maxresdefaultLe site Romanity.org propose une série de textes du Père Jean Romanidès. Certains en Anglais, d’autres en grec. La traduction ci-dessous est celle du début d’un très long texte en anglais dont le titre complet est : «Thérapie de la maladie neurobiologique de la Religion.La Civilisation hellénique de l’Empire Romain, Le Mensonge de Charlemagne en 794 et son Mensonge aujourd’hui.» Ce texte est présenté sur le site précité comme celui d’une conférence donnée à deux reprises aux États-Unis en 1997, et dont la base fut un long article écrit en grec et publié dans un ouvrage édité par le Saint Monastère de Koutloumousiou en 1996. La longueur de ce texte obligé d’en proposer la traduction en extraits successifs. En voici le quatrième.

Rien de ce qui précède ne se trouve dans Saint Augustin.
Les écrits du Ve siècle de Saint Augustin d’Hippone (354-430), qui subsistèrent malgré la prise de cette ville par les Vandales en 430 contrastent de façon aiguë avec ces cinq clés. Augustin écrit que son Archevêque, Aurélien de Carthage lui a ordonné de soumettre à son examen son ouvrage De Trinitate, mais nous n’avons aucune trace du résultat de cette démarche.
Arius et Eunome furent condamnés respectivement par le Premier (325) et le Second (381) Concile Œcuménique, pour avoir enseigné que le Verbe Messager Qui apparut à Moïse dans le buisson ardent était une créature. Augustin croit évidemment que le Verbe est véritablement incréé. Toutefois, il introduit sa propre innovation selon laquelle la Trinité toute entière apparut à Moïse et aux prophètes au moyen d’un ou de plusieurs anges, qui prêtent forme à Dieu et permettent qu’Il soit vu et entendu, et sortent ensuite de cette existence une fois leur mission accomplie. L’Archevêque Aurélien avait évidemment appris cela, de même peut-être que les enseignements d’Augustin au sujet du péché originel et de la prédestination, et il souhaitait constater par lui-même. St-John-CassianLes écrits d’Augustin se répandirent dans les provinces romaines occidentales. Saint Jean Cassien (+/-360-433), un ancien ascète des déserts de l’Égypte et ensuite diacre de Saint Jean Chrysostome alors que celui-ci était Patriarche de Constantinople, contesta les enseignements d’Augustin à propos du péché originel et de la prédestination, sans mentionner le nom de leur auteur. En 529, le Concile d’Orange condamna les enseignements d’Augustin en ces matières.
Les écrits de Saint Augustin ont pleinement capté la tradition carolingienne du VIIIe siècle. Jusqu’au XIIe siècle, celle-ci ne connut qu’Augustin. A cette époque, les Francs acquirent une traduction du «Livre de la Foi Orthodoxe» de Saint Jean Damascène, qu’ils comprirent tout simplement dans leurs propres catégories augustiniennes.
Au XIe siècle, les Francs avaient maîtrisé, par la diplomatie ou la conquête, toute l’Europe occidentale à l’exception de l’Espagne. Les Romains d’Espagne, sous domination arabe, demeuraient toutefois sous la surveillance de l’Empereur romain de Constantinople, Nouvelle Rome. Les Arabes Omeyyades d’Espagne et les Arabes Abbassides de Damas et de Bagdad nommaient leurs sujets romains les Melkites, c’est-à-dire ceux qui appartiennent à la religion de l’Empereur de la Nouvelle Rome, Constantinople.
Selon la tradition augustinienne, Dieu, afin d’être vu et entendu, ferait exister certaines créatures et les renverrait à la non-existence une fois terminée leur mission consistant à transmettre visions ou romiosini_01messages. Toujours selon cette tradition, une méthode de révélation supérieure à celle qui recourt à pareilles créatures éphémères, seraient constituée de concepts injectés par Dieu directement dans l’intellect humain. Les savants biblistes qui, soit admettent cette tradition, soit croient que cela correspond à ce que dit la Bible, contribuent inconsciemment à dissimuler à la fois la maladie de la religion et la thérapie qui lui correspond, de même, par conséquent, que la lecture correcte des termes utilisés dans la Bible pour distinguer ‘le créé’ de ‘l’incréé’. Et pire encore, les partisans de ce genre d’interprétations de la Bible pensent que ceux qui la rédigèrent croyaient eux-mêmes que Dieu peut être exprimé à l’aide de mots et véritablement conçu par l’intellect humain, sinon parfaitement, du moins de manière approximative.
La Tradition des Pères des Conciles Œcuméniques Romains tranche particulièrement avec l’approche précitée. Seuls les prophètes, apôtres et pères qui atteignirent la glorification, avant ou après l’Incarnation du Seigneur de Gloire, peuvent connaître ce que signifie la glorification, et savoir comment guider autrui à travers la thérapie, manifestant ainsi une claire distinction entre le créé et l’incréé dans la Bible.
C’est pourquoi les savants biblistes, fondamentalistes ou non, qui ont été les victimes des présupposés augustiniens et carolingiens, sont enclins à une compréhension erronée de ce qu’ils lisent dans la Bible, particulièrement des passages contenant des termes ou des symboles signifiant la apostolos-pavlos-570glorification des prophètes. Un exemple classique est 1 Cor.12,26. Dans ce passage, Saint Paul n’écrit pas «si un membre est honoré», mais «si un membre est glorifié», c’est-à-dire, s’il est devenu prophète. Être glorifié signifie que l’on a vu le Seigneur de Gloire, soit avant Son Incarnation soit après, comme ce fut le cas de Paul sur le chemin de Damas, où il se rendait pour persécuter ceux qui suivaient le Seigneur de Gloire Incarné.
Un autre exemple est l’expression «Royaume de Dieu», qui en fait une création de Dieu plutôt que la puissance du Règne incréé de Dieu. Il est remarquable que l’expression «Royaume de Dieu» n’apparaisse pas une seule fois dans l’original grec du Nouveau Testament. On ignore donc que «Règne de Dieu» est la traduction correcte du grec «Vasilea tou Theou». Les Vaticanistes, les Protestants et même de nombreux Orthodoxes contemporains, ne voient pas que la promesse faite par le Christ à Ses apôtres dans Mth.16,28, Lc. 9,27 et Mc. 9,1, à savoir, qu’ils verraient le Règne de Dieu, fut accomplie lors de la Transfiguration, qui suit immédiatement dans les trois évangiles précités.
Pierre, Jacques et Jean y voient le Christ en tant que Seigneur de Gloire, en tant que source de la ‘gloire’ incréée de Dieu et de sa ‘Vasilea’, son ‘règne’ incréé, indiqués par le nuage incréé, gloire, qui apparaît et recouvre les trois hommes pendant la Transfiguration du Seigneur de Gloire. C’est au moyen de sa puissance de Gloire que le Christ, en tant que Seigneur (Yahvé) de Gloire pré-incarné, avait délivré Israël de son esclavage en Égypte et l’avait conduit à la liberté et la terre promise. Le texte grec ne parle pas de ‘Vasileion’ (royaume) de Dieu, mais de ‘Vasilea’ (règne) de Dieu au moyen de Sa gloire et de Sa puissance incréées. Par Sa Transfiguration, le Christ s’est clairement révélé comme la source de la Gloire incréée vue par Moïse et Élie au cours de l’ancien Testament. Et ils sont tous deux présents lors de la Transfiguration pour témoigner aux apôtres que le Christ est en vérité ce même Yahvé de Gloire, maintenant incarné, Qu’ils avaient vu au cours du passé historique et au Nom duquel ils avaient agi.
Les Vaticanistes ont, ou avaient, l’habitude d’identifier leur Église avec le premier royaume établi par le Christ et avec le pape franco-latin comme vicaire du Christ, empereur et évêque de Rome. Ni les Protestants, ni les Vaticanistes ne connaissent les quatre clés précitées de la lecture de la Bible. Mais ce qui est pire, c’est qu’ils se permettent de répartir les autres entre d’une part ceux que Dieu a Adam_kai_Eua_H_ptwsh_02choisis (et dont ils font partie), et d’autre part ceux qui n’ont pas été choisis et sont destinés dès lors à l’enfer, tous ayant hérité de la culpabilité d’Adam et Eve. Et ils poursuivent, avec Augustin, en affirmant qu’une partie donc de ceux qui ont hérité de la culpabilité d’Adam et Eve, comme c’est leur cas, font malgré cela partie de ceux que Dieu a choisis, sans aucun mérite de leur part. Dieu les choisit, malgré la culpabilité dont ils ont hérité, pour remplacer le nombre des anges déchus. Un tel paganisme destinait la Chrétienté franco-latine à perdre pied face à l’assaut de la science moderne et de la démocratie. Jamais des ‘choisis’ ne peuvent faire partie d’une démocratie.
Les Chrétiens augustiniens, Vaticanistes et Protestants, sont littéralement des hommes déséquilibrés. Ils ont été très dangereux jusqu’à la révolution française et ils demeurent très dangereux. Ils n’ont jamais été capables de comprendre que Dieu aime de la même façon ceux qui vont en enfer et ceux qui vont au ciel. Dieu aime le diable de la même façon qu’Il aime les Saints. «le Dieu vivant… est le sauveur de tous les hommes et spécialement des fidèles» (1 Tim 4,10). En d’autres termes, l’enfer est une forme de salut, sa forme la plus inférieure. Dieu aime le diable et ses collaborateurs, mais il détruit leur travail en leur permettant d’être inopérants en ce qui concerne le «bonheur-acte pur» final, comme Dieu chez Thomas d’Aquin. La question ne porte donc pas dès lors sur qui Dieu aime et sauve. Tous sont aimés par Dieu et tous sont sauvés par Dieu. Les médecins humains sont eux-mêmes moralement obligés  de soigner tout patient, nonobstant qui ou ce qu’ils sont. De ce point de vue, l’enfer est une forme de salut, mais sa forme la plus  inférieure. Chacun choisit d’être soigné ou de ne pas être soigné du court-circuit qui rend l’homme religieux. Celui qui opte pour la thérapie s’exerce, tel un athlète qui suit les instructions du Seigneur de Gloire pour purifier son cœur. «Bénis, les cœurs purs, car ils verront Dieu». Il s’agit de coopérer avec le Christ dans la purification du cœur, et dans l’acquisition de l’illumination par la prière du cœur ininterrompue. Cela permet à l’amour d’éliminer l’égocentrisme et l’égoïsme, et en même temps, cela augmente l’empressement à détruire l’œuvre du diable. Quand dieu voit que l’homme est prêt à suivre le traitement qui rend désintéressé, Il le guide dans le jardin de la glorification et le fait grandir de petit enfant à homme adulte, c’est-à-dire prophète (1Cor.13,11). On commence par l’amour maladif de son propre salut et on évolue vers l’amour désintéressé qui, à l’image de Saint Paul, renoncerait à son propre salut au profit de celui d’autrui. En d’autres mots, soit on accepte la thérapie, soit on la refuse. Le Christ est le médecin qui soigne tous Ses patients au moyen du traitement auquel ils acceptent de se soumettre, fût-il celui de l’enfer. (A suivre)
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