Métropolite Athanasios : A propos de Geronda Joseph l’Hésychaste

COE Métropolite AthanasiosLe Métropolite Athanasios de Limassol partage, dans son livre «Le Cœur Ouvert de l’Église», publié en 2016 par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, l’immense trésor de l’expérience spirituelle qu’il a accumulée au cours des six décennies de sa vie, dans sa prière, au contact de ses frères et sœurs en Christ, et surtout auprès des saints de notre Église qu’il a eu la grâce de rencontrer. Dans le texte ci-dessous, Monseigneur Athanasios présente Geronda Joseph l’Hésychaste, il s’agit de la traduction des pages 17 à 23 du livre précité.
Geronda Joseph l’Hésychaste est un saint homme qui joue un rôle important en ces temps modernes. Sa présence sur la Sainte Montagne où il vécut constitue pour l’Église un trésor inestimable. Geronda Joseph l’Hésychaste fut le geronda de mon geronda, Joseph de Vatopedi ; il est notre ‘grand-père spirituel’ comme on dit dans le langage monastique.
geronda-joseph-lhesychasteCe grand Saint qui vécut sur l’Athos naquit sur l’île de Paros au début du siècle passé. Quand l’Ancien Joseph était encore bébé, à l’heure de la prière, sa mère, qui était une sainte femme (plus tard elle reçut, elle aussi, la tonsure monastique) eut la grâce d’une vision angélique. L’ange apparut dans la pièce, avança vers l’enfant et se mit à le démailloter, afin de l’emporter. La mère lui demanda «Mais que fais-tu ? Tu veux enlever mon bébé?» L’ange répondit «Oui j’emmène le bébé avec moi. C’est un ordre d’en haut». Il lui remit alors une médaille en or et partit avec l’enfant. Ce fut une prémonition du futur chemin emprunté par l’ancien.

Geronda Joseph en 1930
Geronda Joseph en 1930

Quand le futur geronda grandit, il déménagea à Athènes. Il y travailla et pratiqua la boxe, car physiquement, il était très costaud. A environ vingt  ans, suite à la lecture de la vie des saints, il décida de se consacrer à Dieu. Ayant entendu parler de la Sainte Montagne, il se proposa d’y aller. Toutefois, avant de réunir les conditions lui permettant de mettre son projet à exécution, et de trouver un moyen de s’y rendre, il avait commencé à mener une vie ascétique, jeûnant sévèrement et participant aux vigiles, offices et liturgies nocturnes qui étaient habituels à cette époque à Athènes. Il alla jusqu’à s’établir au sommet d’un arbre, à l’image des stylites ; il avait lu leurs vies et dans son zèle d’adolescent, il était convaincu qu’il devait les imiter. Il finit par faire la connaissance d’un moine de la Sainte Montagne, et partit avec lui pour l’Athos.
Dès son arrivée, il se lança au plus profond de la Sainte Montagne, dans le désert, où il devint novice auprès d’un ancien très simple et brûlant de zèle. A cette époque, le futur geronda Joseph se lia avec le Père Arsenios, un homme bon, natif du Pont.

Geronda Joseph et Geronda Arsenios
Geronda Joseph et Geronda Arsenios

Jeunes moines, ils n’avaient pas de lieu de vie fixe et voyageaient sur l’Athos, s’installant là où ils arrivaient, d’habitude dans des monastères proches du sommet de l’Athos, à proximité de la Grande Laure. Ils allaient de grotte en grotte, d’église en église, pratiquant l’ascèse de la prière ininterrompue. Ils se nourrissaient d’environ 80 grammes de pain sec par jour, et buvaient de l’eau. Rien de plus. En chemin, le Père Joseph interdisait au Père Arsène de discuter afin de pratiquer la prière sans s’interrompre. L’ancien menait un combat dépassant les forces humaines. Pendant huit ans, il fit l’expérience d’attaques féroces des démons, souffrant le martyr jour et nuit. Il endurait la lutte spirituelle dans la douleur et les larmes, le jeûne le plus strict et les veilles nocturnes en prière. Pendant les huit années de cette effroyable lutte, il ne dormi pas une seule fois dans un lit ; il restait assis sur un petit banc et sommeillait en priant. Au bout de ces huit années, la lutte prit fin et la paix s’installa en son cœur.
Dans les moments où Geronda endurait ces attaques démoniaques, le Seigneur le consolait en le visitant de sa grâce. Une nuit, alors que Geronda était plongé dans ce terrible combat, il en vint à n’être plus capable de se tenir debout. Le désespoir le saisit et il se mit à pleurer, criant : «Seigneur une guerre pareille ne va-t-elle pas briser toute volonté humaine?» Il pleurait car il n’avait plus de force en lui. Il entendit alors une voix lui disant : «N’est-ce pourtant pas pour Mon Amour que tu endures tout cela?» Et instantanément, il reçut force et patience. Une autre fois, la veille d’une grande fête, Geronda (qui à cette époque ne participait pas aux offices des fêtes afin de ne pas interrompre sa prière), seul dans sa kaliva, priait en pleurant de ne pouvoir ni participer à la liturgie ni communier. Il priait en son cœur et soudain, comme il le décrit lui-même, l’endroit où il se trouvait fut illuminé et un ange apparut avec la Saint Coupe, lui dit : «Avec crainte de Dieu, foi et amour, approchez!», puisa dans le Saint Calice une parcelle du Corps du Christ et lui offrit la communion. Ceci signifie donc que Geronda a reçu la Saint Communion des mains d’un ange !
Une autre fois, lors de la Théophanie, il veillait et priait quand la Sainte Trinité lui apparut. Geronda reçut la visite de trois jeunes adolescents, âgés de pas plus de dix ans, de même taille, au même visage, aux mêmes vêtements. Geronda était stupéfait et ne pouvait détacher son regard de cette vision. Tous trois le bénirent en même temps et chantèrent «Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ, Alléluia!».

Une nuit, ce fut la Très Sainte Mère de Dieu elle-même qui vint rendre visite à Geronda dans sa chapelle dans la grotte, alors qu’assailli par les afflictions et les tentations, il pleurait et suppliait la Très Sainte Mère de Dieu de lui venir en aide. La Mère de Dieu se tint alors devant lui, avec l’Enfant Jésus dans ses bras, et elle lui parla : «Ne t’ai-Je pas dit de mettre ton espoir en Moi ? Pour désespères-tu?» Geronda tomba à genoux et se remit à pleurer.  Alors, la Mère de Dieu lui dit : «Mets ton espoir en moi et ne perds pas courage. Et maintenant, viens, et prends le Christ». Et Elle lui donna l’Enfant. Geronda tremblait tellement et était si troublé qu’il n’osait prendre l’Enfant. Et c’est alors le Christ Lui-même qui quitta les bras de Sa Mère et vint sur les bras de Geronda, le regardant à trois reprises. Depuis ce jour, l’endroit où la Mère de Dieu se tint et parla à Geronda Joseph est saturé d’un parfum merveilleux, et ce, bien que Geronda soit mort depuis longtemps et que ces lieux soient inhabités. Je souhaite souligner que toute la grâce que portait Geronda, de même que son don de la prière du cœur ininterrompue, il les reçut de la Très Sainte Mère de Dieu.
Geronda Joseph décéda à l’âge de soixante et un an. Quelques semaines avant sa mort, il fut averti de ce que sa vie sur terre touchait à sa fin. Ce fut à nouveau la Mère de Dieu qui vint à lui et dit «Je vais te prendre avec Moi le jour de Ma fête». Geronda s’attendait donc à mourir le jour de la Dormition de la Mère de Dieu. Et effectivement, sa santé se mit à décliner progressivement. Il se rendit pour la dernière fois aux offices de la fête de la Dormition et chanta avec les moines. Au moment de communier, il dit : «Comme viatique pour la Vie éternelle» (N.d.T. Première prière de Saint Basile le Grand dans le Canon de la Sainte Communion). Ses derniers mots furent : «Tout est terminé, je m’en vais. Je pars. Bénissez». Et il remit son âme entre les mains de Celui auquel il aspirait depuis sa jeunesse. Les hommes de Dieu possèdent un certain pouvoir, pendant leur vie et après leur mort, dans la mesure où leur vie surpasse les possibilités humaines. Ils atteignent la vie de l’autre monde, le monde de la grâce. Après la mort de Geronda, il se produisit de nombreux événements, des miracles et des apparitions, témoignant de la sainteté de cet homme.

Il est notre grand-père spirituel ; demandez sa prière, il fait preuve d’une grande audace devant Dieu. Il est extraordinaire que Geronda ait annoncé qu’à travers quatre de ses disciples, la sainte Montagne toute entière allait se remplir de moines. Aujourd’hui, à partir des graines semées par Geronda Joseph l’Hésychaste, ont germé plus de sept cents moines et moniales. Vingt monastères aux États-Unis, six sur l’Athos et de nombreux autres en Grèce et à Chypre considèrent Geronda Joseph comme leur ancêtre-fondateur spirituel.
geronda-joseph-fraterniteIl est possible de décrire en quelques mots l’enseignement de Geronda. En premier lieu, en ces temps d’errements théologiques et de déchéance spirituelle, Geronda a restauré les fondements de l’enseignement de la prière du cœur. La notoriété dont jouit aujourd’hui dans le monde la prière du Cœur, la prière de Jésus «Seigneur Jésus Christ, aie pitié de moi», nous en sommes redevables à Geronda Joseph et à ses disciples, Geronda Ephrem de Philotheou (N.d.T. On l’appelle plus couramment de nos jours Geronda Ephrem d’Arizona), Geronda Joseph de Vatopedi, Geronda Charalampos et Geronda Ephrem de Katounakia. Tous ont enseigné la prière de Jésus tant aux moines qu’aux laïcs. Par ailleurs, Geronda Joseph l’Hésychaste parlait de la nécessité de revenir à la communion fréquente aux Saint Mystères du Christ. Certains théologiens considèrent que la communion fréquente est une hérésie. Un des succès de Geronda fut le retour des moines et des laïcs à la communion fréquente.
Le trait le plus caractéristique de Geronda et de son ascèse consista en ce qu’il conserva toujours le zèle de ses débuts. Du premier jour où il posa le pied sur le sol de la Sainte Montagne jusqu’à son dernier souffle, il préserva un zèle inextinguible. Jamais il ne se laissa aller au moindre compromis avec le péché, avec la transgression de la volonté divine. Geronda Sophrony (Sakharov) d’Essex connut Geronda Joseph, et il racontait que la première fois qu’il le vit, Geronda Joseph lui donna l’impression d’être en guerre. Il était un homme tellement courageux qu’il ne reculait devant rien. Une âme aussi puissante, on la distingue immédiatement, même en regardant seulement une photo de lui.
Les Saints de notre Église ne sont pas morts. Ils vivent. Ils sont autour de nous, tout près, et ils nous soutiennent. Je souhaite que leurs prières nous accompagnent et nous protègent tous.
Traduit du russe.

Qui est le Métropolite Athanasios de Limassol?

COE Métropolite AthanasiosLe texte ci-dessous est la traduction de l’introduction remarquable (pages 4 à 14), rédigée par Athanasios Zontakis, du livre intitulé «Le Cœur ouvert de l’Église», publié en 2016, en russe, par les Éditions du Monastère de la Sainte Rencontre (Сретенский монастырь) à Moscou. Le Métropolite Athanasios est l’un des prédicateurs les plus connus dans l’Église Orthodoxe grecque contemporaine. Il a connu de nombreux gerondas et ils l’ont nourri de leur tradition spirituelle. Nonobstant les obligations dues à son rang archiépiscopal, le Métropolite Athanasios continue aujourd’hui encore à confesser et à dispenser la guidance spirituelle. Depuis de nombreuses années, il s’entretient familièrement avec son troupeau, ce qui lui assure un grand succès, particulièrement auprès des jeunes. En Grèce et ailleurs, les entretiens avec le Métropolite font régulièrement l’objet d’enregistrements. Le présent livre est le premier recueil d’entretiens du Métropolite Athanasios qui soit publié avec sa bénédiction. Certains entretiens furent transcrits à partir d’enregistrements et d’autres proviennent du journal de la Métropole de Limassol, «Paraklisis». Read more

Le Monastère de la Panagia Palianis.

paliani_680_1Le Saint Monastère stavropégique de la «Panagia Palianis» est situé dans l’environnement pittoresque de la municipalité de Paliani, (à une vingtaine de kilomètres au Sud d’Heraklion, sur la route de Mires) au sommet d’une colline d’une altitude de 280 m. Il ne s’agit pas d’une communauté cénobitique, mais idiorythmique ; les moniales qui y vivent doivent vivre de leur travail. Elles brodent des pièces d’étoffe et des couvertures et proposent une exposition permanente de leurs travaux de tricot et de broderie. L’église comporte trois nefs et constitue un vestige du plus ancien monastère de Crète, érigé au cours de la première période byzantine.

Quelques éléments d’Architecture du Monastère.
La fête de la dédicace du monastère est célébrée le 15 août, jour de la fête de la Dormition de la Mère de Dieu. La nef centrale de la basilique est dédiée précisément à la Dormition de la Theotokos. La nef Sud est dédiée aux trois Saints Hiérarques et la nef Nord à Saint Panteleimon. A cette dernière est accolée la chapelle des Saints Apôtres. La nef centrale est la plus grande ; une voûte cylindrique la surmonte, tandis que les nefs latérales, plus petites, sont surmontées de voûtes en quart de cercle. Les nefs sont séparées par des colonnes de marbres aux chapiteaux byzantins ornés de feuilles d’acanthe. Deux des chapiteaux sont en marbre byzantin. Un troisième chapiteau de l’époque a été conservé et se trouve dans la cour. Le linteau de l’entrée du narthex est lui aussi en marbre ancien, et il est sculpté d’un relief représentant l’Annonciation à la Mère de Dieu. D’autres éléments en marbre ancien sont intégrés dans diverses parties de l’édifice et on peut observer des dalles de ce marbre dans la cour. En outre, quatre de ces chapiteaux forment la base de la Sainte Table. Portant un monogramme cruciforme, l’un d’eux remonte à la première période byzantine de l’île. Les cellules des moniales DSCF2392_optont été construites à l’aide de toutes sortes d’éléments architecturaux anciens, frises, corniches, colonnes, etc… L’église s’élève au centre du monastère et tout autour ont été construits les locaux communs et les cellules monastiques. L’entrée du monastère se trouve dans la partie occidentale du complexe d’édifices. L’ancienne entrée en pierres fut démolie vers 1970 et remplacée par une nouvelle, en béton. Un monastère de moniales doit être un endroit sûr et isolé. Le personnel non religieux et les visiteurs demeuraient dans la zone située avant l’entrée de sorte que lorsque celle-ci était fermée, elle assurait un lieu de séjour isolé aux moniales. Les interventions opérées au cours des dernières années ont fortement altéré l’aspect du complexe d’édifices. Les cellules des moniales ne doivent toutefois guère différer des maisons crétoises typiques du siècle dernier, sauf en ce qu’elles doivent être adaptées aux exigences de base de la vie monacale.

Quelques éléments d’histoire.
L’histoire ancienne. Il s’agit du plus ancien monastère encore en fonctionnement sur l’île de Crète. Sa fondation remonte au IVe siècle. Il fut érigé en un lieu occupé par un temple ancien, sans doute dédié à la déesse Athina. Le P. Faure situe dans cette zone l’antique cité d’Apollonia, dont le nom du monastère représenterait une déformation.
La première période byzantine. En 668, Vitalien, Pape de Rome, envoie à Paul, Archevêque de Crète, deux missives relatives au règlement de certaines questions d’ordre administratif dans l’Église crétoise. Il y est déclaré, entre autres, que les monastères ‘Palaia’ et ‘Arsilli’ doivent retourner sous la juridiction de l’Évêque de Lappa. Cette missive documente donc l’existence du Monastère de Paliani dès le VIIe siècle. Et il était donc déjà considéré comme ancien (palea) à cette époque. Il a vraisemblablement conservé cette appellation d’où découle le nom actuel : ‘Paliani’. Par ailleurs, les chapiteaux byzantins et autres vestiges architecturaux appuient la thèse selon laquelle l’actuelle église était au départ une basilique paléochrétienne à trois nefs dont les vestiges sont intégrés dans l’édifice contemporain.
Arabocratie. Seconde période. On ne sait rien de l’histoire du monastère durant la période arabe (824-961) ; on suppose qu’il continua à fonctionner. Après la reconquête de la Crète par les Byzantins, il semble que le monastère connu un nouvel essor. Entre 961 et 1024, on a des raisons de supposer qu’il devint un des monastères les plus riches appartenant au Patriarcat Œcuménique de Constantinople ; il dépendait directement du sommet de l’Empereur et disposait de ce fait d’une fortune immense et de vastes propriétés, surtout dans le centre de la Crète.

Vénétocratie. En 1211, la Crète devint possession Vénitienne. Le Monastère de Paliani demeura sous la juridiction du Patriarcat de panagia palianisConstantinople jusqu’en 1304. Toutefois, en raison de ses nombreuses propriétés, il attira l’attention du clergé latin de Crète. Un document daté de 1248 détaille l’ensemble des propriétés foncières détenues par le monastère en ‘tempore Graecorum’. Par décision du Pape Clément IV, le monastère fut placé sous la juridiction de l’archevêque latin de Crète, en dépit de la résistance offerte par le Patriarche. Commença alors un long conflit auquel il fut mis un terme en faisant passer le monastère sous la juridiction du Doge de Venise, en 1323. Pendant les derniers siècles de la domination vénitienne, le monastère comptait vingt à trente moniales, et, fonctionnant normalement, il parvint à préserver ses importantes richesses. Et on sait que déjà à cette époque il s’agissait d’un monastère de moniales. C’est de cette période que daterait la superbe icône de la Mère de Dieu de Paliani, intégrée dans l’iconostase de l’église du monastère. L’icône est considérée comme étant vraisemblablement la plus ancienne icône de la Mère de Dieu en Crète.
La Turcocratie. L’invasion turque en Crète (1645-1669) sonna la fin d’une longue période, et aussi celle de la domination des catholiques sur les monastères. Les riches propriétés furent usurpées par les envahisseurs et distribuées aux hauts fonctionnaires turcs. Un document patriarcal, daté de 1781, indique que le monastère dépend alors de l’évêque de Cnossos. Jusqu’en 1821, le monastère était célèbre pour son artisanat. Les données en notre possession permettent de supposer qu’il ne possédait plus de propriétés foncières, et que les moniales pratiquaient l’artisanat. Le 24 juin 1821, la «grande bagarre» (N.d.T. : αρμπεντές, du turc ‘arbedes’. Épisode de résistance violente, écho crétois du soulèvement de 1821 en Grèce) s’étendit à partir d’Héraklion vers la Province de Melevizi. Les Turcs envahirent le monastère, massacrèrent 70 moniales et détruisirent les vases sacrés, le polyeleos, les icônes et les veilleuses avant d’incendier les lieux. Trois moniales seulement en sortirent vivantes. L’une d’entre elles, Parthenia Neonaki du village de Miamou Kainouriou,  entreprit de faire reconstruire l’église, de 1826 à 1840. Lors du séisme de 1856, le monastère subit des dommages et les réparations engendrèrent des modifications à la forme originale de l’église. En 1866, le

Mihalis Korakas
Mihalis Korakas

Capitaine Mihalis Korokas trouva refuge à Paliani, après avoir tué le terrible Turc Aliko et il obtint les armes nécessaires pour lancer son mouvement révolutionnaire. Cette année-là, pendant la Révolution Crétoise, malheureusement, le monastère fut de nouveau détruit par les occupants turcs. Malgré les difficultés, les moniales réussirent à reconstruire l’église, qui fut inaugurée le 15 août 1872 par le Métropolite de Crète. Tous les Chrétiens de Crète participèrent à l’effort de reconstruction de l’église ainsi qu’à la résolution des problèmes financiers du monastère. Des collectes de fonds furent organisées, jusqu’au sein de la florissante communauté grecque en Égypte. Dans les dernières années du XIXe siècle, le monastère parvint à mieux s’organiser ainsi qu’à acquérir vignes et oliveraies. Mais les épisodes révolutionnaires se succédaient et tout cela occasionna grands dégâts et tourments au monastère. Comme il se trouve à côté de la route de Messara, il fut une cible facile pour les pillards ottomans et l’armée turque régulière.
L’époque contemporaine. Au début du XXe siècle, les problèmes économiques continuèrent, mais le nombre des moniales se mit à augmenter,

Entrée du Monastère en 1927
Entrée du Monastère en 1927

pour atteindre 65 en 1930 et 85 en 1942. Le monastère compte actuellement 25 moniales, dont la majorité est très âgée. Au cours des dernières années, dès projets visant à faciliter le confort de vie ont été entamés, mais ils ont malheureusement altéré la physionomie originale du monastère. Paliani est l’un des monastères les plus fréquentés en Crète. Depuis dix an, un musée tout à fait remarquable est ouvert et expose des icônes, des reliques ainsi que des livres de grande valeur historique et archéologique. Divers travaux d’entretien et de restauration du monastère sont en cours actuellement.

Le Myrte sacré.
Le ‘Myrte Sacré de Paliani’ joue un rôle majeur dans la tradition et la dévotion au Monastère de Paliani. Un énorme arbre dont l’âge est estimé à 1600 ans se dresse dans la cour, au Sud-est de l’église, à côté d’une source qui existe depuis toujours et que les moniales nomment ‘kavousi’ (N.d.T. ‘source’ en dialecte crétois). Une icône de la Panagia se trouve à l’intérieur de cette iconostase très particulière que constitue le tronc de ce myrte, qui en devient porteur de la grâce de la Mère de Dieu et est constamment illuminé par une veilleuse.
Panagia MyrtidiotissaConformément au souhait des moniales, la cérémonie de la fête du ‘Myrte Sacré’ a lieu séparément de celle de l’église du monastère. C’est donc le 24 septembre qu’est célébrée la ‘Panagia Myrtidiotissa’. Il s’agit en Crète de l’unique lieu où l’on vénère la Panagia Myrtidiotissa. Ailleurs en Grèce, à Cythère par exemple, on l’y célèbre à cette même date, séparée de la fête de la Dormition par  quarante jours. De façon très typique, pour la bénédiction de l’Artos, qui se déroule au pied de l’arbre, c’est un des antiques chapiteaux provenant de la basilique paléochrétienne qui fait office de table. Les branches inférieures de l’arbre sont dépouillées de leurs Paliani chapiteau tablefeuilles de façon systématique par les pèlerins de Paliani qui les gardent sur eux en guise de bénédiction ou les accrochent à leur iconostase domestique.
Le myrte sacré de Paliani est le centre d’un culte particulier pendant la période autour de la Dormition de la Mère de Dieu. A cette période, chaque soir, les moniales viennent y prier. Il s’agit là d’un rituel à la signification particulière dans la tradition orthodoxe. Chaque moniale estime, à titre individuel, que cette prière à la Panagia du ‘Myrte Sacré’ fait partie de ses obligations. On observe également, suspendus aux branches du myrte, de très Myrtia_optnombreux ex-voto, et même, déposées contre le tronc, béquilles, cannes et prothèses devenues inutiles après la guérison obtenue. « Innombrables sont les miracles de notre Panagia de Paliani, Elle à qui Dieu fait faveur de Sa Grâce », sous cet arbre, des possédés furent délivrés, des aveugles ont retrouvé la vue, des hommes et femmes ont retrouvé l’usage de membres paralysés, et nombreux sont ceux et celles que torturaient de graves maladies qui ont trouvé la guérison à cet endroit. C’est ce dont témoigne la Gerondissa de la communauté, Theopisti, arrivée au monastère de Paliani en 1942 et âgée aujourd’hui de près de 90 ans. Elle ajoute encore «Le Saint Myrte est une bénédiction spéciale pour notre monastère historique. Nous avons cette pieuse tradition consistant à enlever de petites branches sèches du myrte sacré et à y sculpter de petites croix que nous distribuons aux pèlerins en guise de bénédiction ». Et elle termine : «La Très Sainte Mère de Dieu accorde aux femmes stériles la grâce de la fertilité. Les femmes prennent la mèche de Sa veilleuse, et quand, après, la mèche apparaît quelque part sur leur corps, cela veut dire qu’elle auront un enfant». [N.d.T. Gerondissa Theopisti est décédée le 03 février 2017. Puissions nous continuer à bénéficier de ses prières et intercessions. Gerondissa Theotimi est maintenant la nouvelle higoumène.]

Texte traduit du grec à partir des sources suivantes et adapté après plusieurs visites au monastère. Sources 1,2,3.
Crédit pour la majorité des photos.