Le hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé «La Philocalie Athonite à propos du Silence et de la Prière» (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici. Les premiers extraits se trouvent ici.
Quel bien pourrait être supérieur à la conversation avec le Seigneur pendant que l’on demeure en union permanente avec Lui? Après être resté longtemps en prière, sans en voir les fruits, il faut se garder d’affirmer que l’on n’est arrivé à rien et que l’on n’a rien amélioré, car le simple fait d’être demeuré en prière représente déjà une acquisition et une amélioration.
L’ermite et reclus Saint Jean l’Égyptien, que l’on appelle aussi le Clairvoyant, donnait l’instruction suivante à ceux qui venaient auprès de lui en quête de conseils : «Quand on prie, il convient de s’abstenir de philosopher avec orgueil, de se considérer soi-même comme un juste. Il faut plutôt crier vers Dieu avec humilité, avec un cœur brisé, et en appeler sans relâche à Sa miséricorde ainsi qu’à Son aide sur le chemin ardu et périlleux du salut».
Quand vous parlez à Dieu, bannissez toute verbosité, afin que votre esprit ne se perde dans la recherche de mots choisis. L’humble parole du Publicain, sortie tout droit des profondeurs de son cœur brisé, suscita la miséricorde divine alors que la grandiloquence du Pharisien ne lui procura que la honte «l’Éternel [dit]: Voici sur qui je porterai mes regards : Sur celui qui souffre et qui a l’esprit abattu, sur celui qui craint ma parole» (Is 66,2).
Aurais-tu gravi tous les échelons des vertus, il te revient malgré cela d’implorer le pardon de tes péchés, te souvenant des propos de l’Apôtre Paul à propos des pécheurs, «dont je suis le premier», disait-il. Car en effet, quel bien surpasserait la conversation avec le Seigneur, dans une permanente union à Lui? Saint Jean Climaque nous dit: «Celui qui est engagé dans de quelconques activités, et qui prolonge celle-ci alors qu’est arrivée l’heure de la prière, fera la risée des démons, car ce sont ces voleurs qui s’efforcent de nous dérober nos heures de prière. L’abandon de la prière est la cause de la mort invisible de notre âme.

Tout en étant engagé dans la prière, fais également toujours preuve de bonté, car cette vertu te procurera une récolte au centuple et l’héritage de la vie éternelle, alors que la passion de l’avarice t’empêchera de prier avec pureté. N’abandonne pas la prière avant que son feu ne t’embrase et l’eau de la rivière de tes larmes ne s’écoule, car peut-être de toute ta vie ne retrouveras-tu plus pareille occasion d’implorer le pardon de tes péchés. Et si tu es ravi par certains mots de ta prière, prolonge-les, car cela signifie que ton Ange-gardien prie alors avec toi. Un jour un moine, priant à part lui-même, vint à passer non loin de Saint Nikon, et celui-ci aperçut comme une flamme s’élever depuis la bouche du moine et monter jusqu’au ciel. Le moine était accompagné de son Ange-gardien, qui cheminait à ses côtés, une lance à la main, à l’aide de laquelle il tenait les démons à l’écart».
Saint Macaire le Grand explique à l’aide d’un exemple comment le fait de s’exercer à la prière pousse le Seigneur à nous offrir le don de la prière : «Bien qu’un bébé ne puisse rien faire par lui-même, quand il cherche sa mère, il rampe, il pleure, et la mère accourt et le console, heureuse que son tout petit l’ait appelée par ses pleurs et ses cris. Puisque le bébé ne peut aller jusqu’à elle, la mère, emportée par son amour pour l’enfant qui la cherche et l’appelle depuis longtemps, vient à lui le prend sur elle avec une immense affection, elle le cajole et le nourrit. Voilà comment agit notre Dieu ami des hommes avec l’âme qui Le cherche».
Priez sans cesse, comme l’enseigne Saint Macaire le Grand ; vous vous unirez ainsi mystérieusement à notre Seigneur. Accueillez le Saint Esprit ; vous brûlerez d’amour pour le Seigneur, vous serez enflammés par l’aspiration à vous unir à Lui ; «Ceux qui me mangent auront encore faim, ceux qui me boivent auront encore soif» (Siracide 21,24). Pareille situation offre à l’homme la préfiguration de la béatitude qui attend dans le siècle à venir ceux qui aiment Dieu. (A suivre)
Traduit du russe
Source.