Le site Romanity.org propose une série de textes du Père Jean Romanidès. Certains en Anglais, d’autres en grec. La traduction ci-dessous est celle du début d’un très long texte en anglais dont le titre complet est : «Thérapie de la maladie neurobiologique de la Religion.La Civilisation hellénique de l’Empire Romain, Le Mensonge de Charlemagne en 794 et son Mensonge aujourd’hui.» Ce texte est présenté sur le site précité comme celui d’une conférence donnée à deux reprises aux États-Unis en 1997, et dont la base fut un long article écrit en grec et publié dans un ouvrage édité par le Saint Monastère de Koutloumousiou en 1996. La longueur de ce texte obligé d’en proposer la traduction en extraits successifs. En voici le troisième.
Ceux qui haïssent les Romains se nomment eux-mêmes Romains. Pourquoi?
Les papes franco-latins mirent définitivement la main sur la papauté au cours de la lutte qui commença en 983 et s’éteignit en 1046. Ils prirent même le titre de papes romains pour tromper leurs esclaves romains d’Occident en leur faisant croire qu’ils avaient bien un pape romain. Mais la réalité de cette situation réside en ce que ces Franco-Latins qui jouaient, et continuent à jouer, le rôle de papes romains et de dirigeants de l’Église romaine, éprouvaient en fait une haine dense envers leurs esclaves, les Romains d’Europe occidentale, et envers les Romains libres et leur empereur véritablement romain de la Nouvelle Rome. Cette haine fut décrite par l’évêque lombard de Crémone, Luitprand (922-972), qui prit part aux démarches entreprises afin de se débarrasser des véritables papes romains et de les remplacer de force, surtout par des Francs de Toscane et des Lombards, qui dès lors devinrent les principaux bénéficiaires de la ‘dignité papale’ franco-latine. Luitprand écrivit : «Nous, Lombards, Saxons (d’Allemagne), Francs, Lotharingiens, Bajoariens, Suiones, Burgondes, éprouvons un tel mépris (pour les Romains et leur empereur) que lorsque la colère nous emporte face à nos ennemis, nous ne connaissons d’autre insulte que Romains (nisi romani). Ceci, c’est-à-dire le nom de Romains (hoc solo, id est Romanorum nomine) signifiant : tout ce qui est ignoble, avare, licencieux, trompeur et, en vérité, tout ce qui est mal». Luitprand est très conscient de ce qu’ici, il n’écrit pas aux «Grecs» de l’Orient, mais aux Romains de l’Orient. Quoiqu’il en soit, Luitprand ainsi que tous les Franco-Latins ont depuis 794, raconté à leurs ‘serfs’ et leurs ‘vilains’, les Romains d’Occident, qu’en Orient, il n’y a pas de Romains, ni d’Empereur Romain, mais seulement un tas ‘d’hérétiques grecs’.
Voilà en quoi consiste la toile de fond des politiques russe, britannique et française des XIXe et XXe siècles, consistant à convertir toute la partie occidentale de l’Empire Ottoman, appelée Romanie ou Roumélie (c’est-à-dire, Pays des Romains) en ces nations d’Hellènes, de Serbes, de Bulgares, de Roumains, d’Albanais et même de Macédoniens slaves. La partition de Chypre entre Turcs et Romains (qui se mirent à s’appeler Hellènes afin de s’unir à l’Hellade) fait-elle partie de ce même plan ou d’un autre?
Et tout cela s’est déroulé en dépit de ce que la langue d’origine des anciens Romains était le grec, comme nous le verrons. Les Russes, les Français et les Britanniques se sont attelés avec acharnement à la destruction de la langue grecque, qui fut la langue qui unissait les anciens Romains, non seulement ceux de l’antiquité, mais aussi ceux des Balkans, où ils facilitèrent son remplacement par des dialectes locaux qui avaient survécus. L’aristocratie franco-latine de Grande-Bretagne, et de France, aux basques de laquelle collaient les Russes et leur panslavisme, devaient s’assurer de la disparition complète de la Nation Romaine, conformément à la décision du Père Charlemagne.
La clé de la Bible est la thérapie de la maladie de la religion. Dans Jean 17, le Christ prie pour l’unité dans la guérison par la glorification, et non pour les Églises divisées.
Nous devons également commencer par la clé de la Bible : la thérapie de la maladie de la religion. D’emblée cette maladie prit le contrôle de la société des Francs carolingiens. Cela représente un contraste flagrant par rapport aux Francs mérovingiens, qui étaient, comme nous le verrons, des Chrétiens Orthodoxes. Les Carolingiens se basèrent sur le seul Augustin, jusqu’au XIIe siècle. La différence entre les lignées franques est donc que l’une soutenait la thérapie de la maladie de la religion alors que l’autre rassemblait les défenseurs ardents de la maladie de la religion, que constitue leur Christianisme néo-platoniste.
La Tradition de l’Ancien et du Nouveau Testament connaît le fait que la religion constitue une maladie à laquelle correspond une thérapie particulière. Cette maladie et sa thérapie existent dans la Bible, toutefois seuls le savent ceux qui en sont conscients et sont prêts à utiliser la Bible comme guide de cette thérapie. Dès lors, la Bible est un livre qui demeure fermé à tous les autres, même à la plupart des Juifs et Chrétiens contemporains.
Ceci implique que les Juifs, qui n’acceptent que le seul Ancien Testament, ou les Chrétiens qui acceptent l’Ancien et le Nouveau Testament mais qui ne bénéficient pas de la thérapie sous la guidance d’un homme déjà guéri, c’est-à-dire, ‘glorifié’ (1 Cor. 12,26), déforment automatiquement et inconsciemment ces livres, faisant de ceux-ci les supports de la maladie de la religion plutôt que de sa thérapie. Et nombreux sont les étudiants de la Bible qui deviennent des fondamentalistes, parfois dangereux. De plus, le spécialiste critique de la Bible, qui recourt à tous les outils à sa disposition pour la comprendre ne peut mener sa tâche à bonne fin s’il ignore l’existence de la maladie de la religion et de sa thérapie dans cette Bible sensée constituer son domaine d’érudition. Ceci concerne particulièrement ces ‘savants’ orthodoxes qui ignorent que dans l’Ancien et le Nouveau Testament, le terme glorification signifie theosis.
Les cinq clés de la Bible
Dans les ouvrages des érudits biblistes, et particulièrement ceux qui travaillent dans le cadre et sous le poids de la tradition franco-latine augustinienne, manquent les cinq clés suivantes :
1. Le cœur même de la Bible, c’est que la religion constitue une maladie à laquelle correspond une thérapie particulière. C’est cela que signifie l’affirmation «Il n’y a pas d’autre Dieu que Yahvé». Ignorer l’existence de cette clé empêche de connaître la suivante.
2. Il existe une distinction claire dans les termes bibliques désignant ce qui est ‘incréé’ et ce qui est ‘créé’. L’ignorance de ce contexte empêche de connaître la troisième clé.
3. «Il est impossible de signifier Dieu et encore moins de le concevoir». En d’autres termes, il n’existe aucune similarité, quelle qu’elle soit, «entre le créé et l’incréé». Quiconque imagine que les expressions bibliques transmettent des conceptions de Dieu se trompe tristement. Lorsqu’ils sont utilisés correctement, les mots et concepts de la Bible conduisent à la purification et à l’illumination du cœur, qui elle-même conduit à la glorification, mais en eux-mêmes, ces mots et concepts ne sont pas la glorification. La quatrième clé est partie intégrante de la connaissance des trois clés précédentes.
4. La thérapie de la maladie de la religion implique à chacune de ses étapes «la transformation de l’amour égoïste de la recherche du bonheur» en «amour désintéressé de sa propre crucifixion, qui est la glorification ». Cette glorification ne concerne dès lors pas le seul Seigneur de Gloire incarné, mais aussi «tous les prophètes et apôtres (les envoyés) qui ont précédé et suivi l’Incarnation du Seigneur de Gloire ». Ces quatre clés deviennent la cinquième clé, contextuelle, de la thérapie.
5. «Les expressions concernant Dieu dans la Bible n’ont pas pour objet de transmettre des concepts à propos de Dieu. Elles ne servent que de moyens pour guider vers la purification et l’illumination du cœur et finalement, à la glorification par le Dieu de Gloire Pre-Incarné et Incarné (Yahvé), ce qui signifie Le voir «au moyen de Sa gloire et de Son Règne incréés » et «non au moyen de symboles et concepts Le concernant, créés et éphémères», comme c’est le cas dans la tradition augustinienne.
Dans Jean 17, le Christ prie pour la thérapie de glorification de ses disciples et des disciples de ceux-ci, et non pour des Églises divisées, non pour des traditions n’ayant pas la moindre idée de ce qu’est la thérapie de la glorification. (A suivre)
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