Innombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 17 août 1948, le mardi de la huitième semaine après la Pentecôte. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la suite du Christ» (Спешите идти за Христом).
On m’a demandé d’expliquer la conversation tenue entre notre Seigneur Jésus Christ et Nicodème, conversation mystérieuse, extrêmement importante et comprise par peu de monde. Pénétrons-y.
«Mais il y eut un homme d’entre les pharisiens, nommé Nicodème, un chef des Juifs, qui vint, lui, auprès de Jésus, de nuit, et lui dit: Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu; car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui» (Jean 3;1,2). Un membre éminent du sanhédrin, homme au cœur pur, étonné par la profondeur de Ses enseignements, ayant foi en Lui, vint pour s’entretenir avec Lui. Et comment vint-il ? Pendant la nuit, en secret, pour que les autres membres du sanhédrin ne soient pas au courant. Ce n’est pas bien, ça… c’est peu courageux ; cela nous perturbe car nous savons que c’était un homme au cœur pur, celui qui avec Joseph d’Arimathie inhuma le corps du Christ qu’ils avaient descendu de la Croix.
Pourquoi donc est-il venu de nuit? Pourquoi n’a-t-il pas ouvertement confessé sa foi en Christ? Par crainte des Juifs, par crainte des autres membres du sanhédrin. Il craignait d’être exclu de la synagogue. Oserons-nous le condamner, nous qui sommes habités par une crainte si grande, bien qu’elle soit différente de celle qu’éprouva le Juif ? Nous, Chrétiens, baptisés au Nom de la Sainte Trinité, nous qui communions souvent au Corps et au Sang du Christ, n’agissons-nous pas souvent à la manière de Nicodème ? Ne dissimulons-nous pas notre foi en Christ ? Ne Le confessons-nous pas secrètement ? N’allons-nous pas jusqu’à la honte consistant à cacher les icônes dans la garde-robe et à ouvrir celle-ci seulement au moment de la prière ? Voilà un comportement honteux. Profondément Honteux. Mieux vaut enlever tout à fait les icônes que les cacher. Ce serait mieux, plus honnête que de les dissimuler dans l’armoire. Nicodème arriva près du Christ et Lui dit : «Rabbi, nous savons que tu es un docteur venu de Dieu». Il ne parlait pas pour lui seul, personnellement car il dit ‘nous’. Tout le peuple le savait et le comprenait. Et il ne fait aucun doute que nombre de ses compagnons Pharisiens savaient également qu’Il était ‘Rabbi’ et venait de Dieu : «car personne ne peut faire ces miracles que tu fais, si Dieu n’est avec lui». C’était une grande vérité : bien sûr, c’est seulement avec Dieu, bien sûr, avec Dieu seul qu’il est possible d’accomplir de tels miracles. «Jésus lui répondit: En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu» (Jean 3,3). Quelle réponse inattendue, une réponse ‘hors sujet’, dirait-on, pensant qu’Il aurait pu répondre : «Oui, tu ne fais pas erreur. Oui, je suis venu de Dieu, Je suis le Messie». Mais cela, Il ne le dit pas. Il donna une réponse très, très différente : «Si un homme ne naît de nouveau, il ne peut voir le Royaume de Dieu». Pourquoi répond-Il de la sorte ? Tu cherches le Royaume de Dieu, tu vois en Moi un prophète, un thaumaturge, c’est pourquoi tu dois apprendre quel est le chemin qui mène au Royaume de Dieu. N’est-ce pas une réponse adéquate, n’est-ce pas la réponse la plus utile à Nicodème ? Évidemment. En quoi réside la force de cette réponse ? Il naître à nouveau ; voilà une chose tout à fait incompréhensible pour Nicodème. Ces paroles lui sont inaccessibles, c’est pourquoi il réplique : «Comment un homme peut-il naître quand il est vieux? Peut-il rentrer dans le sein de sa mère et naître?» Il n’avait pas du tout compris les paroles du Christ. Pourquoi ne les avait-il pas comprises ? Parce qu’il n’avait pas saisit que le Christ parlait non pas d’une naissance physique, qui ne peut se produire deux fois, mais d’une naissance spirituelle. Pourquoi n’a-t-il pas compris cela ? Parce que, comme tous les Pharisiens, il se considérait fils d’Abraham, élu de Dieu. Il estimait connaître toute la loi de Moïse, il avait compris pleinement et profondément toute la vérité. Il se considérait comme un juste. De quelle nouvelle naissance pouvait-il dès lors s’agir ? Il était déjà né spirituellement, illuminé par la vérité des élus de Dieu. Voilà pourquoi il répondit de façon étrange, ne comprenant pas que le Christ évoquait une naissance toute autre, une naissance d’En-Haut, spirituelle.
Et Jésus lui répondit : «En vérité, en vérité, je te le dis, si un homme ne naît d’eau et d’Esprit, il ne peut entrer dans le Royaume de Dieu» (Jean 3,5). Le Seigneur précise Son propos : Il parle d’une naissance de l’eau et du Saint Esprit, dans le cadre du Mystère du Saint Baptême. Sans celui-ci, sans renaître de nouveau, de façon mystique, il est impossible d’entrer dans le Royaume de Dieu. «Ce qui est né de la chair est chair, et ce qui est né de l’Esprit est esprit» (Jean 3,6). Naître de la chair, cela ne concerne que le corps, pas l’esprit. «Ce qui est né de l’Esprit est esprit». Et l’homme doit naître de l’Esprit afin de n’être pas seulement physique, mais aussi spirituel. «L’Esprit souffle où il veut, et tu en entends le bruit; mais tu ne sais d’où il vient, ni où il va. Il en est ainsi de tout homme qui est né de l’Esprit» (Jean 3,8). Souvenez-vous de ces paroles du Christ ! Qui sont ceux qui naissent de l’eau et de l’Esprit ? Ce sont ceux qui dans cette nouvelle naissance ont reçu la force spirituelle nécessaire pour suivre le chemin du Christ, qui ont reçu la capacité de devenir amis du Christ. Eux, les saints, ils comprirent correctement les paroles du Christ car très souvent ils sentaient en leur cœur le souffle de l’Esprit. Ils sentaient clairement l’action de la grâce de Dieu. Et ils entendaient la voix de Dieu. Ils l’entendaient véritablement, vous pouvez le croire. Sachez qu’il est possible d’entendre la voix de Dieu. Non pas comme on entend ceux qui nous entourent, mais autrement, tout autrement. De façon abrupte, comme lors d’une naissance, la voix de Dieu se fait entendre dans le cœur des saints. Elle se déploie en mots, les mots se déploient en phrases. Et l’homme qui l’entend répond à Dieu dans sa prière. Tous les saints savent cela. Ils ont entendu l’Esprit Saint, ne sachant d’où Il venait ni où Il allait. Car Il vient et Il va. Il en va ainsi de tous ceux qui sont nés de l’Esprit Saint, il en va ainsi de tous les saints.
Nicodème n’avait pas compris cela. Il vivait selon l’Ancien Testament. L’enseignement du Christ lui était inconnu, il ne saisissait pas de quoi il pouvait s’agir. «Tu es le docteur d’Israël, et tu ne sais pas ces choses! En vérité, en vérité, je te le dis, nous disons ce que nous savons, et nous rendons témoignage de ce que nous avons vu; et vous ne recevez pas notre témoignage» (Jean 3,10-11). «Ce que nous disons» ; voilà comment Il parlait de Lui-même, à la forme plurielle, car dans leurs ordonnances, les rois de ce monde ne se désignent pas par la forme ‘je’, mais en recourant au ‘nous’. De même, le Christ, dans Son propos extraordinairement profond et important, Se nomme ‘Nous’. «Nous disons…» Je suis le Dieu omniscient, Mon Savoir est infini, Je témoigne de ce que J’ai vu auprès de Mon Père, de ce que J’ai vu depuis la création du monde. Et vous, les Pharisiens, vous n’acceptez pas ce témoignage. Or ce sont des Paroles supérieures, inhabituelles, des Paroles saintes.
«Si vous ne croyez pas quand je vous ai parlé des choses terrestres, comment croirez-vous quand je vous parlerai des choses célestes? Personne n’est monté au ciel, si ce n’est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l’homme qui est dans le ciel» (Jean, 12-13). Lui, l’Unique Fils de l’Homme, descendu du Ciel et demeurant au Ciel, continuant à vivre dans les Cieux, tout en vivant sur terre sous une forme humaine, Lui seul, est monté aux Cieux. «Et comme Moïse éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé» (Jean 3,14) De même devait-Il être élevé sur la Croix. «Afin que quiconque croit en Lui ait la vie éternelle» (Jean 3,15). Voilà pourquoi le Christ élevé mis sur la Croix : afin que tous ceux qui croient en Lui ne meurent pas. «Dieu, en effet, n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour qu’Il juge le monde, mais pour que le monde soit sauvé par Lui. Celui qui croit en Lui n’est point jugé; mais celui qui ne croit pas est déjà jugé, parce qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu» (Jean 3,17-18). Souvenez-vous de cela : ceux qui ne croient pas se jugent eux-mêmes. «Et ce jugement c’est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises » (Jean 3,19). Seuls sont bons, ceux dont l’âme est pure et bonne, ceux qui aiment la lumière. Ceux qui font des œuvres mauvaises aiment les ténèbres, car les ténèbres sont nécessaires aux œuvres mauvaises ; elles ont besoin de la protection de la nuit, «Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dévoilées; mais celui qui agit selon la vérité vient à la lumière, afin que ses œuvres soient manifestées, parce qu’elles sont faites en Dieu» (Jean 3,20-21).
Voilà ce que fut l’entretien du Christ avec Nicodème. Voyez comment au cours de cette conversation, notre Seigneur Jésus Christ ouvre à Nicodème l’accès à toutes les choses profondes et essentielles qu’il convient de connaître : Il dévoila ce qu’est la naissance d’En-Haut, la naissance de l’eau et de l’Esprit, sans laquelle il n’est pas possible d’entrer dans le Royaume de Dieu. Le Seigneur dévoila à Nicodème le grand secret du salut du monde, lorsqu’Il lui dit que Dieu a tant aimé le monde qu’Il donna Son Fils Unique pour le salut de ce monde pécheur. Il dévoila prophétiquement le secret de Sa Passion sur la Croix, le secret de la rédemption du genre humain.
Rendons gloire à notre Seigneur Jésus Christ, d’avoir éclairé de la sorte le Pharisien Nicodème qui vint à Lui, et à travers celui-ci, nous tous. Rendons gloire à Dieu notre Père, qui pour le salut du monde, n’épargna pas Son Fils Unique.
Traduit du russe.