Innombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée en 1947. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous vers le Christ» (Спешите идти за Христом).
Voici près de deux mille ans, à proximité de la petite ville palestinienne de Bethléem, dans une grotte servant de refuge pour le bétail par mauvais temps, naquit un petit garçon, un Fils, juif. Est-il possible de passer plus inaperçu, d’être plus anodin, aux yeux de notre monde contemporain ? Qui était-Il, pour qui vint-Il au monde ? Cela, le monde l’ignorait. Mais dans les Cieux, les Anges chantaient cette Nativité comme le plus grand des événements du monde. Les Cieux s’ouvrirent au surplomb des pâturages de Bethléem où les bergers veillaient la nuit sur leurs troupeaux, et tout fut éclairé d’une céleste lumière. Chantant des hymnes, les Anges manifestaient une grande joie car à ce moment naissait à Bethléem le Sauveur du monde, le Messie, le Christ notre Dieu.
Par comparaison avec tous les événements qui étaient survenus dans le monde et que l’on estimait grandioses et cruciaux, cet événement fut si énorme, démesuré, tel un océan en comparaison d’une flaque d’eau de pluie. Mais les gens ne savaient pas que la Nativité dans la grotte de Bethléem allait radicalement tout changer ; elle apportait une vie nouvelle à l’humanité. Les Anges se manifestèrent aux bergers, dans les Cieux résonnait l’hymne angélique «Gloire à dieu au plus haut des Cieux et paix sur terre aux hommes de bonne volonté», célébrant la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ. Et surtout, aucun événement de l’histoire n’avait jusque là été proclamé de cette façon, jamais les Cieux ne s’étaient ouverts, jamais les saints Anges n’avaient chanté.
Mais bien longtemps auparavant, des milliers d’années avant cet événement, celui-ci avait été annoncé par Dieu, quand Adam et Eve furent chassés du Paradis. Le Seigneur dit au diable-serpent : «Je mettrai inimitié entre toi et la femme, entre ta postérité et sa postérité: celle-ci t’écrasera la tête, et tu lui blesseras le talon » (Gen. 3,15). Et voilà que maintenant cette graine semée jadis s’incarnait et devenait Dieu le Verbe, notre Seigneur Jésus Christ. Satan le piqua au talon, L’accablant de souffrances tout au long de Sa vie terrestre, et plus encore sur le terrible Golgotha.
Dans son extrême vieillesse, le Patriarche Jacob bénit ses douze fils et prédit à chacun d’eux le sort réservé à leurs descendances respectives. Et qu’annonça-t-il à Juda ? «Les chefs ne cesseront jamais de sortir de Juda, ni les souverains de son sang, jusqu’à ce qu’advienne ce qui lui est réservé ; c’est lui qui sera l’attente des nations» (Gen. 49, 10). Il en fut ainsi, cette prophétie se réalisa. Dans sa prophétie aux patriarches, Jacob indiqua le moment où allait arriver le Conciliateur-Sauveur, le Seigneur Jésus Christ.
Ce moment devait intervenir lorsque le peuple d’Israël et la tribu de Juda d’où devait sortir notre Seigneur Jésus Christ, auraient perdu leur indépendance politique. Justement, lors de la Nativité de notre Seigneur Jésus Christ, le peuple israélite était tombé sous la domination romaine, la tribu de Juda était dépourvue de bâton, elle avait perdu son sceptre. C’est ce qui avait été prédit deux mille ans plus tôt. Tout ce qu’il y eut d’essentiel dans la vie terrestre du Seigneur Jésus avait été prédit par les grands prophètes. Le grand Prophète Daniel avait annoncé avec précision le moment de Sa venue, alors que Daniel vécut quatre cents ans avant la Nativité du Christ. A une époque où le nom même du Christ était inconnu de tous, il avait vu de ses yeux de chair notre Seigneur et connaissait Son nom. Il écrivit en effet dans son livre : «Sache donc et comprends qu’à partir de l’ordre qui sera donné de parler et de rebâtir Jérusalem, jusqu’au roi Christ, il y aura sept semaines et soixante-deux semaines ; et l’ancien temps reviendra, les places et les remparts seront relevés» (Dan. 9,25).
«…à partir de l’ordre … de rebâtir Jérusalem» signifie quand se seront écoulées les 70 années d’exil, quand Artaxerxès, le Roi de Babylone, aura ordonné que l’on autorise les Juifs de repartir vers leurs terres. C’est alors seulement qu’il sera décidé de reconstruire les murs de la ville et le temple lui-même. Et à partir du moment de la promulgation de l’ordre d’Artaxerxès, il devra s’écouler 69 ‘semaines’, c’est-à-dire 483 ans. Cela correspond à la quinzième année du règne de César Tibère à Rome. Et dans le troisième chapitre de l’Évangile de Luc, nous lisons qu’au cours de la quinzième année du règne de Tibère naquit au monde le Précurseur du Seigneur. Et vous savez que le Saint Précurseur était âgé de six mois de plus que notre Seigneur Jésus Christ. Cette prophétie du saint prophète Daniel concernant le moment de la venue du Seigneur se réalisa de façon tellement miraculeuse, divine. Il en alla de même, et avec une précision identique, de l’annonce de la terrible destruction de Jérusalem par les légionnaires romains de Tite et de Vespasien, punition infligée par Dieu pour le meurtre du Messie, notre Sauveur.
La venue de notre Seigneur Jésus Christ fut donc annoncée précisément, de nombreux siècles avant qu’elle n’ait lieu ; il avait été prédit qu’Il naîtrait de la maison de David, de la tribu de Juda. Le Précurseur et Baptiste de notre Seigneur naquit exactement selon ce qui fut annoncé par le Saint Prophète Malachie, qui avait dit qu’il viendrait aplanir le chemin du Seigneur (3,1). Mais les plus extraordinaires prophéties concernant notre Seigneur Jésus furent émises par le Prophète Isaïe : «Voilà que la Vierge concevra dans son sein, et elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom d’Emmanuel» (Is. 7,14), ce qui signifie ‘Dieu avec nous’. Comment a-t-il pu dire que le Christ devait naître d’une Vierge ? Où et quand entendit-on jamais qu’une Vierge engendre, sans mari, un Fils ? Mais il le savait, il savait sept cents ans avant l’accomplissement de cette prophétie, il savait, il avait vu de ses yeux, que la Vierge concevrait un Fils, sans semence d’homme, par l’intervention de l’Esprit Saint, qu’elle Le porterait en ses entrailles et Le mettrait au monde.
Tout cela se réalisa et quand vous écoutez cette divine prophétie, surgissent des associations d’idées, le fait qu’on Lui donna le nom d’Emmanuel, que l’Ange dit à Joseph le Fiancé que Son nom était Jésus. Qu’est-ce que cela signifie ? La prophétie ne serait pas juste, pas claire ? Les prophéties ne sont pas prononcées par les hommes mais par l’Esprit Saint ; il ne peut donc y être question de contradiction. Il n’en est point entre les deux noms du Seigneur. Que signifie Emmanuel ? Cela signifie ‘Dieu avec Nous’. Que signifie Jésus ? Cela signifie ‘Sauveur’. Qu’est-ce qui nous sépare de Dieu ? Comme le dit le Prophète Isaïe, ce sont nos péchés qui nous séparent de Dieu. L’Ange de Dieu parla à Joseph de la Nativité du Messie, du Sauveur, par l’œuvre de l’Esprit Saint et il dit de l’appeler Jésus, expliquant qu’Il sauverait Son peuple de ses péchés. Nous savons que l’objet de Sa venue, le but de l’incarnation du Fils de Dieu était de nous libérer de la domination du péché, de la mort éternelle dans la soumission au diable. Mais si le péché qui nous détachait de Dieu était vaincu, nous pourrions nous unir à Dieu à travers le Dieu-Homme, notre Seigneur Jésus Christ. Il fut notre Sauveur, il fut ‘Dieu avec nous’, Emmanuel. Vous voyez donc que les deux noms correspondent parfaitement avec ce que fut dans son essence divine de notre Seigneur Jésus Christ. Les deux noms sont justes, chacun d’eux témoigne de Sa divine dignité. Il n’existe donc aucune contradiction entre la prophétie d’Isaïe et les paroles de l’Ange à Joseph le Fiancé. Chez les saints prophètes, nous trouvons de stupéfiantes représentations des traits fondamentaux de la vie et de la personnalité de notre Seigneur Jésus Christ. Voici ce que dit le Saint Prophète Isaïe : «Voici mon Rejeton, Que je porte en mes bras, Mon Élu, Celui que Mon âme agrée. Je répands Mon esprit sur Lui et il révèlera mon jugement aux nations. Il ne criera pas, il ne faiblira pas ; sa voix au dehors ne sera pas entendue. Il ne broiera pas le roseau déjà brisé ; il n’éteindra pas la mèche qui fume encore » (Isaïe 42, 1-3). N’est-ce pas là clairement la description de notre humble et doux Seigneur Jésus Christ, méprisé aux yeux de nombreux contemporains à cause de son humble origine ? C’est Lui, l’Humble et le Doux qui ‘ne broiera pas le roseau déjà brisé et n’éteindra pas la mèche qui fume encore’, c’est bien Lui qui Se tient sous les yeux du saint prophète sept cents ans avant Sa propre venue.
On qualifie le Saint Prophète Isaïe d’évangéliste vétérotestamentaire dans la mesure où il nous rapporte tout ce qu’il est important de connaître au sujet du Christ ; il décrit non seulement Son humilité et Sa douceur, mais aussi Son sacrifice sur la Croix, il met en lumière le sens de l’œuvre que le Sauveur vint accomplir sur terre. Écoutez ces paroles tonnantes : «Mais, Seigneur, qui a cru à notre parole ? A qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Nous l’avons annoncé, comme un petit enfant devant le Seigneur, comme une racine dans une terre altérée ; il n’est point en lui de beauté ni de gloire ; nous l’avons vu, et il n’avait ni éclat ni beauté. Mais son aspect était méprisable, en-dessous de celui des fils des hommes. C’était un homme couvert de plaies, et sachant ce que c’est que la souffrance ; car son visage était repoussant, sans honneur, et compté pour rien. Il porte nos péchés, il souffre pour nous ; Et nous l’avons considéré comme puni, frappé de Dieu, et humilié » (Isaïe 53,1-4). N’est-ce pas la description de la manière dont de nombreux Juifs : grands-prêtres, scribes et pharisiens, considéraient le Seigneur, eux qui étaient Ses contemporains? Tout cela, Saint Isaïe l’avait vu par avance : «Mais il avait été blessé pour nos péchés, il était brisé pour nos crimes ; le châtiment qui devait nous rendre la paix est tombé sur lui ; nous avons été guéris par ses meurtrissures» (Is 53,5). N’est-ce pas ce que l’Évangile nous rapporte ? N’est-ce pas la description de Ses souffrances sur la Croix, Sa kénose ? Et ce fut annoncé sept cents ans plus tôt. «On a mis son sépulcre parmi les méchants, Son tombeau avec le riche » (Is 53,9). N’allaient-ils pas Le jeter dans la fosse, avec les brigands aux côtés desquels Il fut crucifié, ne lui avait-on pas destiné pareille tombe parmi les malfaiteurs. Mais Il fut inhumé dans le jardin du Juste Joseph d’Arimathie. Tout cela, le Saint Prophète le savait et l’avait vu.
Mais c’est peut-être une prophétie encore plus stupéfiante que nous pouvons lire dans le psaume 21 du Roi David : «Tous ceux qui m’ont vu se sont moqués de moi ; ils ont murmuré entre leurs lèvres, ils ont secoué la tête. (Ils ont dit) : Il a mis son espoir en Dieu, que le Seigneur le sauve ; qu’il le délivre, puisqu’il se complaît en lui» (8-9). Ne sont-ce pas les mots que vous avez entendus lors de la lecture des Évangile de la Passion, ceux prononcés par les scribes et les Pharisiens passant devant Sa Croix ? Ils dirent alors : «Il a sauvé les autres; qu’il se sauve lui-même, s’il est le Christ, l’élu de Dieu! » (Lc 23, 35). Ces paroles, Saint David les avait entendues mille ans auparavant : «Une multitude de chiens m’ont entouré ; la synagogue des pervers m’assiège ; ils m’ont percé les pieds et les mains, ils ont compté mes os ; ils m’ont observé et surveillé. Ils se sont partagé mes vêtements, et ils ont tiré ma robe au sort» (Ps 21, 17-19). Jusqu’au fait que Sa tunique sans couture serait jouée aux dés avait été prédit.
Le Saint Prophète Zacharie avait pour sa part annoncé l’entrée triomphale du Seigneur dans Jérusalem : «Réjouis-toi grandement, Sion, Ma fille, annonce à haute voix, Jérusalem, Ma fille : Voilà que ton Roi vient à toi, juste et sauveur, et Il est plein de douleur, Il est monté sur un âne, et sur un ânon, petit de l’ânesse » (Zac.9,9-10). Vous savez que Judas a trahit le Seigneur pour trente deniers, mais lorsque le Christ fut crucifié, envahi par la terreur et le repentir, il alla trouver les grands-prêtres dans le temple, jeta l’argent sur le sol et dit «J’ai péché, en livrant le sang innocent. Ils répondirent: Que nous importe? Cela te regarde » (Mat. 27,4). Après s’être concertés sur la destination qu’ils pouvaient réserver à cet argent, prix du sang, ne pouvant le verser au trésor, ils décidèrent d’acheter la terre du potier pour inhumer les étrangers. Cela aussi fut prédit par le Prophète Zacharie : «Si vous le trouvez bon, donnez-moi mon salaire; sinon, ne le donnez pas. Et ils pesèrent pour mon salaire trente sicles d’argent. L’Éternel me dit: Jette-le au potier, ce prix magnifique auquel ils m’ont estimé! Et je pris les trente sicles d’argent, et je les jetai dans la maison de l’Éternel, pour le potier » (Zac.11, 12-13). Qu’est-il encore besoin de vous dire, qu’est-ce qui pourrait mieux que ces prophéties rendre témoignage de la grandeur céleste de la fête que nous célébrons aujourd’hui ? Il me semble que toute âme humaine devrait être bouleversée par ces événements, par ces prophéties, devrait être saisie d’une sainte crainte, et devrait brûler d’amour pour Celui au sujet de Qui s’accomplirent toutes ces prophéties.
«… et le monde ne l’a point connue. Elle est venue chez les siens, et les siens ne l’ont point reçue » (Jean 1,10-11). Les Siens Le crucifièrent. Et jusqu’à ce jour, les Siens continuent à Le crucifier. Chose terrible, qui ébranle nos âmes ! Nous ne pouvons que verser des larmes d’amertume. Telle est la volonté de Dieu ; c’est ainsi que notre Seigneur Jésus l’avait prédit : « Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre? » (Lc 18,8). Voyez-vous l’immensité de la multitude, issue de tous les peuples et qui ne croit pas en Lui, qui blasphème contre Lui ?
Gloire à Dieu, grande est la joie de ce qu’Il préserve encore le petit troupeau du Christ, grande la joie de voir notre église remplie, hier et aujourd’hui. Mais quelle tristesse, à la vue de tous ceux que nous ne voyons lors d’aucune fête, ni encore aucun dimanche, alors que l’Église célèbre la Résurrection du Christ, ou encore de ceux qui ne viennent à l’église que deux ou trois fois par an, lors des plus grandes fêtes, et qui ne respectent pas le jour du Seigneur, ne voulant ne fût-ce qu’un tout petit peu ressembler à ces mages, ces sages païens venus d’horizons si lointains, apportant au Christ les signes de leur vénération pour Lui: l’or, comme pour les rois, l’encens, comme aux grands-prêtes, et la myrrhe, comme à Celui qui, mort de trois jours, ressuscita.
Faisons-nous autant que nous le pouvons, semblables à ces sages Chaldéens venus de leur terre lointaine pour rendre hommage, guidés par une miraculeuse étoile? Mais qu’apportons-nous au Christ? Notre foi en Lui, ardente, enflammée et l’amour qui sied au Seul Vrai Dieu. Puisse cet amour nous stimuler à faire preuve de cette crainte révérencieuse devant Dieu là où nous entendons les prophéties à propos de notre Seigneur Jésus Christ, là où nous écoutons Ses propres paroles saintes, là où Il est Lui-même présent parmi nous. Car Il a dit : ‘Là où deux ou trois sont assemblés en Mon nom, Je suis parmi eux’. Amin.
Traduit du russe