’ouvrait aux petits, aux faibles, aux nourrissons spirituels, mais jamais aux curieux, à ceux qui n’étaient pas animés par un motif spirituel. Nous étions nous-mêmes des nourrissons spirituels, faibles, inexpérimentés, misérables, et c’est pour cela qu’il nous entourait de son amour et partageait avec nous sa richesse spirituelle. Mon ami se fit un jour accompagner par un autre jeune père qui voulait quitter son monastère. Il était torturé par les pensées et la tension qu’elles engendraient. Le combat ne cessait jamais. C’était l’hiver. Des mètres de neige couvraient la terre et le ciel était lourd de sombres nuées. Read more
Innombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 31 octobre 1951, à l’occasion de la Fête du Saint Apôtre et Évangéliste Luc. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «La Pâque du Seigneur» (Пасха Господня).
L’humanité vénère une multitude de bienfaiteurs que le Seigneur, par Sa grande miséricorde, suscite afin d’aider l’homme. Comment ne pas vénérer quelqu’un comme Louis Pasteur, qui posa les fondements de la compréhension claire et précise de toutes les maladies infectieuses. Avant lui, on n’y comprenait rien, on s’en faisait une représentation erronée. Comment ne pas vénérer Émile Behring, qui découvrit le sérum de l’antitoxine de la diphtérie, permettant ainsi de sauver des milliers de vies d’enfants, car avant cela, la diphtérie était incurable. Comment ne pas vénérer Joseph Lister, qui découvrit les antiseptiques, écartant ainsi un danger jusqu’alors inhérent à toute intervention chirurgicale ; avant lui, la majorité des patients opérés décédaient ensuite des conséquences d’une infection purulente. Read more
Le texte ci-dessous est la traduction (en deux parties) de la version russe, mise en ligne le 25 juillet 2017 sur le site Pravoslavie.ru, d’un extrait du livre d’Athanasios Rakovalis: «Le Désert de Kapsala» («Пустыня Капсала», traduction du livre grec: Η έρημος της Καψάλας). L’auteur y brosse le portrait d’un grand Geronda athonite de notre temps, Geronda Irodionos (1904-1990).
Parvenir à sa kelia était chose malaisée, même lorsqu’on savait où elle nichait. Alors que je vivais depuis des mois dans le coin, je ne parvenais pas à m’y retrouver dans les sentiers, tant ils étaient nombreux, et enchevêtrés. Un jour, nous nous mîmes en route vers le magasin, le Père qui m’avait accueilli et moi. Chemin faisant, je remarquai un petit ancien émergeant d’un bâtiment en ruines. – Père, de qui s’agit-il? – Lui? Ah, c’est Geronda Irodionos… Il est roumain… Et un peu bizarre… – Allons le voir; peut-être a-t-il besoin de quelque chose. Proposai-je. – Écoute, ce n’est pas possible d’aller le voir. Dès qu’il aperçoit quelqu’un, il court se cacher. Il ne veut avoir affaire à personne. Il se dit qu’il aurait le cerveau un peu dérangé. – Bien, le Père connaît les lieux et les gens d’ici mieux que moi, pensai-je.
Quelques mois s’écoulèrent avant que j’entende à nouveau parler de Geronda Irodionos. Un nouvel habitant était arrivé dans le coin, du même âge que moi; ce jeune moine complètement inexpérimenté était Athénien, diplômé en mathématiques.
A la Sainte Montagne, une règle dit que s’il veut vivre en ermite, le moine doit être spirituellement mûr, il doit être expérimenté dans la lutte spirituelle et il doit faire preuve d’une juste disposition spirituelle. S’il n’en est pas ainsi, il courra grandement le danger de céder à la tentation ou de devenir physiquement malade. Le moine doit donc être «dégrossi» et apprendre l’obéissance pendant dix ou quinze ans dans un monastère ou auprès de l’un ou l’autre geronda. Il aura alors appris la technique du combat que le diable mène contre nous, il aura également appris la prière du cœur et la pratique de l’ascèse. Alors seulement, il pourra partir au désert. Voilà la règle générale en vigueur sur l’Athos, dans l’esprit de la tradition monastique orthodoxe. Le désert, ce n’est pas pour tout le monde. Le désert, c’est pour ceux qui sont déjà avancés spirituellement, pour les moines forts et expérimentés.
Mon ami avait passé seulement deux ans au monastère, et à l’issue d’une tentation très importante, qui avait manqué de détruire la fraternité toute entière, il était parti au désert, évidemment sans aucune bénédiction, et même, à l’encontre de conseils reçus par plusieurs gerondas, dont Geronda Païssios. Moi-même, qui ne suis encore qu’un novice, un Chrétien maladroit et dépourvu d’expérience, je compris tout le danger de sa situation, et j’appréhendais l’avenir pour lui. Le Père Hesychastos, qui m’avait accueilli auprès de lui, m’envoyait souvent rendre visite au jeune moine, et j’essayais de l’aider de tous mes faibles moyens. Nous devînmes amis.
Ainsi donc, un jeune citadin athénien se retrouvait au désert de Kapsala sur l’Athos. Il ignorait tout des labeurs manuels, ne connaissait rien au jardinage. Il ne savait pas même planter un oignon. Un jour, il me raconta que Geronda Irodionos lui avait montré comment cuire un pain. Et son pain avait été plus dur qu’une brique. – Comment fais-tu pour le cuire? Avait-il demandé. – Et bien, je mélange la farine et l’eau et je mets ça dans le four! – Sans même ajouter de sel dans la pâte? – Pourquoi faudrait-il ajouter quelque chose? Répondit-il en riant. Et ils rirent tous deux.
Mon ami fit la connaissance de Geronda Irodionos et eut pitié de lui. Il lui apporta de la nourriture. Je ne sais de quelle sorte de nourriture il s’agissait et je doute fort que l’ancien y touchât. Mais de temps à autre, il apportait à celui-ci des conserves, du pain, du sucre, du café, du sel, qu’il ramenait du magasin.
En réalité, mon ami avait pitié de Geronda Irodionos, mais celui-ci avait à son tour pitié de ce jeune moine. Et il l’accueillait à toute heure du jour ou de la nuit. Il lui avait ouvert la porte de sa kelia et ne se cachait pas à son approche. L’ancien voyait la fragilité du jeune, son inexpérience spirituelle, sa faiblesse physique et le grand danger propre à la situation dans laquelle il se trouvait. C’est pourquoi il lui avait ouvert non seulement la porte de sa kelia, mais aussi celle de son cœur. Et dans sa folie-en-Christ, au milieu de ses paroles inaccessibles à la raison, il se mit à lui prodiguer de sages conseils spirituels. Geronda avait évidemment prédit au jeune moine qu’au bout de quelques mois, il abandonnerait sa kelia pour venir s’installer dans une autre, dans son voisinage. Cette kelia était en bon état et occupait une position excellente, son bâtisseur, le moine qui l’occupait, était bon et avisé.
Geronda, le moine untel habite là! s’était étonné mon ami.
– Ne t’en fais pas, au printemps, il va partir et libérer la kelia. Tu la reprendras, avec l’omologos1du monastère.
Ce moine était un zélote. Au printemps suivant, il quitta la Sainte Montagne, où il avait vécu plus de vingt ans sans interruption, et il alla s’installer dans un monastère dans le monde. Mon ami et moi fûmes très impressionnés par la réalisation de la prédiction de Geronda.
– Il nous dépasse tous, et de loin! me dit-il lors d’une de mes visites. – De qui parles-tu? – De Geronda Irodionos… Il rit devant nous, il agit comme s’il était fou, mais c’est un homme très spirituel. – Et comment le sais-tu?
Le jeune moine se mit à me raconter par le détail une série d’événements, ainsi que les conseils spirituels que lui avait donnés Geronda Irodionos. – S’il-te-plaît, allons le voir! lui dis-je. – Bien, allons-y. Répondit-il.
Il était environ midi lorsque nous arrivâmes à la kelia de Geronda. Mon ami me dit : – Attends ici, dans le coin, afin qu’il ne te voie pas, sinon, il ne t’ouvrira pas.
Je me dissimulai dans un coin.
– «Geronda, Geronda!», cria-t-il. Au bout de quelques minutes, une petite porte s’ouvrit et Geronda Irodionos, vieillard courbé, fit son apparition. Ils conversèrent quelques instants à l’issue desquels mon ami m’appela d’un geste de la main. – «Geronda, voici Athanasios, mon ami».
Geronda se tourna subitement, faisant comme s’il hésitait à aller se cacher. Mais finalement, il resta, m’observa sans rien me dire et continua la conversation avec mon ami. A cette époque, certaines questions me torturaient : Pourquoi Dieu avait-Il permis la polygamie à l’époque de l’Ancien Testament? Comment est-il possible qu’un prophète tel David, porteur de l’Esprit, béni de Dieu, qui conversait avec Dieu, que le Seigneur assistait dans tous ses labeurs, fut vaincu par le péché de la chair, fauta avec Bethsabée et fut marié à plusieurs femmes? Comment des pôles tellement opposés purent-ils se combiner? Geronda Irodionos répondit à mes questions avant même que j’eu l’occasion de les lui poser. J’écoutais en effet leur conversation et je découvrais, complètement abasourdi, que Geronda répondait en réalité à mes questions, alors que mon ami ne comprenait même pas de quoi il s’agissait. J’étais ébahi, je regardais Geronda avec vénération et admiration. A un certain moment, le jeune moine intervint :
– Geronda, Athanasios veut devenir moine. – En voilà un moine! Plutôt… propriétaire. D’abord Thessalonique, ensuite, dans un petit village près de Thessalonique. C’est là qu’il vivra. Et après à Florina, et ensuite… Il marqua une pause… Et ensuite, la Sibérie, la Sibérie.
Mon ami répliqua: – Geronda, comment sais-tu qu’il est originaire de Florina? – Quelle Florina? Je n’ai pas dit Florina, j’ai dit Florida, en Amérique, là où se croisent les grands navires.
Et il se mit à décrire l’impressionnante hauteur des vagues à cet endroit. Nous éclatâmes de rire, entendant l’habileté avec laquelle Geronda avait virevolté dans son explication. Trente ans plus tard, quasiment toute la prédiction de Geronda s’est réalisée. Je ne suis pas devenu moine. J’ai vécu vingt quatre ans à Thessalonique, et je vis maintenant dans un petit village à proximité de cette ville. Que me reste-t-il? Florina et la Sibérie… Je crois que cela viendra.
J’étais stupéfait car non seulement le regard spirituel de Geronda avait percé mes pensées et les dispositions de mon cœur, mais il avait vu mon avenir. «Dieu est merveilleux en Ses Saints», Gloire à Dieu! A l’issue de cette rencontre, j’étais habité par la joie, mais aussi, déconcerté: quels trésors sont cachés sur la Sainte Montagne! Quels trésors spirituels elle nous offre! Certains moines considéraient que Geronda Irodionos avait perdu la tête. Et il était impossible de les convaincre que tel n’était pas le cas. Voulant en avoir le cœur net, je m’adressai à Geronda Païssios. Dès que je mentionnai le nom de Geronda Irodionos, ses yeux pétillèrent et son âme sautait de joie. Il me dit :
Geronda Irodionos est un grand ascète. Je lui ai envoyé le Père Arsenios, mais Geronda Irodionos ne l’a pas accueilli. Il restait assis dans un coin de la kelia, celle qui était encore surplombée d’un morceau de toiture, et il priait toute la nuit. C’est un grand ascète.
Geronda, j’ai entendu dire que le Protos voudrait aller lui-même vérifier s’il est réellement un grand ascète ou s’il a perdu la tête.
Ne t’inquiète pas, Geronda résistera à cela.
Et effectivement, le Protos fit appel à mon ami pour qu’il le guide à travers les sentiers de Kapsala afin de découvrir le «mystère inexploré»… Et voici ce que raconta mon ami : «Geronda Irodionos a perdu la tête. Il a raconté des histoires telles que le Protos s’en est allé complètement paniqué, convaincu à cent pourcents que Geronda était fou, et que c’est en vain qu’il a perdu son temps à arpenter les sentiers forestiers de Kapsala pour le trouver». (A suivre)
La version originale russe du texte ci-dessous a été publiée sur le blogue de l’Archiprêtre Gennadi Belovolov , bien connu à Saint-Pétersbourg où il créa et dirige encore l’appartement-musée mémorial du Saint et Juste Jean de Kronstadt, et considéré à juste titre comme le principal conservateur de la mémoire du Batiouchka de toute la Russie. Le Père Gennadi l’ y a intitulé : «La force du Baptême. Premier miracle de Saint Jean de Kronstadt, raconté par lui-même».
Saint Jean de Kronstadt est un grand thaumaturge ; il accomplit une multitude de miracles qu’il est impossible de dénombrer. Mais quand donc accomplit-il le premier d’entre eux? Read more
L’Archimandrite Grigorios (Zimous), higoumène du Saint Monastère de Dochiariou, est bien connu, au-delà, même, des limites de la Sainte Montagne. Des pèlerins mus par la soif d’entendre les sages paroles de Geronda Grigorios arrivent de tous les continents pour participer à ses entretiens et bénéficier de ses sages conseils. Grâce à l’excellent travail de l’interprète, ils sont en mesure de suivre avec attention les récits des exploits ascétiques des moines, de souffrances, d’oppression et d’égarement au sein des passions. Le texte ci-dessous est composé d’extraits du livre «Visages que je connus dans le creuset de l’Église» («Люди Церкви, которых я знал» «Μορφές που γνώρισα να ασκούνται στο σκάμμα της Εκκλησίας»), de l’Archimandrite Grigorios, édité en 2016 par le Monastère de la Sainte Trinité-Saint Jonas à Kiev. Il a été mis en ligne le 3 mars 2015 sur le site ukrainien Otrok.ua . (Deuxième partie)
La vue
C’est avec nostalgie que je me souviens d’une hauteur qui avait reçu le nom de Matia, le ‘Coup d’œil’ après qu’un homme s’y fût arrêté et ait dit : «Ici, d’un seul coup d’œil, on embrasse le monde entier!». Et souvent je me souviens aussi du grand artiste et restaurateur Antonios Glinos qui vit au Monastère du Sinaï une icône du Christ faite de cire. Il l’admira longuement et Le regardant dans les yeux, émerveillé, il s’écria : «Dans ce regard, on peut tout lire, il contient tout!». Je suis de plus en plus convaincu de la vérité selon laquelle les yeux parlent et expriment les pensées, même quand la bouche reste close et que la voix se tait. Un seul regard transmet à autrui les pensées et ce qu’on «a sur le bout de la langue» et aussi ce qui se cache au plus profond du cœur. Une humble confession soutient la justesse de mon propos. Dans une salle d’attente de la clinique de l’ «Annonciation», un grand-père me raconta l’histoire du regard inoubliable de son frère. Read more
Ce titre quelque peu léger masque une réalité riche et dense, celle de la vénération de Saint Spyridon, véritable tradition spirituelle, au sein de la lignée impériale des Romanov. Le texte ci-dessous est la traduction d’une conférence donnée au Monastère des Danilov à Moscou, le 13 mars 2007, par Madame Olga Nikolaevna Koulikovskaïa-Romanova, Présidente du fonds de bienfaisance de Son Altesse Impériale la Grande Princesse Olga Alexandrovna, à l’occasion de la venue en Russie de la dextre de Saint Spyridon. Voici la seconde partie du texte, la première se trouvant ici.
En 1817, suite aux démarches de la Souveraine Impératrice Élisabeth Alekseievna, une autre église Saint Spyridon fut installée dans l’Institut Élisabéthain pour dames à Saint-Pétersbourg ; on y conserve une relique provenant de Kerkyra : un morceau d’une pantoufle de velours de Saint Spyridon. A Kerkyra, un usage consiste à changer une fois l’an les pantoufles qui chaussent les pieds des saintes reliques protégeant le saint lors de ses excursions miraculeuses entreprises à travers la terre entière, en réponse aux prières des fidèles. Pareil usage prévaut chez nous avec les chaussures de Saint Serge de Radonège. Les pantoufles de Saint Spyridon, usées au bout d’un an, sont données aux fidèles. Ce genre de présent est évidemment remis aux Orthodoxes les plus illustres. La construction de l’église Saint Spyridon, grâce aux démarches mises en œuvre par l’Impératrice Élisabeth, fut clairement un cadeau spirituel de l’Impératrice à l’occasion du quarantième anniversaire de son époux béni, le Souverain Alexandre Ier. Read more